Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

18 décembre 2015

 

  1. « Frustration dans le domaine de la crise des réfugiés », titre la Süddeutsche Zeitung qui évoque l’ouverture du Conseil européen, hier à Bruxelles. « Le Bundestag entérine l’extension du mandat en Afghanistan », rapporte à sa une la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « La Bundeswehr reste en Afghanistan », met également en exergue la Berliner Zeitung. Die Welt fait état de la conférence de presse annuelle du président russe : « Poutine explique au monde la vision russe ». Sous le titre « le réveil du pouvoir », le quotidien alternatif de gauche tageszeitung s’inquiète de la dérive droitière du gouvernement polonais.
  2. Europe

Conseil européen : « la Turquie réintroduit l’obligation de visas pour les Syriens à partir de janvier » (Bild)

Davantage que le Conseil européen lui-même – dont le projet de conclusions ne laissait pas présager d’avancées notables sur le dossier migratoire – c’est le « mini-sommet » des Etats membres négociant avec la Turquie pour endiguer le flot des réfugiés vers l’Europe qui retient l’attention des quotidiens. Plusieurs journaux, dont la FAZ et la Süddeutsche Zeitung, évoquent le fait que le Premier ministre turc aurait informé ses interlocuteurs européens du fait que la Turquie allait rétablir l’obligation de visas pour les Syriens à partir du 8 janvier prochain. Les quotidiens soulignent que les Etats membres se partagent entre « coalition des volontaires » et ceux « de mauvaise volonté » (Tagesspiegel), s’inquiétant de la division européenne. Pour la tageszeitung, Angela Merkel et Werner Faymann s’arrogent le droit de veiller à la mise en œuvre, au sein de ce sommet au format resserré, de décisions des Vingt-Huit et creusent ainsi de nouveaux fossés au sein de l’UE, leur initiative s’apparentant à un camouflet tant pour le président de l’UE Donald Tusk que pour le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. De plus, critique la taz, c’est donner davantage d’importance à un pays tiers, de surcroît pointé pour ses déficits démocratiques, qu’à des pays comme l’Italie ou la Pologne qui ne participaient pas à ce mini-sommet : « si Merkel et Faymann travaillent à une Europe noyau laissant derrière elle les Etats qui freinent les solutions de la crise migratoire, qu’ils le disent franchement, toute autre démarche est poison pour l’Europe », met en garde le quotidien alternatif.

Le second dossier du Conseil européen, le débat sur les réformes de l’UE exigées par le Premier ministre britannique et sa menace d’un « Brexit », ne fait pas encore l’objet de comptes rendus en raison des impératifs de bouclage de la presse écrite. Le Handelsblatt, dans un commentaire, préconise davantage de concessions de l’UE à la Grande-Bretagne, compte tenu également de la distance prise par une partie des citoyens européens avec les institutions européennes : « la question est de savoir si Bruxelles défendra mieux son territoire en étant à cheval sur ses principes ou en faisant preuve de flexibilité ».

Situation politique en Pologne

Dans un entretien à la FAZ entièrement consacré à la situation politique en Pologne, le président du Bundestag, Norbert Lammert (CDU), déclare suivre « avec inquiétude » l’évolution de la situation tout en constatant que l’opinion publique polonaise ne se contente pas de rester inactive ou de se montrer résignée. Insistant sur la nécessité de tous les pays européens de respecter une législation commune, il convient que la manière dont le pouvoir polonais intervient dans les affaires de justice « a de quoi inquiéter » et amène à se poser des questions sur la conception que l’actuelle majorité a du fonctionnement démocratique. Selon lui, il est un fait que les Polonais « réagissent de manière allergique à des rappels à l’ordre en provenance d’Allemagne », mais ceci ne saurait signifier que nous « resterons sans mot dire si les principes de l’Etat de droit et les engagements contractuels au sein de la communauté européenne se trouvent remis en cause ou frappés de nullité ».

Dans un commentaire, le quotidien alternatif de gauche tageszeitung appelle les Européens à la vigilance : « l’Europe ne saurait tolérer une deuxième Budapest, ce serait un aveu de faillite ».

  1. International

« Le Bundestag entérine l’extension de la mission en Afghanistan » (FAZ)

La presse rend compte de la décision du Bundestag de prolonger la mission de la Bundeswehr en Afghanistan en raison de l’instabilité du pays, alors qu’un retrait des troupes était initialement prévu en 2016. 79,7% des députés se sont prononcés en faveur du prolongement de la présence dans le pays de soldats allemands ; les groupes parlementaires de Die Linke et une majorité des Verts ont voté contre. La Frankfurter Allgemeine Zeitung souligne qu’au total, 980 soldats de l’armée fédérale seront déployés dans le pays en 2016, contre 850 actuellement, et poursuivront leur mission de formation et de conseil des troupes armées afghanes. Au total, 12 000 soldats internationaux devraient être déployés sur l’ensemble du territoire afghan, précise le journal. Dans un commentaire, le quotidien estime que la décision du Bundestag est « juste car ni l’Allemagne, ni l’OTAN n’ont intérêt à ce que l’Afghanistan retombe aux mains des talibans ». Pour le journal, il est nécessaire de « corriger le tir en Afghanistan » et de « retenir la leçon » que lorsque l’on prend la responsabilité militaire d’intervenir dans un pays, il n’est pas possible d’envisager dès le premier jour une stratégie de retrait. Le Tagesspiegel commente également de manière positive la décision du Bundestag, jugeant qu’un retrait des troupes allemandes était « irréaliste ».

« Le BND travaille à nouveau avec les services secrets d’Assad » (Bild)

Le tabloïd Bild publie en exclusivité des informations selon lesquelles les services allemands de renseignement (BND) travailleraient de nouveau avec les services secrets du régime syrien. Selon Bild, des agents du BND se rendraient depuis quelque temps régulièrement à Damas pour y rencontrer leurs homologues syriens « dans le but d’échanger des informations sur le terrorisme islamiste et d’instaurer un canal de dialogue avec le régime syrien pour le cas où, par exemple, le pilote d’un Tornado s’écraserait ou serait abattu en Syrie ». Le tabloïd croit également savoir que le BND souhaiterait dès que possible ouvrir à nouveau une « antenne » à Damas afin que ses agents puissent y résider de manière durable. « Coopérer avec ces tortionnaires, est-ce vraiment nécessaire ? », s’interroge Bild qui note que le gouvernement fédéral se retranche derrière l’argument du secret Défense.

  1. France

« La présidente du FMI devant le tribunal » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Dans des correspondances factuelles rappelant l’affaire Tapie, l’ensemble des quotidiens font état du renvoi de Christine Lagarde devant la justice pour négligence. La Berliner Zeitung indique que ces démêlés judiciaires interviennent toutefois au mauvais moment pour la présidente du FMI dont le mandat arrivera à terme le 30 juin prochain et qui a laissé entendre qu’elle souhaiterait être reconduite dans ses fonctions./.