Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

12 janvier 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Les critiques du ministre de l’Intérieur du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie Ralf Jäger contre la police de Cologne pour la mauvaise gestion de la nuit de la Saint-Sylvestre font les gros titres de la Süddeutsche Zeitung (« Selon M. Jäger, il y a eu un dysfonctionnement dans la police de Cologne ») et du Tagesspiegel (« la police de Cologne a renoncé à utiliser des renforts »). La Frankfurter Allgemeine Zeitung se demande s’il y aura « de nouvelles propositions cette semaine pour faciliter les expulsions ». Die Welt indique que « la police fédérale allemande renvoie des réfugiés » vers l’Autriche notamment. Sous le titre « un échec politique éclatant », le Handelsblatt cite l’ancien président de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, Hans-Jürgen Papier, qui critique dans une interview la gestion de la crise des réfugiés.
  2. Allemagne

Suites des agressions de la nuit du Nouvel an à Cologne : « de nouvelles propositions cette semaine pour faciliter les expulsions ? » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La FAZ signale que le gouvernement fédéral se montre confiant dans la possibilité de parvenir au cours de cette semaine à un consensus visant à durcir la législation afin de permettre d’expulser plus facilement des demandeurs d’asile délinquants. La coalition souhaite également introduire pour les réfugiés une obligation de résidence destinée à éviter les regroupements propices à la « formation de ghettos ». Après la réunion hier des responsables de la politique intérieure du Bund et des Länder, un débat sur le sujet est prévu mercredi au Bundestag, indique le quotidien. Sous le titre « la police fédérale renvoie des réfugiés », Die Welt mentionne de son côté que conformément à la directive de Dublin, en Bavière, la police allemande renvoie quotidiennement vers l’Autriche des réfugiés qui ne souhaitent pas demander l’asile en Allemagne alors qu’ils étaient jusqu’ici autorisés à transiter par l’Allemagne pour gagner la Belgique ou la Suède.

Sur la base du rapport remis hier par le ministre de l’intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie au parlement régional, la presse se fait par ailleurs l’écho des pannes et manquements imputables aux forces de police de Cologne pour les agressions survenues lors de la nuit de la Saint Sylvestre. Les journaux citent le ministre de l’intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie, Ralf Jäger (SPD), qui a qualifié d’« inacceptable » l’image que la police a donné d’elle-même et indiquent qu’en raison d’un manque d’informations et d’une communication défaillante, les renforts qui s’imposaient n’ont pas été sollicités.

A l’exception du quotidien alternatif de gauche tageszeitung qui appelle à la démission du ministre de l’intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie, la plupart des journaux continuent de marquer leur inquiétude face au risque de division au sein de la société allemande et de renforcement des partis extrémistes (notamment après les attaques dont été victimes dimanche soir à Cologne une douzaine d’étrangers pris pour cible par des hooligans). S’interrogeant sur la capacité de l’Allemagne à réussir l’intégration du million de réfugiés arrivés dans le pays courant 2015, certains quotidiens font également valoir que le bilan désastreux de la police des Cologne a pour effet malencontreux de signaler à des réfugiés mal intentionnés que l’Allemagne est un pays où le risque de sanction est quasi nul (Berliner Zeitung).

Inquiétude face à l’essor rapide des énergies renouvelables

S’appuyant sur un courrier adressé par le ministère de l’économie et de l’énergie aux groupes parlementaires allemands, le Handelsblatt indique que la part des énergies renouvelables dans la production totale d’énergie augmente plus rapidement que prévu et pourrait atteindre 40% dès 2020 (contre 30% actuellement).Cette forte croissance dépasse largement les prévisions du gouvernement fédéral qui s’était fixé pour objectif de parvenir à 40 voire 45% à l’horizon 2025, souligne le quotidien qui explique cette croissance par les fortes subventions. Au sein de la coalition, cette situation attise les tensions car elle signifie que dès 2018 le coût des subventions dédiées aux énergies renouvelables pourrait atteindre les 30 milliards annuels (à ce jour 25,7 milliards). Le quotidien se fait fort de rappeler dans un commentaire que cette évolution hors de contrôle va coûter cher et qu’au final c’est le consommateur qui va en faire les frais.

  1. Europe

Relations germano-polonaises : « une harmonie de façade » (Süddeutsche Zeitung)

A l’instar du Tagesspiegel, la presse s’accorde à constater, au lendemain de la convocation de l’ambassadeur allemand en Pologne par le ministre des affaires étrangères polonais, que « Varsovie et Berlin s’efforcent de limiter les dégâts, mais que le gouvernement polonais reste profondément contrarié par les déclarations de dirigeants européens allemands ». Cet entretien faisait suite aux déclarations critiques du commissaire Günther Oettinger (CDU) et du président du parlement européen Martin Schulz (SPD), mais aussi du président du groupe CDU au Bundestag, Volker Kauder, rappellent les journaux. Les quotidiens relèvent, pour s’en étonner, que Varsovie semble ne pas faire de différence entre dirigeants européens de nationalité allemande et dirigeants allemands, un amalgame souligné par le porte-parole du gouvernement fédéral, Steffen Seibert, qui a déclaré ne pas commenter les déclarations de responsables politiques européens « quelle que soit leur nationalité », rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Depuis quelques temps, les nationalistes polonais veulent à toute force interpréter les critiques européennes comme une ‘ingérence – voire une agression – allemande’,  alors même que d’autres dirigeants européens tels que Frans Timmermans, Jean Asselborn ou encore Viviane Reding ont eux aussi exprimé des critiques vis-à-vis du nouveau gouvernement polonais », analyse la FAZ pour qui « les cris d’orfraie contre la menace allemande sont depuis toujours un élément central de la propagande nationaliste polonaise ». Plusieurs commentateurs recommandent à l’UE comme à la Pologne de garder mesure. La Süddeutsche Zeitung met en garde contre l’effet contre-productif des pressions européennes : « la pression extérieure stabilise un gouvernement nouvellement élu plutôt qu’elle ne le fragilise, car elle conduit la population à se solidariser avec lui ».

