Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

23 novembre 2015

 

  1. Les suites des attaques terroristes de Paris continuent de faire les gros titres de la presse : « le monde se met en ordre de marche contre le terrorisme » (Süddeutsche Zeitung) ; « Bruxelles paralysée après les alertes terroristes » (Frankfurter Allgemeine Zeitung). La crise des réfugiés en Allemagne est à la Une de Die Welt qui croit savoir que les partis de la grande coalition se rapprochent sur l’idée de contingents de réfugiés provenant de pays en guerre (« des contingents pour les réfugiés de guerre »), ainsi que du Tagesspiegel qui note, en cette veille du congrès des employeurs allemands, les appels pour un assouplissement du salaire minimal (« salaire minimum – des exceptions malgré tout pour les réfugiés ? »).
  2. Allemagne

Congrès de la CSU/politique migratoire : « Seehofer humilie Merkel » (Bild)

« L’affront de Seehofer envers la chancelière met en colère la CDU », rapporte la Süddeutsche Zeitung qui, comme l’ensemble de la presse, évoque le discours du président de la CSU au congrès de son parti, lors duquel il a critiqué pendant un quart d’heure la politique migratoire de la chancelière alors que cette dernière se tenait sans mot dire à ses côtés à la tribune « en position d’accusée » (Bild). Les journaux notent que Horst Seehofer, qui a été reconduit avec un score de 87,2% à la tête de son parti (soit son plus mauvais résultat depuis 2008), s’est défendu des reproches en invoquant le fait qu’en dépit des appels réitérés de la CSU à limiter l’afflux de réfugiés, la chancelière n’avait pas prononcé un seul mot sur le sujet. « Angela Merkel oppose une fin de non-recevoir aux demandes de la CSU et Horst Seehofer prend sa revanche en public », résume ainsi le quotidien de Munich. Sous le titre « Merkel et Seehofer toujours pas d’accord sur la fixation d’un plafond » en matière migratoire, la FAZ rappelle qu’en amont de l’intervention de la chancelière, les délégués de la CSU avaient sans surprise adopté à une large majorité une motion en faveur de la limitation de l’afflux des réfugiés sans pour autant chiffrer celle-ci. Selon Die Welt, un rapprochement est toutefois à l’œuvre entre la CDU et le SPD. Le quotidien en veut pour preuve les propos du ministre fédéral de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), qui, dans un entretien à l’hebdomadaire Bild am Sonntag, déclare se féliciter que l’idée de fixer des contingents de réfugiés en Europe « trouve de plus en plus de partisans ». Outre le vice-chancelier et président du SPD, le groupe parlementaire SPD se montre également favorable à une limitation chiffrée de l’accueil en Europe des réfugiés syriens », relève le quotidien.

Suites de l’annulation du match amical Allemagne-Pays-Bas/entretien de M. Steinmeier avec Bild am Sonntag

Dans un entretien à Bild am Sonntag, le ministre allemand des affaires étrangères revient sur le moment où, assis près du président de la République dans la tribune du stade de France, il apprend que des attentats viennent d’avoir eu lieu. Il insiste notamment sur l’attitude des forces de police et déclare : « je ne peux que faire les plus grands compliments à la police française. Il lui revient d’avoir réussi à évacuer le stade sans qu’une panique de masse ne s’en empare. Savoir faire preuve de calme dans une situation si tendue, voilà qui mérite le plus grand respect ». Interrogé sur la manière de lutter contre le terrorisme, F-W. Steinmeier fait état de la nécessité d’une approche militaire, sachant qu’il s’agit de « parvenir à réunir sur le terrain toutes les forces qui combattent Daech ». Concernant la situation en Syrie, le ministre indique que cela signifie qu’il est temps de « mettre un terme à la guerre sur trois fronts que se livrent l’armée syrienne, l’armée syrienne libre et les milices modérées ». Il importe à présent, selon lui, de réunir toutes ces forces contre Daech. En ce qui concerne le rôle de la Russie, il déclare « avoir le sentiment que la Russie aussi cherche une issue pour sortir de la catastrophe syrienne et se félicite de la volonté de la Russie et des Etats-Unis de coopérer « en dépit de leurs divergences, y compris sur l’avenir du président Assad ».

