Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

20 janvier 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Les appels de responsables de la CSU – y compris le ministre fédéral des transports Alexander Dobrindt – à un changement de ligne de la chancelière sur la politique migratoire font les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« nouvelles querelles au sein du gouvernement fédéral et dans les rangs de la CDU/CSU ») et de la Süddeutsche Zeitung qui note que c’est « une CSU remontée attend Merkel » à la clôture de son séminaire annuel ce soir à Kreuth. Die Welt consacre sa Une aux prévisions économiques positives du FMI pour l’Europe (« ça va mieux pour la zone euro »). Le quotidien économique Handelsblatt résume des déclarations du ministre de l’économie et de l’énergie Sigmar Gabriel (SPD) jugeant hier qu’il fallait « plus de marché et moins d’Etat » dans le secteur de l’énergie en Allemagne. Les journaux réagissent également à l’information selon laquelle des traces ADN d’anciens membres toujours recherchés de la Fraction armée rouge ont été retrouvées sur les lieux d’une attaque armée ratée contre un véhicule de transport de fonds : « la fraction armée rouge est de retour » (Tagesspiegel), « la police chasse la fraction armée rouge […] » (Bild).

 

  1. Allemagne

Politique migratoire : « nouvelles querelles au sein du gouvernement fédéral et dans les rangs de la CDU/CSU » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La FAZ veut pour preuve de nouvelles tensions au sein de la coalition les propos tenus par le ministre fédéral des transports, Alexander Dobrindt (CSU) au quotidien bavarois Münchner Merkur. Dans un entretien paru hier, A. Dobrindt déclarait : « nous avons besoin d’un changement rapide de la situation, tout en sachant que ceci peut avoir des conséquences pour l’image de l’Allemagne en Europe. Mais le fait est qu’il ne suffit plus à présent de montrer un visage sympathique au reste du monde ». Selon la FAZ, qui note que le ministre n’a pas été rappelé à l’ordre pour cette critique visant directement la chancelière, A. Dobrindt aurait été mis sous pression par la CSU pour qu’il se fasse l’écho des critiques au sein du parti. Sous le titre « une CSU remontée attend Merkel », la Süddeutsche Zeitung indique de son côté qu’alors que la chancelière est à nouveau attendue aujourd’hui à Wildbad Kreuth, le ton est à nouveau monté d’un cran hier dans les rangs de la CSU. « Il est extrêmement difficile de ne pas perdre patience », a déclaré le chef de la CSU et ministre-président de Bavière Horst Seehofer avant d’ajouter en guise d’allusion à la situation aux frontières allemandes: « nous avons besoin que le droit prime à nouveau ». Selon Die Welt, H. Seehofer ne croit cependant pas à de possibles concessions de la part de la chancelière et personne à la CSU ne nourrit l’espoir que la seconde visite à Wildbad Kreuth de la chancelière permette d’amorcer un changement de cap. « 50 députés CDU/CSU ont signé un courrier à la chancelière dans lequel ils appellent à un changement de politique. A ces parlementaires du Bundestag viennent s’ajouter 56 députés CSU du parlement bavarois qui lors du séminaire à Wildbad Kreuth ont fait valoir des revendications similaires, ce qui fait au total un tiers de conservateurs opposés à la politique migratoire de la chancelière», souligne la Süddeutsche Zeitung. Relativisant l’ampleur de la fronde, le tabloïd Bild fait valoir que même aux yeux de ses plus féroces détracteurs, la chancelière apparaît comme irremplaçable et qu’en l’absence de candidat crédible pour prendre sa place, tous les ultimatums lancés par la CSU sont voués à l’échec. De l’avis de la FAZ, « changer de cap ne servirait aucunement à la chancelière car l’inflexion serait interprétée comme le résultat d’un chantage politique ». En outre, les chances des candidats tête de liste CDU de l’emporter lors des scrutins régionaux de mars en Rhénanie-Palatinat et dans le Bade-Wurtemberg sont actuellement loin d’être mauvaises, ce qui ne plaide pas en faveur d’un changement de ligne, relève encore le quotidien de Francfort. Il n’en reste pas moins, juge le journal, que le leadership et l’autorité de la chancelière sont aujourd’hui mis en cause.