  1. International

Arabie Saoudite / « Steinmeier veut ‘utiliser tous les contacts’ » (Süddeutsche Zeitung)

La presse indique que le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a défendu hier son projet de participation au festival de Janadriyah en Arabie Saoudite, au nom de sa volonté d’« utiliser tous les canaux de dialogue et tous les contacts disponibles pour éviter une nouvelle escalade [dans le Golfe] et trouver des mesures pour une détente ». Les quotidiens publient parallèlement des photos et des reportages sur la visite à Téhéran hier de l’ancien chancelier Gerhard Schröder (SPD) qui était accompagné d’une délégation d’entrepreneurs allemands et qui s’est entretenu avec Mohammed Zarif et Ali Shamkhani.

Suite de l’entretien du président russe dans Bild

Le tabloïd Bild publie ce matin la deuxième partie de l’interview du président russe, Vladimir Poutine.

Interrogé sur l’exclusion de la Russie du groupe des pays les plus industrialisés, il estime avoir eu l’impression que « déjà par le passé, la Russie n’a jamais été considérée comme un membre à part entière du G8 », pointant du doigt le fait que « les ministres des Affaires étrangères par exemple se réunissaient dans un format G7 sans la Russie ». Vladimir Poutine affirme que « la Russie est à tout moment prête à participer à nouveau au G8 ». Réagissant à la description de la Russie comme une « puissance régionale » par B. Obama, il estime que la Russie « ne réclame pas le rôle de superpuissance », mais appelle toutefois « à mieux regarder la carte du monde » pour constater que la Russie est au cœur géographique de toutes les régions et « à ne pas déprécier la signification de la Russie dans le monde ». Il affirme également que « la Russie retravaillerait volontiers avec l’OTAN », mais ajoute qu’« un amour heureux ne peut être qu’un amour réciproque » et que « si l’on ne veut pas coopérer avec [la Russie], eh bien tant pis ». Revenant sur l’affaire de l’avion russe abattu par la Turquie, V. Poutine espère que « de tels événements ne se transformeront pas en grands conflits militaires », tout en indiquant néanmoins que « si les intérêts et la sécurité de la Russie sont menacés, la Russie fera front, et que cela, tout le monde doit le savoir ». Sur la crise syrienne, Vladimir Poutine critique les accusations selon lesquelles les frappes aériennes russes ne viseraient pas Daech mais l’opposition syrienne. « Nos pilotes ne bombardent pas d’objectifs civils, sauf si vous considérez les convois de camions citernes qui forment un véritable oléoduc vivant comme un objectif civil. Ceux-là, nous les bombardons, c’est vrai, mais les Américains et les Français aussi », déclare le président russe. Il juge également que « le président Assad a fait beaucoup d’erreurs lors de ce conflit », mais que ce conflit n’aurait jamais pris une telle ampleur s’il n’avait pas été attisé en dehors de la Syrie. « Nous ne voulons pas que la Syrie finisse comme l’Irak ou la Libye (…) on doit tout faire pour soutenir les hommes légitimement au pouvoir en Syrie, mais cela ne doit pas signifier que rien ne doit changer », affirme V. Poutine qui estime nécessaire une réforme constitutionnelle et la tenue d’élections présidentielles dans le pays. Interrogé pour savoir s’il accorderait l’asile à Bachar El-Assad, il juge qu’il est prématuré d’en parler et qu’ « il était clairement plus difficile d’accorder l’asile à Monsieur Snowden ».

La publication hier de la première partie de cette interview suscite de nombreuses réactions dans les éditions de ce matin. Pour la FAZ, « le monde selon Vladimir Poutine est simple et clair : il a raison et les autres ont tort ». S’il estime que « Poutine n’a rien de bien nouveau à dire », le Handelsblatt repère une tentative de séduction du public allemand au travers de paroles aimables pour Mme Merkel et de l’insistance sur les pertes économiques liées aux sanctions.

Présidence allemande de l’OSCE : « le retour de la vieille Ostpolitik ? » (Tagesspiegel)

En amont du discours que doit prononcer M. Steinmeier à Vienne ce jeudi. le Tagesspiegel publie une pleine page sur les objectifs de la présidence allemande de l’OSCE, Mettant en valeur les efforts allemands pour réactiver le dialogue avec la Russie et continuer à jouer un rôle de médiateur dans la crise ukrainienne, le journal estime que le dialogue avec Moscou s’inscrit dans la tradition de la sociale-démocratie allemande, certains détracteurs y voyant un « retour de la vieille politique de détente et de coopération »./.