Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
Synthèse de la presse quotidienne
5 novembre 2015
- L’aveu par Volkswagen d’une manipulation des informations sur les émissions de CO2 de 800 000 de ses véhicules et l’exigence du gouvernement fédéral que le groupe automobile fasse preuve de pleine transparence et prenne ses responsabilités vis-à-vis des propriétaires de véhicules font les gros titres de la presse allemande ce matin : « le gouvernement fédéral met la pression sur Volkswagen » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « Volkswagen doit rembourser le surcoût aux propriétaires des véhicules » (Die Welt) ; « le scandale Volkswagen ne doit rien coûter » au consommateur (Tagesspiegel) ; « la boîte noire Volkswagen » (Handelsblatt). La Süddeutsche Zeitung titre pour sa part sur une décision de justice autorisant le plafonnement temporaire de la hausse des loyers dans certaines communes connaissant des pénuries de logement (« les loyers peuvent augmenter de 15% maximum »).
- Allemagne
« Le gouvernement fédéral met la pression sur Volkswagen » (FAZ)
L’ampleur prise par la crise du groupe Volkswagen (VW) éclipse ce matin les dissensions de la grande coalition sur la politique de réfugiés. La presse rapporte que le porte-parole du gouvernement fédéral, Steffen Seibert, a appelé Volkswagen à faire rapidement toute la lumière sur ces affaires, ajoutant que la chancelière Merkel a déjà appelé le groupe à procéder à des changements structurels. De son côté, le ministre allemand des Transports, Alexander Dobrindt (CSU), a estimé que c’était à VW et non à ses clients de supporter les hausses des taxes sur les véhicules que vont entraîner les émissions plus élevées de CO2 des véhicules incriminés, soulignent à la Une le Tagesspiegel et Die Welt. Les journaux relèvent que le ministre et ses services sont la cible de critiques, les Verts notamment pointant du doigt les contrôles insuffisants par l’administration du respect de la législation anti-pollution, dûs selon eux à un manque de moyens et au « désintérêt » du ministre concerné. La Berliner Zeitung, dans un commentaire, estime que c’est tout un système, lié au poids économique de l’industrie automobile en Allemagne, qui est en cause et qui a pu conduire à la perte de sens moral des dirigeants du groupe et à la faible vigilance des autorités politiques et administratives.
Dans un entretien accordé à la Süddeutsche Zeitung, la commissaire européenne chargée de l’industrie, Elzbieta Bienkowska, annonce enquêter sur l’affaire Volkswagen et vouloir à l’avenir contrôler le bon fonctionnement des autorités nationales chargées de faire appliquer la législation anti-pollution.
La grande coalition tente de s’accorder sur les procédures d’accueil des réfugiés
Aujourd’hui se tient une dernière réunion des chefs de partis de la coalition lors de laquelle Angela Merkel (CDU), Horst Seehofer (CSU) et Sigmar Gabriel (SPD) vont tenter de trouver un compromis sur la création de « zones de transit » pour enregistrer les demandeurs d’asile et ralentir l’afflux de réfugiés, rappelle la presse. Dans le tabloïd Bild, le vice-chancelier Sigmar Gabriel se dit confiant qu’un compromis va être trouvé : « nous allons certainement faire des propositions communes, c’est ce que les citoyens attendent de nous ». D’un point de vue politique, la crise des réfugiés et l’affaiblissement des conservateurs n’a pas permis au SPD de marquer des points, Gabriel devant faire le « grand écart » entre l’idéalisme de certains partisans et les craintes de son électorat populaire d’être perdant face aux mesures d’accueil des réfugiés, écrit Die Welt.
- Europe / Allemagne – France
Crise des réfugiés
Le Handelsblatt note, dans un entrefilet, que « la France va suspendre Schengen » pour un mois, du 13 novembre au 13 décembre, en invoquant la tenue de la COP21 pour justifier le rétablissement des contrôles aux frontières françaises. Parallèment, la tribune du jour du Handelsblatt est signée Jacques Delors, qui, conjointement avec d’autres co-auteurs de l’institut Jacques Delors, appelle les Européens à préserver l’espace Schengen et mettre l’accent sur la surveillance des frontières extérieures de l’UE. « Le retour à des contrôles frontaliers nationaux est certes une option autorisée à titre exceptionnel, mais ce n’est pas une solution ! », met en garde l’ancien président de la Commission européenne.
