Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

19 janvier 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung indique que « l’Allemagne prépare un soutien militaire à la Libye ». La Süddeutsche Zeitung croit savoir qu’« un ancien patron du FBI devrait aider Volkswagen ». Die Welt titre sur la remarque de la tête de liste CDU aux élections régionales en Rhénanie-Palatinat Julia Klöckner invitant, lors du bureau politique de la CDU hier, les conservateurs hostiles à la ligne de Mme Merkel sur les réfugiés à « simplement fermer leur clapet ». Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une à l’arrivée de Kasper Rorsted à la tête d’Adidas (« trois bandes, un espoir »).
  2. Allemagne

Politique migratoire : « la coalition se bloque elle-même » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

« La dispute au sein de la coalition gouvernementale sur la politique migratoire s’est tellement envenimée que l’on ne saurait s’attendre prochainement à un examen en conseil des ministres du second paquet législatif relatif au droit d’asile présenté par les trois partenaires de la coalition en novembre dernier », avance la FAZ qui, comme l’ensemble des quotidiens, se fait l’écho des tensions grandissantes entre conservateurs et sociaux-démocrates. Dans les rangs de la CDU aussi, le ton est monté, indiquent les journaux. Lors de la réunion hier des instances dirigeantes du parti, Volker Kauder, président du groupe parlementaire, et Julia Klöckner, candidate tête de liste pour les élections régionales en Rhénanie-Palatinat, ont rappelé à l’ordre les parlementaires conservateurs qui ont envoyé un courrier à la chancelière dans lequel ils insistent sur les capacités limitées de l’Allemagne en matière d’accueil  des réfugiés et appellent à un « retour à la stricte application du droit ». Dans un article détaillant les principaux adeptes et détracteurs de la chancelière au sein de son gouvernement, le tabloïd Bild souligne notamment que Wolfgang Schäuble, « seule alternative à la chancelière si jamais elle était amenée à démissionner et seul responsable dans les rangs de la CDU en mesure de mener un putsch contre elle », prend de plus en plus ses distances, comme le témoigne sa proposition récente de prélever une taxe européenne sur l’essence pour financer la crise des réfugiés, en dépit des assurances données par la chancelière qu’aucun impôt ne serait augmenté en raison de l’afflux de réfugiés. Dans un article de son rédacteur en chef, le Tagesspiegel se penche lui aussi sur la relation Merkel-Schäuble et croit déceler un « recul lancinant » de la loyauté du ministre des finances envers la chancelière.

  1. Europe

Crise migratoire : « l’UE promet la mise en place des centres d’enregistrement sous quatre semaines » (Süddeutsche Zeitung)

La Süddeutsche Zeitung publie un compte rendu d’entretien avec le commissaire européen aux réfugiés, Dimitris Avramopoulos, pour qui les tentatives « d’exclure des pays comme la Grèce de l’espace Schengen ne résoudront pas le problème » de l’afflux des réfugiés en Europe, mais contribueront au contraire à renforcer la crise européenne : « cela serait le début de la fin pour Schengen, et par effet boule de neige, le début de la fin de l’Europe », met-il en garde. Pour D. Avramopoulos, loin de se tarir progressivement, le flux migratoire vers l’Europe pourrait au contraire grossir encore dans les prochains mois. Face aux reproches d’inefficacité de l’UE, il promet que les centres d’enregistrement des réfugiés (« hotspots ») prévus en Grèce et en Italie devraient être pleinement opérationnels au plus tard dans un mois : « nous avons quatre semaines maximum pour obtenir des résultats aux frontières », reconnaît-il.

Crise migratoire : critiques du commissaire Oettinger envers « une certaine arrogance allemande »

Dans une interview accordée à Die Welt, le commissaire européen Günther Oettinger (CDU) voit lui aussi les acquis de Schengen menacés par la crise migratoire européenne, mais se montre relativement optimiste s’agissant de la mise en œuvre au premier semestre 2016 des décisions du Conseil européen quant à la répartition des demandeurs d’asile en Europe : « nous allons faire pression sur les Etats membres qui prennent des décisions à Bruxelles et ne les appliquent pas chez eux ». G. Oettinger rejette toute perspective d’une division européenne et d’une ‘Europe noyau’ : « Quelle Europe noyau ? Avec la Pologne hors de ce noyau, et la France qui ne suivrait pas non plus ? Ce ne serait pas dans notre intérêt. L’Allemagne doit tout faire pour préserver Schengen et la liberté de circulation en Europe ».

