Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne
25 novembre 2015

1. Les conséquences de la destruction du SU-24 russe par la chasse turque hier font les gros titres de la presse : « crise sérieuse entre Moscou et Ankara » (Süddeutsche Zeitung) ; « Poutine menace la Turquie en parlant de ‘conséquences sérieuses’ » (Frankfurter Allgemeine Zeitung, Tagesspiegel) ; « la Turquie est complice du terrorisme de Daech, selon Poutine » (Die Welt) ; « Poutine va-t-il se venger ? » (Bild). Le Handelsblatt titre sur le « dilemme allemand » face à la crise, entre solidarité alliée et préservation des relations avec la Russie.
2. Allemagne
Débat budgétaire/coût migratoire : « l’équilibre budgétaire menacé » (Süddeutsche Zeitung)
Les journaux évoquent le débat budgétaire au Bundestag, relevant notamment que le ministre fédéral des finances, Wolfgang Schäuble (CDU), a reconnu hier qu’il sera difficile de maintenir l’an prochain un budget à l’équilibre. « Le ministre n’a pas laissé planer de doute sur le fait que les 6,1 milliards prévus en 2016 pour faire face aux coûts générés par l’afflux de réfugiés ne suffiront pas », relève la Süddeutsche Zeitung. La FAZ et Die Welt signalent que selon des experts d’un centre de recherche de Fribourg chiffrent de leur côté à 17 milliards d’euros par an le coût d’un afflux migratoire qui devrait selon eux atteindre deux millions de personnes d’ici à 2018.
3. Europe/France
Visite à Berlin de M. Macron : « oser plus et non moins d’Europe » (Handelsblatt)
Le Handelsblatt retient du congrès de la fédération des employeurs allemands (BDA) que le vice-chancelier ministre de l’économie Sigmar Gabriel (SPD) a mis en garde dans le contexte actuel de crise des réfugiés contre tout cavalier seul national. Le journal souligne que le ministre français de l’Economie a exprimé un point de vue similaire lors du panel de discussion auquel ont participé les deux responsables politiques. « En matière de politique migratoire, Paris et Berlin veulent indiquer le chemin à suivre », indique le journal qui fait état de la proposition d’un fonds franco-allemand de 10 milliards d’euros destiné à financer la sécurisation des frontières et l’accueil des réfugiés.
Avant-papier de Die Welt sur la rencontre entre le président de la République et la chancelière
Dans un avant-papier sur la rencontre de ce soir entre le président de la République et la chancelière, Die Welt considère que la détermination du chef de l’Etat à mener la guerre contre Daech constitue « le plus gros défi jamais posé à l’amitié franco-allemande ». Ainsi, fait valoir Die Welt, les attentats du 13 novembre ne sont pas sans conséquences pour la politique migratoire européenne dans la mesure où, « par crainte du Front national, Hollande fera en sorte d’accueillir en France le moins possible de réfugiés originaires de pays arabes ». En outre, en indiquant que la sécurité prime désormais sur la stabilité, François Hollande a « sonné le début de la fin de la politique d’économies européenne telle que voulue par Merkel ». Enfin, « le virage à 180 degrés opéré par François Hollande sur le dossier syrien fait voler en éclats la politique européenne à l’égard de la Russie ». On ne saurait ignorer qu’en « s’alliant avec la Russie », qui soutient le président Assad, le président français affaiblit par ricochet la stratégie d’Angela Merkel sur l’Ukraine et améliore la position de négociateur de Vladimir Poutine, autant d’inflexions qui reviennent à demander « qui donne désormais le ton en Europe ».
Si pour Die Welt il est difficile d’anticiper ce que le président de la République va demander à l’Allemagne en termes de soutien dans la lutte contre Daech, le tabloïd Bild croit savoir que la France est intéressée par les Tornados de l’armée allemande pour des vols de reconnaissance.
