Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

 28 décembre 2015

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Les Unes sont diversifiées. La Frankfurter Allgemeine Zeitung ouvre son édition sur l’annonce par le Premier ministre irakien de « grandes victoires sur Daech en Irak ». La Süddeutsche Zeitung revèle que « pour la CSU, les réfugiés vont devoir s’intégrer sous peine de perdre de l’argent », dévoilant la teneur d’une motion prévue pour le prochain séminaire de la CSU visant à menacer d’une  réduction des prestations sociales les migrants ne suivant pas de cours de langue et d’intégration. Die Welt consacre sa Une à un éditorial commentant les efforts allemands en faveur de l’accueil des réfugiés au cours de l’année 2015 : « nous sommes crevés », ironise le quotidien, jouant sur les mots martelés depuis l’automne par la chancelière (« nous allons y arriver »). Le Tagesspiegel relaie les mises en garde des représentants de la Bundeswehr contre le manque d’effectifs des troupes allemandes : « le délégué à la Bundeswehr appelle à engager plus de soldats ». Le Handelsblatt, détaché de l’actualité, consacre son principal dossier de Une au rapatriement progressif par la Bundesbank des réserves d’or allemand placées à l’étranger : « opération or ».
  2. Allemagne

« La Bundeswehr veut davantage de soldats » (Berliner Zeitung)

Dans le contexte d’un renforcement de l’engagement de la Bundeswehr sur les théâtres d’opérations extérieures et de l’aide logistique réclamée à l’armée pour l’accueil des réfugiés, les représentants des intérêts de la Bundeswehr lancent un débat sur les effectifs à leurs yeux très insuffisants de l’armée allemande. « C’est devenu un rituel chaque fois qu’une nouvelle mission à l’étranger est annoncée », relativise la Berliner Zeitung. Dans une interview à l’agence de presse DPA, le délégué parlementaire aux forces armées, Hans-Peter Bartels (SPD), alerte l’opinion sur les effectifs « en chute libre » de la Bundeswehr depuis la réunification et appelle à la création de 7000 postes. « Nous sommes complètement dans le rouge », s’alarme également, dans un entretien accordé à la radio publique Deutschlandfunk, le président du syndicat de la Bundeswehr, André Wüstner, jugeant que « tout ce que nous sommes désormais censés faire ne peut l’être avec les effectifs et le matériel actuels ».

Le débat est jugé prématuré par le porte-parole pour les questions de défense du groupe SPD au Bundestag, Rainer Arnold, qui, dans la Berliner Zeitung, exige de mener d’abord une analyse sur les missions de la Bundeswehr : « il faut passer d’une armée qui fait tout à un niveau moyen à une armée spécialisée dans des domaines clés au sein d’une répartition européenne des tâches », déclare-t-il. Pour Agnieszka Brugger, spécialiste des questions de défense chez les Verts, les problèmes de la Bundeswehr ne seront pas résolus par davantage d’effectifs mais par une meilleure gestion du personnel, des équipements et des finances. Les commentateurs du Tagesspiegel et de la Berliner Zeitung préconisent de mener le débat non sur les effectifs, mais sur la spécialisation et l’évolution des missions de la Bundeswehr dans un contexte européen. « Tant qu’une armée européenne reste un objectif à long terme, on peut toujours renforcer au moins la coopération avec les Français et les Néerlandais », souligne la Berliner Zeitung.

Interview de Wolfgang Schäuble (CDU) dans Bild am Sonntag

Dans un tour d’horizon des thèmes ayant marqué l’année 2015, le ministre allemand des Finances se félicite d’avoir pu tenir la promesse d’un budget à l’équilibre en 2014 et 2015 et espère remplir cet objectif également en 2016, tout en soulignant que la priorité de l’année à venir sera de gérer financièrement la crise des réfugiés, « priorité qui passera avant l’équilibre budgétaire si nécessaire ». Il se dit convaincu que la nécessité d’une réponse commune à cette crise va s’imposer en Europe, tout en soulignant que cela va impliquer un engagement plus conséquent de l’Allemagne sur le plan de la politique étrangère et de sécurité. Dans ce contexte, Wolfgang Schäuble estime que l’Allemagne va devoir « engager beaucoup plus de moyens pour des initiatives européennes communes de défense. Les politiques étrangères et de sécurité des Etats membres de l’UE doivent être progressivement intégrées les unes aux autres, au final, notre objectif doit être celui d’une armée européenne commune ». Le ministre allemand des Finances reste sévère vis-à-vis de la Grèce, plus seulement sur le plan financier, mais aussi s’agissant de la sécurisation des frontières extérieures de l’UE : « cela fait des années déjà que la Grèce ne respecte plus les règles de Dublin », déplore-t-il en critiquant une fois de plus l’absence de réformes structurelles en Grèce.

  1. Europe / France

Interview de Valdis Dombrovskis dans Die Welt

Dans un entretien à Die Welt, le vice-président de la commission européenne chargé de l’euro indique qu’aucun élargissement de la zone euro n’est à attendre au cours des prochaines années, même si tous les pays membres de l’Union européenne se sont engagés « à instaurer la monnaie unique ».

Interrogé par ailleurs sur la « mansuétude » de la commission à l’égard des dérapages budgétaires de l’Italie et de la France, Valdis Dombrovskis répond : « la France va suivre cette année et l’année prochaine les recommandations du Conseil européen sur son déficit budgétaire, et même aller au-delà. Le problème est que le pays devrait aussi réduire davantage son déficit structurel ». S’agissant du respect des objectifs de déficit en 2017, il souligne que la commission « attend que la France corrige comme convenu le déficit trop excessif. Un tâche qui va s’avérer plus difficile compte tenu du fait que le gouvernement français n’a pas mis à profit la bonne position de départ du début de l’année pour mettre en route des économies structurelles dans le budget, et a préféré repousser cette tâche à 2017 ».

  1. International

« L’OTAN va transférer des avions de reconnaissance de Rhénanie-du-Nord-Westphalie en Turquie » (Bild am Sonntag)

L’édition dominicale du tabloïd Bild, Bild am Sonntag (BamS), révèle la teneur d’un courrier adressé par les ministères allemands des Affaires étrangères et de la Défense aux commissions compétentes du Bundestag, selon lequel l’OTAN aurait décidé de déployer des avions de surveillance en Turquie pour aider Ankara à protéger son espace aérien. Selon BamS, « il est prévu un transfert provisoire d’avions de reconnaissance AWACS de la base de Geilenkirchen vers la base avancée de Konya ». Rappelant que l’Allemagne fournit actuellement à l’OTAN 30% du personnel des AWACS stationnés à Geilenkirchen, le journal indique que, selon un porte-parole du ministère fédéral de la Défense, aucune décision définitive n’a été prise au sujet du nombre de soldats de la Bundeswehr concernés par cette mission en Turquie. Le gouvernement fédéral argue dans son courrier que ce déploiement n’a pas à être entériné par le Bundestag, les vols de reconnaissance dans l’espace aérien turc étant du même type que ceux déjà effectués le long de la frontière orientale de l’OTAN pour assurer la sécurité de la Pologne et des autres membres est-européens de l’OTAN. Le responsable des questions de défense au sein des Verts, Tobias Lindner, appelle le gouvernement fédéral à « immédiatement informer le Parlement des détails de ce déploiement, en particulier concernant les missions précises assignées à ces avions et la destination des données recueillies sur l’espace aérien »./.