Aujourd’hui en Allemagne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

20 novembre 2015

  1. Les suites des attaques de Paris continuent de faire les gros titres de la presse : « Paris met en garde contre le risque d’attaques à l’arme chimique » (Süddeutsche Zeitung) ; « l’Assemblée nationale prolonge l’état d’urgence de trois mois » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « le cerveau des attentats est mort » (Die Welt) ; « l’instigateur des actes terroristes de Paris est mort » (Tagesspiegel). Le quotidien économique Handelsblatt consacre son dossier du week-end à « la nouvelle guerre ».
  2. France/Allemagne

Suite des attentats de Paris : « les services français de renseignement auraient été mis en garde » (Die Welt)

Plusieurs médias indiquent qu’Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attentats de Paris, aurait séjourné à deux reprises en Allemagne. C’est notamment le cas du tabloïd Bild qui rapporte des informations publiées sur le site internet de l’hebdomadaire Spiegel selon lequel Abdelhamid Abaaoud aurait été contrôlé par des policiers allemands à l’aéroport de Cologne/Bonn en janvier 2014, alors qu’il avait déclaré vouloir se rendre à Istanbul. Déjà en 2007, il aurait entrepris des démarches à Cologne pour faire sortir un véhicule du territoire. Die Welt met en exergue les « reproches » de la Turquie et des Etats-Unis envers la France qui était selon eux « informée des desseins d’Abdelhamid Abaaoud et aurait pu éviter les attentats ». Indiquant qu’ d’Abdelhamid Abaaoud se trouvait « juste avant les attentats à l’insu des services français de sécurité sur le territoire français », le quotidien souligne que dans un magazine de propagande de Daech, l’intéressé se vantait en février 2015 de ses aller-retour entre la Belgique et la Syrie et que les services allemands ont entre-temps confirmé qu’il a séjourné à plusieurs reprises en Allemagne, de même que le Belge Salah Abdeslam, actuellement recherché. Le journal oppose à ces informations les propos de M. Cazeneuve qui a déploré n’avoir obtenu aucune information de la part de ses voisins européens sur les supposés déplacements de l’intéressé et a souligné l’urgence d’une meilleure coopération entre les services européens de renseignement.

Le tabloïd Bild s’inquiète que l’Allemagne serve de « plaque tournante » et de « repaire » pour de dangereux terroristes et appelle au nom de la liberté et de la sécurité « qui doit être la première des priorités » à un durcissement législatif, la FAZ estime que « c’est à raison que les responsables politiques français s’interrogent sur une telle porosité des frontières de l’UE et sur le fait que le pays voisin puisse servir de base arrière à des terroristes ». « Autant de questions auxquelles l’UE va devoir apporter des réponses sans pour autant devoir recourir à l’état d’urgence », conclut le journal.

  1. France

« Le président endurci » (Handelsblatt)

Dans un article de son correspondant parisien intitulé « la personnalité de la semaine », le quotidien économique dresse le portrait d’un président de la République « désireux d’unir une nation ébranlée ». « Hollande en président de guerre, c’est une bonne part de conviction, mais aussi de la mise en scène pour la politique intérieure », estime le journal qui décrit un président actif et présent sur tous les fronts qui n’a pas tardé à réagir aux événements en décrétant l’état d’urgence et en intensifiant dès la nuit des attentats de Paris les bombardements sur les positions de Daech en Syrie. « Sa rhétorique de guerre en gêne plus d’un à commencer par l’Allemagne », estime également le quotidien pour qui le président demeure conscient que l’issue au conflit syrien passe par une solution politique. « La formule de guerre contre le terrorisme, qu’il répète inlassablement, est destinée à préserver la nation de la peur et de la dépression et à l’unir. Le journal insiste à cette occasion sur la volonté d’unité, une facette de la guerre du président, qui mériterait selon lui d’être davantage soulignée.

Avenir du pacte de stabilité : « économiser ? Plus tard » (Süddeutsche Zeitung)

Dans un commentaire, le quotidien de Munich fait valoir que les mises en garde contre tout relâchement budgétaire de la France sont hors de propos compte tenu de la situation sécuritaire à laquelle la France fait face actuellement. Ceci étant, la commission, en sa qualité de gardienne des traités, devrait effectivement veiller à ce que l’exception soit limitée dans le temps et se borne aux seules dépenses de sécurité. « Le risque terroriste va perdurer, mais ne saurait justifier des exceptions sur le long terme au pacte de stabilité », juge le journal.

  1. Allemagne

Un sondage Infratest dimap pour la chaîne ARD montre que 91% des Allemands jugent approprié de renforcer les mesures de sécurité en Allemagne après les attaques de Paris. Seuls 5% se disent inquiets d’une restriction de leurs droits. D’après ce même sondage, seuls 52% des Allemands seraient opposés à une participation directe de la Bundeswehr aux opérations de combat contre Daech. 41% des personnes consultées se disent favorables à une telle participation.

Plusieurs médias notent que la ministre de la défense Ursula von der Leyen a réagi à la proposition de Wolfgang Schäuble d’employer l’armée pour des tâches de sécurité intérieure, en déclarant n’envisager de participation de la Bundeswehr aux tâches de sécurité intérieure « qu’en cas de catastrophe ». Les journaux relèvent que des parlementaires CSU ont, pour leur part, apporté leur soutien à la proposition de M. Schäuble.

  1. International

Russie/Syrie : « la nouvelle alliance de Poutine » (tageszeitung)

Le rapprochement de l´Europe et de la Russie dans la lutte contre Daech continue de susciter de nombreuses réactions dans la presse qui met en avant ce matin les dissensions entre Russes et Occidentaux sur l’avenir de Bachar el-Assad. La Frankfurter Allgemeine Zeitung met en regard les propos de Barack Obama appelant à un « départ d´Assad du pouvoir » et les déclarations du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, jugeant que les exigences occidentales d´un départ de B. el-Assad sont devenues plus faibles. Dans un commentaire, la FAZ juge que la coopération entre les Etats-Unis, la France et la Russie en Syrie continue de se heurter au dilemme « avec ou sans Assad » et insiste : ce dilemme est « loin d´être une chose secondaire : il ne peut y avoir d´avenir ni pour une Syrie avec Assad, ni pour une Syrie dans laquelle la tumeur Daech croît et dont les métastases atteignent l´Europe ». Pour la Berliner Zeitung, « il est désormais trop tard pour mener en parallèle une guerre contre Assad et une guerre contre Daech ». Le journal de Berlin appelle à définir rapidement « une solution politique » en Syrie, et précise qu’« une solution ‘propre’ n´existe pas » compte tenu du contexte international actuel./.