4. International
« Crise sérieuse entre Moscou et Ankara » (Süddeutsche Zeitung)
La destruction d’un avion russe par l’armée de l’air turque bénéficie d’un très large écho dans la presse qui s’inquiète du risque d’escalade entre Moscou et Ankara et de ses possibles répercussions pour les relations entre l’Alliance atlantique et la Russie. « La situation à la frontière orientale turque, à la frontière de l’OTAN, était depuis longtemps menaçante, elle est désormais très dangereuse », s’inquiète Bild qui craint l’apparition d’un nouveau conflit entre la Russie et l’Occident. Erdoğan et Poutine n’ont rien à gagner à un tel conflit, juge le tabloïd, au contraire de Daech, qui « peut continuer de mener sa guerre sainte » tant que la « coalition » ne parvient pas à s’entendre. La Süddeutsche Zeitung déplore que le danger d’une guerre hors de contrôle autour de la crise syrienne « n’ait jamais été aussi grand » en dépit des efforts internationaux dans le cadre des discussions de Vienne ou des efforts diplomatiques et militaires de la France. La FAZ se montre moins alarmiste sur les conséquences de cet incident aérien, estimant qu’« il est peu probable qu’il provoque une confrontation ouverte entre l’OTAN et la Russie » : « l’Alliance n’a aucun intérêt à poursuivre une escalade de la situation et ce calcul n’est pas non plus envisagé du côté russe en raison du prix très élevé d’éventuelles représailles militaires », fait valoir le journal. Dans ce contexte, le quotidien de Francfort appelle une fois de plus à un engagement plus important des Etats-Unis : « sans un engagement américain fort, la Syrie restera (…) une poudrière pour le monde entier ».
5. France
Visite du président de la République aux Etats-Unis : « Hollande cherche l’aide des Etats-Unis » (tageszeitung)
La plupart des journaux rendent compte de manière factuelle de l’entretien du président de la République avec Barack Obama et soulignent l’unité des deux dirigeants dans la lutte contre Daech. Le Handelsblatt insiste sur les remerciements adressés par François Hollande aux Etats-Unis pour leur soutien après les attaques du 13 novembre et rappelle qu’une rencontre avec Vladimir Poutine est également prévue. Le journal met en avant un sondage selon lequel plus de neuf Français sur dix soutiendraient la prolongation de l’état d’urgence mis en place par le gouvernement. Pour la Berliner Zeitung, qui revient sur le « marathon diplomatique » du président de la République, « en tant que principal concerné, Hollande est plus légitime que n’importe quel autre chef d’Etat pour appeler à la solidarité internationale dans la lutte contre Daech ».
« Valls : l’Europe doit fermer ses frontières » (Süddeutsche Zeitung)
Sous ce titre, le quotidien de Munich publie des extraits de l’échange, hier, entre le Premier ministre et les représentants de plusieurs médias européens. « Nous ne pouvons plus accueillir davantage de réfugiés en Europe, ce n’est pas possible », a déclaré le Premier ministre avant d’ajouter que le contrôle des frontières est essentiel pour le sort de l’UE. « Au lieu d’accueillir de manière incontrôlée des dizaines de milliers de migrants, l’Europe doit trouver des solutions avec les pays voisins de la Syrie pour que ces migrants soient pris en charge, sans quoi l’Europe met en question sa capacité de contrôler efficacement ses frontières », a-t-il également fait valoir. Le journal indique que le Premier ministre a appelé l’Europe à enfin s’accorder sur les échanges de données concernant les passagers aériens et sur un durcissement de la législation sur les armes à feu. « M. Valls s’est efforcé de ne pas critiquer la chancelière », a qualifié de « choix honorable » la décision prise par Berlin de passer outre les règles européennes en matière d’asile, mais « laissé entendre que Paris avait été surpris par la décision allemande », relève encore la Süddeutsche Zeitung.
Moteurs diesel : « épaisse fumée aussi chez Renault ? » (Handelsblatt)
Plusieurs quotidiens (Süddeutsche Zeitung, Handelsblatt, tageszeitung) se font l’écho des reproches adressés par l’association allemande de protection de l’environnement (Deutsche Umwelthilfe) selon qui le modèle Renault Espace diesel aurait un niveau d’émission d’oxydes d’azote allant jusqu’à 25 fois le niveau autorisé, quand on le mesure à moteur chaud et non froid. Indiquant que le constructeur français a contesté ces conclusions, la presse souligne la nécessité de tests réellement indépendants et non effectués par les constructeurs automobiles eux-mêmes./.