A la question de savoir « pourquoi la France n’est pas plus active sur la question des réfugiés », G. Oettinger appelle les Allemands à plus de discernement en soulignant que « sur ce thème, le président Hollande a peu de marges de manœuvre, alors que nous en avons en Allemagne avec l’abondance des recettes fiscales, qui nous permettent de financer les dépenses pour les réfugiés sans nouvel endettement, peut-être même jusqu’en 2017. D’autres pays ne le peuvent pas en raison de leur situation budgétaire. De plus, non ne sommes pas confrontés en Allemagne à une montée aussi grave du populisme de droite que la France ou les Pays-Bas. En Allemagne, la grande coalition a encore des marges de manœuvre, d’autant que les Verts et Die Linke soutiennent sa politique. C’est pourquoi je mets en garde contre une certaine arrogance allemande à l’égard d’autres Etats ».

Interview du Premier ministre slovène dans Die Welt

Exaspéré par la situation aux frontières des Etats d’Europe centrale et orientale et alarmé par le refoulement d’un nombre croissant de réfugiés falsifiant leur identité ou de migrants économiques par les pays voisins, Miro Cerar juge que la Slovénie n’aura bientôt pas d’autre choix que de fermer elle aussi ses frontières aux réfugiés, si les décisions sur le contrôle de la frontière extérieure de l’UE et l’accord avec la Turquie ne sont pas mis en œuvre très rapidement : « les déclarations d’intention ne suffisent plus, les Etats membres doivent enfin faire leurs devoirs. De plus, nous devons aider davantage la Macédoine à stopper l’immigration illégale », souligne-t-il en mettant en garde contre la situation politique « très fragile » des Balkans.

  1. International

« Berlin prépare son soutien militaire à la Libye » (FAZ)

Réagissant à des déclarations hier de la ministre de la défense Ursula von der Leyen envisageant un soutien militaire allemand à un nouveau gouvernement d’union nationale en Libye, la presse indique ce matin que le gouvernement fédéral préparerait effectivement un soutien militaire, bien qu’une « planification concrète » n’ait pas encore été engagée, selon un porte-parole du ministère de la défense cité par la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le quotidien de Francfort estime que ce soutien pourrait prendre deux formes : soit la formation par la Bundeswehr, hors de Libye, de forces libyennes de sécurité, soit la livraison d’armements et de matériels. Les journaux soulignent que les partis d’opposition ont rapidement critiqué une possible mission de la Bundeswehr en Libye, la co-présidente des Verts, Simone Peter, jugeant qu’il s’agirait d’une entreprise qui « n’aurait pas de sens », et la co-présidente de Die Linke, Katja Kipping, ayant appelé à l’abandon de ce projet. Dans son commentaire, la FAZ se montre favorable à un tel soutien militaire, rappelant que la crise libyenne a déjà eu des répercussions sur l’Europe, notamment en matière migratoire, et qu’il est temps que Berlin intervienne. Pour le journal de Francfort, « cela ne peut pas être dans l’intérêt de l’Allemagne de ne pas soutenir un gouvernement libyen, (…), car on ne peut vouloir restreindre l’afflux de réfugiés, sans oser faire a minima quelque chose à la source, notamment en Libye ».

Ukraine : « Poutine envoie des trains chargés de milliards de roubles » (Bild)

Bild indique que les zones disputées dans l’est de l’Ukraine seraient massivement subventionnées par des financements de l’Etat russe, en contradiction, estime le tabloïd, avec l’accord de Minsk. Selon Bild, le financement de retraites, prestations sociales et salaires de fonctionnaires coûterait au Kremlin environ 79 millions d’euros par mois. Des trains et des convois sécurisés achemineraient tous les mois cet argent en espèces.

  1. France

Plan du président de la République sur l’économie et l’emploi : « son dernier combat » (Handelsblatt)

Les correspondants en France de la presse allemande détaillent et commentent les propositions présentées hier par le président de la République. Christian Schubert (FAZ) estime que « le président hésitant se contente à nouveau de quelques pas mesurés dans la bonne direction, mais qui ne vont pas assez loin et arrivent trop tard ». De l’avis du journal, « le chef de l’Etat risque de laisser passer sa dernière chance avant les élections de 2017 ». De même, Christian Wernicke (Süddeutsche Zeitung) juge que le président de la République « est demeuré fidèle à sa méthode » qui consiste à « avancer sur la pointe des pieds, un pas à droite, un pas à gauche, rarement avec empressement et toujours prudemment ». Déplorant un « plan d’urgence peu ambitieux », le journal juge qu’il s’agit d’une « réforme typiquement hollandaise » : « pas mauvaise mais, par sa modestie et son manque de hardiesse, pas assez bonne non plus ». Ainsi, par crainte de se mettre à dos l’aile gauche de son parti, « le président ne s’attaque ni à un droit du travail bien trop compliqué, ni à une bureaucratie étouffante », fait valoir le journal pour qui « un peu moins de populisme de droite en matière de lutte contre le terrorisme et un peu plus de libéralisme pour redonner de l’élan à l’économie française seraient bienvenus ». « En voulant créer d’un seul coup des centaines de milliers d’emplois, le président français cherche avant tout à sauver le sien », juge la Berliner Zeitung./.