Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

 14 décembre 2015

  1. L’adoption de l’Accord de Paris sur le climat lors de la COP21 fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « le monde veut le tournant énergétique » (Süddeutsche Zeitung) ; « la meilleure chance de sauver la planète » (Die Welt); « accord sur le climat – les bas prix du pétrole aident » (Tagesspiegel) ; « on ne peut pas faire plus vert » (tageszeitung). La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre, pour sa part, sa Une à l’échec du Front national à conquérir une région lors des élections d’hier (« lourde défaite pour le Front national »).
  1. Allemagne

Congrès fédéral de la CDU : « la direction de la CDU désamorce tout conflit au sujet de la politique en matière d’asile » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

En modifiant la formulation de sa motion principale relative à la politique migratoire, la direction de la CDU s’est efforcée de désamorcer le conflit avant même que s’ouvre son congrès aujourd’hui à Karlsruhe », rapporte comme l’ensemble de la presse la FAZ. Ainsi, la notion de « limite maximale » en matière d’accueil de réfugiés, réclamée notamment par les jeunesses du parti, est absente du texte, la CDU déclarant s’engager à « faire baisser le nombre de demandeurs d’asile et de réfugiés ». Si plusieurs journaux soulignent l’habileté de la chancelière qui a su crever l’abcès par un compromis qui se présente comme une concession faite à ses détracteurs, le tabloïd Bild estime que la « déclaration de Karlsruhe », simple « déclaration d’intention », ne règle rien. Il est « positif que la CDU s’engage à réduire le nombre de réfugiés » mais encore faudrait-il qu’elle ait « l’honnêteté de nous dire comment », vitupère le journal.

Selon un sondage Emnid publié hier par Bild am Sonntag, 62% des Allemands se déclarent favorables à la fixation d’une limite maximale à l’accueil de réfugiés, 36% s’y montrant opposés. Au sein de la CDU, ils seraient 55% à plébisciter une telle mesure (45% contre). Dans les rangs du SPD, 78% y seraient favorables (19% défavorables).

Congrès fédéral du SPD : « lourd revers pour le chef du SPD, Sigmar Gabriel » (FAZ)

Dans leurs éditions de samedi, les journaux se sont tous fait l’écho du faible score enregistré par Sigmar Gabriel réélu à la tête du SPD avec seulement 74,3% des voix, soit son score le plus faible depuis qu’il dirige le parti. Les quotidiens notent aussi qu’à une large majorité les quelque 600 délégués du parti ont adopté la motion très contestée portant sur le TTIP et élu à 93% la nouvelle secrétaire générale, Katarina Barley, qui succède à Yasmin Fahimi.

Dans leurs commentaires, les journaux critiquent les tendances « suicidaires » des délégués SPD qui ont sanctionné leur candidat déclaré aux élections de 2017 par un vote qui s’apparente à un désaveu. « Quel citoyen peut voter pour un parti qui n’a même pas confiance dans son président ? », s’interroge ainsi la Berliner Zeitung. La FAZ déplore les habitudes d’un parti qui s’est accommodé de ses 25% d’intentions de vote dans les sondages et n’ambitionne rien de plus que la préservation de certains principes qu’il estime remis en cause par la ligne jugée trop centriste défendue par  Sigmar Gabriel. « Mais celui-ci peut-il s’affirmer contre son parti ? ». De l’avis de Die Welt, une chose est sûre : « un président sur la défensive devrait être encore plus difficile à gérer pour le SPD », comme en a témoigné son discours offensif en matière de renforcement de la sécurité intérieure et de limitation de l’afflux des réfugiés.

  1. International

COP21 / adoption de l’accord de Paris : « Le monde veut la transition énergétique » (Süddeutsche Zeitung)

Les médias allemands saluent unanimement l’adoption de l’accord de Paris lors de la COP21. Dans leurs comptes rendus, ils accordent une très large couverture photographique et écrite aux dernières heures de négociations et à la dernière séance plénière de la conférence qu’ils qualifient de tournant « historique ». L’ensemble des quotidiens et des médias audiovisuels rapportent abondamment les réactions positives de nombreux dirigeants, d’experts scientifiques et d’ONG à la suite de l’adoption de l’accord. Ils mettent particulièrement en avant les propos de la chancelière qui a affirmé que cet accord est « un signe d’espoir » pour l’avenir, ainsi que l’émotion de la ministre fédérale de l’Environnement, Barbara Hendricks, qui s’est réjouie que les Etats parties soient parvenus à s’entendre pour « écrire l’histoire ».

