Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

23 décembre 2015

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La crise migratoire reste présente à la une des journaux. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur un afflux de réfugiés en Allemagne qui aurait diminué de moitié par rapport au plus fort de la crise et le Tagesspiegel publie les résultats d’une étude réalisée par l’institut en sciences sociales de l’Eglise évangélique d’Allemagne faisant apparaître que parmi les craintes exprimées par les Allemands en lien avec l’afflux de réfugiés, la peur de voir l’extrême droite se renforcer est la plus forte. La Süddeutsche Zeitung consacre ses gros titres à l’offensive de l’Office fédéral des cartels, gendarme de la concurrence, contre le site de réservation en ligne Booking.com dont il met en cause une politique tarifaire nuisible aux hôteliers.
  2. Allemagne

Politique migratoire/risque terroriste : « inquiétude des autorités après la découverte de cas de réfugiés munis de faux passeports syriens » (FAZ)

En écho à l’article publié hier dans Bild signalant la présence sur le sol allemand d’une douzaine de réfugiés munis de faux passeports syriens de même origine que ceux de deux des auteurs des attaques de Paris, la FAZ relève aujourd’hui une « multiplication d’indices » attestant la présence en Allemagne de « pseudo réfugiés » détenteurs de passeports syriens tombés aux mains de Daech tout en précisant que les autorités allemandes n’ont pas indiqué de combien de personnes il pouvait s’agir.

Par ailleurs, selon une étude réalisée par l’institut en sciences sociales de l’Eglise évangélique d’Allemagne, parmi les craintes exprimées par les Allemands en lien avec l’afflux de réfugiés, la peur de voir l’extrême droite se renforcer arrive en tête des préoccupations, partagée par 85% des personnes interrogées, loin devant le risque représenté par des musulmans radicalisés (69%) ou encore le risque de voir la criminalité augmenter (61%). Dans un entretien avec le quotidien berlinois Tagesspiegel, la vice-présidente du Bundestag, Petra Pau (Die Linke), fait état de son inquiétude face à toutes les mouvances d’extrême droite dont elle constate une mobilisation de plus en plus forte dans la capitale et un potentiel de violence accru dans le contexte de l’afflux des réfugiés. La Berliner Zeitung dresse un constat identique, sur la base d’une enquête réalisée par les services berlinois de renseignement.

  1. Europe

« La Grèce a laissé des suspects de terrorisme poursuivre leur voyage » (Die Welt)

Citant des sources proches des « milieux allemands de la sécurité », Die Welt révèle que les deux hommes arrêtés à la mi-décembre en Autriche en possession de faux passeports syriens, soupçonnés de liens avec les auteurs des attaques terroristes de Paris, ont pu transiter par la Grèce sans être inquiétés par les autorités alors même que leurs passeports étaient signalés dans le système informatique de Schengen comme faisant partie d’un lot volé par Daech à Rakka. Au lieu de procéder à leur arrestation dès leur enregistrement à leur arrivée le 3 octobre sur l’île de Leros, les autorités grecques se seraient contentées de les astreindre à quitter le territoire grec sous trente jours, rapporte Die Welt. Un laxisme qui, pour le quotidien, fait étrangement écho aux propos polémiques du ministre grec de la défense en mars dernier, lequel menaçait de laisser passer vers l’Allemagne tous les réfugiés y compris des terroristes en puissance si l’eurogroupe n’acceptait pas rapidement le troisième plan d’aide pour la Grèce. « Ce qu’on avait considéré alors comme une provocation de mauvais goût ne semble pas si éloigné que cela de la réalité », écrit Die Welt.

Crise migratoire / interview du Premier ministre tchèque dans la Süddeutsche Zeitung

Dans un entretien accordé au quotidien de Munich, Bohuslav Sobotka explique les réticences des populations d’Europe centrale à accueillir des réfugiés du Moyen-Orient ou d’Afrique par le fait que les Etats de l’ancien bloc de l’Est vivaient dans un grand isolement international et que leurs populations n’ont pas foncièrement évolué en seulement 25 ans d’ouverture démocratique. « Les gens considèrent comme naturels les acquis de l’unité européenne, il ne leur vient pas à l’idée que ce processus peut être réversible et qu’une désintégration pourrait avoir des conséquences négatives sur leur liberté et leur niveau de vie », reconnaît le Premier ministre tchèque, qui récuse toutefois tout manque de solidarité de son pays dans la crise migratoire européenne. Il rappelle que Prague a envoyé des policiers en soutien à la Slovénie, la Hongrie et la Macédoine et fourni une aide humanitaire à la Slovénie, la Croatie et la Serbie. « Nous refusons simplement qu’on fasse pression sur nous pour aller vers une politique migratoire centralisée, cela ne fait que renforcer la montée des extrémistes et porter préjudice à l’idée européenne. Nous tenons à ce que les gouvernements nationaux gardent le contrôle », déclare-t-il.

  1. International

Turquie / appel des Verts et de Die Linke à suspendre les exportations d’armes allemandes

Suite à l’offensive militaire turque dans les territoires kurdes du sud-est du pays, la co-présidente de la gauche radicale Die Linke, Katja Kippling, appelle dans le quotidien alternatif tageszeitung le gouvernement allemand à stopper immédiatement les livraisons d’armes à la Turquie. Le journal rappelle que pour l’année 2014, le gouvernement fédéral a délivré 336 autorisations d’exportation d’armes vers la Turquie pour un volume total de 72 millions d’euros. Interrogé par la taz, la vice-présidente du groupe des Verts au Bundestag, Claudia Roth, souligne que les exportations d’armement sont interdites vers les pays en guerre ou en crise et vers ceux violant les droits de l’homme, « des règles valables également pour les Etats membres de l’OTAN, et donc la Turquie », déclare-t-elle en critiquant vivement, dans ce contexte, le fait que l’Europe et l’Allemagne ferment les yeux sur l’offensive turque contre les Kurdes pour prix de l’accord avec Ankara sur l’aide à freiner l’afflux de réfugiés vers l’Europe. Dans un commentaire, la taz dénonce le « silence assourdissant » de l’UE et de l’Allemagne, « muselées par le deal avec Erdogan », et juge cette attitude « dangereuse » eu égard au risque de contagion dans les communautés turques d’Allemagne d’une escalade du conflit en Turquie./.