  1. International

Mali

La presse s’alarme de l’attaque terroriste sur l’hôtel Radisson Blu à Bamako vendredi qui a fait 22 victimes. Pour la FAZ, cette prise d’otages, survenue quelques jours après les attaques à Paris, appelle à une « prise de conscience que le terrorisme est désormais vraiment partout ». Le quotidien de Francfort met en avant l’entretien téléphonique entre le président malien Ibrahim Keïta et le président de la République qui a assuré que la France apporterait « tout le soutien nécessaire » au Mali. Le Tagespiegel rappelle quant à lui, pour le déplorer, que l’Afrique de l’Ouest demeure « l’un des hauts lieux du terrorisme » et souligne de manière factuelle les efforts de la France pour stabiliser le pays depuis 2012. Dans ce contexte, les journaux relèvent les propos du vice-chancelier et ministre de l’Economie et de l’Energie, Sigmar Gabriel, qui a affirmé le soutien de l’Allemagne à la France dans le cadre de son intervention militaire au Mali lors d’une visite privée samedi à Paris pour rendre hommage aux victimes des attaques du 13 novembre, les quotidiens notant en outre qu’il s’agit du premier membre du gouvernement fédéral à se rendre en France depuis les attentats.

« La Crimée se retrouve sans électricité après une attaque » (Die Welt)

Les quotidiens s’inquiètent de la dégradation de la situation en Crimée après une coupure totale de l’électricité d’origine ukrainienne ayant conduit les autorités russes à décréter l’état d’urgence dans la région annexée. Die Welt rapporte que les médias russes attribuent cette coupure d’électricité à des groupes nationalistes, mais le journal souligne que celle-ci aurait pu également être causée par la minorité tatare qui a déjà par le passé essayé de bloquer des livraisons en provenance d’Ukraine. Die Welt ne masque pas ses craintes quant à l’évolution de la crise ukrainienne, estimant que la lutte contre le terrorisme concentre désormais toutes les attentions internationales et jugeant que « plus les nationalistes ukrainiens ont la conviction que l’Europe est prête à sacrifier les espoirs de l’Ukraine en faveur d’une destruction rapide de Daech, plus vite ils pourraient avoir l’idée de faire exploser les choses ». Pour la Süddeutsche Zeitung et la FAZ, cet incident est « plus qu’une simple coupure d’électricité » ; il peut avoir des « conséquences politiques [conduisant] à un renforcement des tensions entre Kiev et Moscou en Crimée ».

  1. France

Suites des attentats de Paris/rencontre entre MM. Macron et Gabriel

Dans une correspondance de Thomas Hanke, le Handelsblatt fait état de la large adhésion des Français à la politique du président de la République et évoque les répercussions des attentats en termes de manque à gagner pour les grands magasins et la branche tourisme de la capitale. Evoquant le déplacement à Paris samedi du vice-chancelier Sigmar Gabriel qui a assuré la France du soutien du gouvernement fédéral, le journal relève que MM. Macron et Gabriel ont fit le constat d’un « risque pour les relations franco-allemandes », à savoir que l’Allemagne se sente délaissée sur la question des réfugiés et la France dans sa lutte contre le terrorisme. « Dans leurs domaines de compétence respectifs, les deux responsables politiques entendent agir contre cette impression », écrit le journal : « ils vont prochainement avancer des propositions destinées à améliorer le fonctionnement de la zone euro et à permettre de mieux surmonter les conséquences économiques de l’afflux de réfugiés ».

Dans un commentaire de Christoph von Marschall publié dans son édition dominicale, le Tagesspiegel appelle la chancelière, attendue ce mercredi à Paris, à opposer une fin de non-recevoir au président de la République qui « surréagit » tel George W. Bush au lendemain des attentats du 11 septembre. « Oui à l’aide à la formation pour les soldats maliens, non à des troupes de combat », martèle le quotidien pour qui l’idée que l’Occident pourrait militairement « pacifier » des pays comme la Syrie, le Mali, la Libye ou la Somalie est un « leurre ». Récusant la thèse selon laquelle les attentats de Paris appelleraient à une reconsidération d’ordre géopolitique, le journal allant jusqu’à se demander si « sur le long terme, le sauvetage de l’euro et la crise ukrainienne ne sont pas des enjeux bien plus importants »./.

A