Au total, dans leurs commentaires, les quotidiens applaudissent la prise de conscience globale de l’urgence de la lutte contre le dérèglement climatique ainsi que l’ambition de l’accord qui encourage le maintien du réchauffement climatique en deçà de 1,5 degré. Saluant la « clarté de l’accord », la Süddeutsche Zeitung estime que le 12 décembre 2015 restera « un jour noir pour les énergies fossiles » et « un jour grandiose pour l’humanité ». Pour le quotidien de Munich, le sommet de Paris se différencie nettement des précédentes conférences sur le climat et « ne laisse pas que de belles paroles » : il ne donne pas seulement le ton pour une réduction de la production des énergies fossiles mais il définit également des moyens pour en sortir. Il envoie un signal fort aux acteurs économiques. Le journal insiste sur « la victoire du multilatéralisme » à Paris en mettant en avant la volonté des Etats parties de « jouer le jeu » des négociations et de s’attaquer aux points les plus difficiles de cet accord. Die Welt se félicite de la « performance diplomatique » qui a eu lieu lors de la COP21 et de la « magie de Paris » qui a permis le triomphe « de la volonté générale, de la volonté commune ». Sous le titre « on y est arrivé », le Tagesspiegel souligne que « cet accord ne peut certes pas sauver le monde à lui tout seul, maisc’est un texte avec de la substance » qui jette les bases d’une sortie progressive des énergies non renouvelables et qui fournit des solutions pour les pays les plus vulnérables au dérèglement climatique.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Handelsblatt se montrent plus prudents sur le succès de l’accord conclu en faisant part de leur scepticisme à l’égard de la volonté et de la capacité des Etats à le mettre concrètement en œuvre. Le Handelsblatt souligne qu’il reste encore « beaucoup de travail après Paris » et doute de l’efficacité du système de publication de contributions nationales plus ambitieuses tous les cinq ans. Le journal rapporte également les critiques de la Fédération des industries allemandes (BDI) qui estiment que l’accord conforte des conditions inégalitaires dans la concurrence mondiale et que l’Allemagne et l’Europe devront protéger davantage encore leurs industries. Pour la FAZ, l’accord de Paris est un « progrès », mais « pas un bon accord », car il ne contient pas les instruments suffisants pour mettre en place les mesures ambitieuses qu’il définit. Le quotidien de Francfort regrette notamment l’absence de sanctions pour manquement, le fait que la question du prix de carbone ne soit pas directement abordée, ou encore que le terme « décarbonisation » ne figure pas dans l’accord. Il consacre un article aux critiques du prix Nobel d’économie Jean Tirole qui regrette qu’un marché des droits à émettre n’ait pas été mis en place.

L’ensemble des médias allemands diffusent également de nombreux portraits très élogieux du Ministre. Sous le titre « le maître de la diplomatie », la FAZ applaudit le leadership de Laurent Fabius qui a su « avec passion » unir tous les Etats parties pour aboutir à un accord. La Berliner Zeitung salue aussi « le travail de maître » du Ministre. Pour le Handelsblatt, la COP21 est un « couronnement » de Laurent Fabius qui n’a pas perdu une minute durant les deux semaines de la COP21 pour faire de cette conférence un succès. Le Tagesspiegel félicite également « les héros du climat à Paris » – Laurent Fabius, Laurence Tubiana et Christiana Figueres – pour leur détermination tout au long de la préparation et de la tenue de la COP21.

  1. France

« Lourde défaite pour le Front national » (FAZ)

Le soulagement domine dans la presse allemande après les résultats du second tour des élections régionales : « on respire », résume Michaela Wiegel dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung pour qui l’échec du Front national à conquérir une région « est une bonne nouvelle, surtout pour la région frontalière Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine ». Toutefois, les quotidiens, à l’instar du Tagesspiegel, relèvent qu’il s’agit d’une « victoire sans triomphe » pour les deux partis qui se partagent les présidences de région. Car le constat est unanime dans les éditoriaux : « le mécontentement qui a poussé 6 millions d’électeurs dans les bras de Marine Le Pen n’a pas disparu comme par enchantement, le FN est maintenant solidement ancré sur tout le territoire » (FAZ), « c’est le perdant qui est gagnant car son ascension continue » (Zeit Online). Par ailleurs, les médias s’interrogent sur les enseignements de ces élections : « ce scrutin sans vainqueur a permis de stopper encore une fois Marine Le Pen et le FN, mais c’est davantage grâce au système électoral que par la volonté des Français », considère le Spiegel Online pour qui « il a fallu beaucoup instrumentaliser, mobiliser et fusionner des listes pour empêcher le FN de gagner une région, et les grandes manœuvres ne sont pas signe d’une démocratie qui fonctionne ». « Les 6 millions d’électeurs du FN vont se demander pourquoi le parti arrivé en tête du premier tour est maintenant complètement écarté du pouvoir. (…) On espère qu’en 2017, les partis traditionnels auront des arguments plus convaincants à opposer à l’extrême-droite que des désistements et fusions en catastrophe », commente également la Berliner Zeitung.

KMW-Nexter : « une fusion qui vacille » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Dans une correspondance de Paris, la FAZ signale que la « désignation surprise » d’un nouveau dirigeant de Nexter la semaine dernière (Stéphane Mayer en remplacement de Philippe Burtin) pourrait remettre en cause le projet de fusion avec l’allemand KMW. « Le contrat entre M. Stéphane Mayer et l’Etat n’est pas encore clairement établi », indique le journal de source proche du dossier et « la partie allemande n’est pas prête à apposer sa signature tant que la question de la direction n’est pas officiellement réglée côté français ». « La partie française a proposé que la question de la direction de la future entité soit retirée du contrat qui doit être signé demain, mais les Allemands refusent », poursuit le quotidien selon lequel « le temps presse » car un report à l’année prochaine de la signature du contrat de fusion remettrait en cause l’équilibre jusqu’ici trouvé./.