Femmes savantes mais mal payées

La France se hisse au 15e rang mondial de l’égalité homme-femme.

SOCIOLOGIE Les Français ont parfois du mal à identifier ce que font les 32 ministres et notamment les 16 ministres femmes : la parité est en effet l’un des credo de ce quinquennat. Cela a au moins le mérite de faire monter notre pays dans les classements de la « parité des genres », tel celui que publie le World Economic Forum de Davos. Car le « genre », un américanisme, a définitivement éradiqué le « sexe » qui figure pourtant toujours sur nos cartes d’identité.

La France arrive ainsi au 15e rang (sur 145 pays) de l’Indice mondial de l’écart entre les genres (GGGI, global gender gap index) de Davos. Elle est l’un de ceux qui ont fait le plus de progrès en dix ans dans cet indicateur synthétique qui compte 14 critères. Grâce notamment à ses ministres femmes, ce qui la classe au premier rang mondial de la parité, ex aequo avec le Cap-Vert, la Finlande et la Suède.

C’est moins brillant dans la sphère économique. Pourtant, les Françaises sont les plus nombreuses au monde (après les Norvégiennes) à siéger dans les conseils d’administration d’entreprises cotées, contrairement à ce que laisse supposer la réputation de misogynie de ces derniers (on regarde trop le CAC 40). En revanche, notre pays arrive pratiquement dernier (132 sur l34 pays classés à cet égard) pour ce qui est de « la perception de l’égalité salariale pour un travail similaire ». Le terme « perception » est important, car une mesure comptable absolue semble hors de portée, dans l’état actuel des statistiques.

Or les inégalités salariales sont le mal mondial par excellence. « Les femmes ne gagnent aujourd’hui que l’équivalent du salaire des hommes d’il y a dix ans », note le GGGI. C’est d’autant plus chagrinant qu’elles sont de plus en plus savantes. « Si les femmes représentent plus de la moitié de la population étudiante inscrite à l’université dans près de 100 pays, elles ne détiennent la majorité des postes à responsabilité que dans une poignée de pays », souligne Saadia Zahidi, directrice du « programme de parité entre hommes et femmes » du Forum de Davos.

L’Europe du Nord en tête

Les dix pays en tête de l’égalité sont par ordre décroissant l’Islande, la Norvège, la Finlande, la Suède, l’Irlande, le Rwanda, les Philippines, la Suisse, la Slovénie et la Nouvelle-Zélande. L’Allemagne arrive au 11e rang et le Royaume-Uni au 18e. Les États-Unis, au 28e, « ont perdu 8 places par rapport à 2014 en raison de la détérioration des disparités salariales et des changements intervenus au niveau des portefeuilles ministériels ».

L’égalité homme-femme sera un combat séculaire. Au rythme actuel d’amélioration qui a été de 3 % en dix ans dans le domaine économique au niveau mondial, « il faudrait cent dix-huit ans pour combler totalement le fossé », calcule le GGGI.

Le Figaro 19/11/2015