Les éditorialistes des hebdomadaires paraissant le jeudi se montrent divisés sur la position de la France dans cette crise européenne. Tandis que Hans-Ulrich Jörges, dans l’hebdomadaire Stern, déplore de manière convenue que les Européens, « et même la France », abandonnent l’Allemagne à son sort face à l’afflux quotidiens de milliers de réfugiés, y voyant une désintégration de l’Europe, le correspondant à Paris de Die Zeit, Georg Blume, prend avec véhémence la défense des dirigeants français et critique « l’aveuglement » des dirigeants et faiseurs d’opinion allemands devant les réalités politiques et sociales en France. « Ce n’est pas au président de la République et au ministre de l’Economie, Européens convaincu, que devraient s’adresser Angela Merkel et Sigmar Gabriel », mais bien plutôt à la partie de l’opinion publique française « qui s’éloigne toujours plus de la raison d’Etat franco-allemande » et adhère à la propagande du Front national, s’exclame Die Zeit. L’hebdomadaire juge que les réticences de beaucoup de Français à accueillir davantage de demandeurs d’asile sont compréhensibles au regard d’un quotidien marqué par « le chômage de masse, les grèves, la ghettoïsation de la jeunesse arabe et le terrorisme islamiste ».
- International
Chine / Taïwan – « premier thé depuis 70 ans » (Die Welt)
A l’instar de Die Welt, Les quotidiens allemands saluent l’annonce d’une rencontre « historique » entre le président chinois Xi Jinping et le président taïwanais Ma Ying-Jeou samedi prochain à Singapour, mais se montrent sceptiques sur les résultats à attendre de ce sommet pour le rétablissement de relations pacifiques et durables entre la Chine et Taïwan, tous les espoirs de réconciliation s’étant jusqu’à présent soldés par des échecs. Pour la FAZ, Pékin cherche surtout à « réduire les dommages causés par sa politique agressive » à l’égard de Taipei, peu de temps avant les élections présidentielles à Taïwan qui pourraient entraîner une débâcle du Kuomintang « débâcle que la Chine veut à tout prix empêcher ». Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung met également en avant « l’offensive de charme » de Xi, relevant la crainte des Taïwanais de voir Pékin briser le statu quo dans la relation entre les deux pays.
- France
« Plus de flexibilité dans le droit du travail – la France fait des réformes » (FAZ)
Les annonces faites hier par la ministre du Travail sont relayées par la Frankfurter Allgemeine Zeitung dans une correspondance factuelle. Le quotidien décrit les mesures annoncées, évoque les critiques émises par les fédérations patronales et l’opposition sur l’insuffisance des réformes et indique les « lignes rouges » fixées par le président de la République en matière de réforme du droit du travail, notamment le maintien des 35 heures hebdomadaires et du même salaire minimum pour tous. La FAZ juge encore qu’en l’absence d’allègement de la législation sur les licenciements, la France continue à être « coupée en deux » entre salariés en CDI difficilement licenciables et une partie croissante de la population en CDD : « obtenir un CDI devient de plus en plus rare ».
Débat sur la baisse de la natalité
Toujours très attentive à la politique familiale en France, souvent présentée comme un exemple à suivre, la presse allemande rend compte en détail du débat politique provoqué par l’annonce d’une baisse de la natalité en France de près de 2,75% pour les neuf premiers mois de l’année. La Süddeutsche Zeitung estime que les raisons avancées dans ce débat (chômage, malaise social, pessimisme) perdurent déjà depuis de nombreuses années et que la vraie raison en est la courbe démographique avec moins de femmes en âge d’enfanter que dans les années précédentes. « Avec leur manie de geindre sur leur déclin, les Français oublient seulement qu’ils ont encore, avec de près de deux enfants par femme, le taux de fécondité le plus élevé d’Europe », ironise la SZ en rappelant que le taux de fécondité en Allemagne plafonne à 1,39 enfant par femme.
« Encore une fois Atos tire Siemens du pétrin » (FAZ)
Sous ce titre, le correspondant à Munich de la Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre un article au rachat par la société Atos de la filiale de Siemens Unify, dédiée aux systèmes de communication d’entreprises, en rappelant qu’Atos s’était déjà allié à Siemens il y a quatre ans pour aider le groupe allemand à sortir la tête de l’eau sur le marché des réseaux informatiques./.