Elections régionales en Rhénanie-Palatinat et dans le Bade-Wurtemberg : les responsables de l’AfD exclus des débats télévisés sur la chaîne régionale SWR

Les journaux rapportent que la chaîne publique régionale SWR a renoncé à inviter des élus AfD aux débats télévisés des campagnes électorales régionales en Rhénanie-Palatinat et en Bade-Wurtemberg à la suite d’une menace de boycott des débats de la chaîne par les ministres-présidents sortants SPD et Verts de ces deux Länder. Unanime, la presse critique cette décision que Die Welt qualifie de « stupide ». « Au moment où on reproche aux médias d’exercer une dictature du politiquement correct et de passer sous silence les points de vue déplaisants, sur la crise des réfugiés notamment, le fait d’exclure le parti AfD ne fait que conforter cette impression », déplore le journal. « On ne pouvait souhaiter meilleure eau à apporter au moulin de l’AfD », renchérit la FAZ.

  1. France / Allemagne / Europe

Prestations sociales dans l’UE / réfugiés : entretien conjoint des ministres française et allemande du Travail dans la FAZ et Les Echos

La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie un article et un compte rendu d’entretien de l’interview de Myriam El Khomri et Andrea Nahles réalisée avec Les Echos à l’occasion du déplacement de la ministre allemande à Paris. Tandis que Les Echos met en exergue la volonté franco-allemande de réviser la directive européenne sur le détachement des travailleurs, la FAZ fait un focus sur les concessions que l’Allemagne et la France seraient prêtes à faire à la Grande-Bretagne en matière de réductions des prestations sociales pour les migrants européens, citant les déclarations d’Andrea Nahles : « nous voulons que le Royaume-Uni reste dans l’UE et nous sommes prêtes à rechercher des solutions sur la question des prestations sociales, car nous estimons aussi que certaines lacunes réglementaires favorisent les incitations [au tourisme social], nous le constatons en Allemagne ». Dans un commentaire, la FAZ se félicite de ce que Berlin et Paris veuillent « faire un pont à Cameron » sur ce thème crucial pour l’issue du référendum britannique.

Dans son compte rendu d’entretien, le correspondant économique de la FAZ à Paris, Christian Schubert, met au premier plan le thème de l’accueil des demandeurs d’asile, soulignant qu’« Andrea Nahles estime avoir les moyens de réussir à intégrer les réfugiés alors que son homologue française affronte des défis tout autres ». Alors que A. Nahles se montre optimiste quant à la capacité de l’Allemagne de former les jeunes migrants et souligne les chances qu’offre cette vague migratoire pour la démographie vieillissante de l’Allemagne, « son homologue française est beaucoup moins loquace sur le sujet », pointe la FAZ. Pour le quotidien, « la France considère la crise des réfugiés avant tout comme un défi pour l’Allemagne et n’accepte en conséquence d’accueillir qu’une petite fraction des arrivants, ce que El Khomri justifie par les forts taux de chômage et de natalité en France ». Les chiffres cités par M. El Khomri sur le fait que l’évolution démographique oblige la France à créer chaque année quelque 100 à 150 000 nouveaux emplois pour lutter contre le chômage alors qu’en Allemagne, l’excédent des départs en retraite sur les arrivées sur le marché de l’emploi libère 40 000 emplois « ne sont pas confirmés par le ministère allemand du Travail », note encore la FAZ, pour qui « le message de la ministre française est en tout cas clair : nous ne pouvons pas y arriver » (allusion au leitmotiv de la chancelière allemande « nous allons y arriver »). En tout état de cause, Andrea Nahles « n’est pas venue à Paris pour alourdir un climat franco-allemand déjà tendu » : la ministre allemande préfèrant souligner que « la situation est extrêmement différente dans les deux pays, la question se pose surtout pour l’Allemagne » et que « si elle se trouvait dans la même situation que l’Allemagne, je suis sûre que la France aurait agi de manière analogue », et pointant plutôt, dans ce contexte, les déficits de solidarité des pays d’Europe de l’Est, conclut la FAZ sur ce sujet.

  1. International

« Entente sur un gouvernement d’union nationale pour la Libye » (FAZ)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rend compte de l’annonce hier de la formation d’un gouvernement libyen d’union nationale. Le quotidien rapporte les propos de l’envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, Martin Kobler, qui a souligné que cette nouvelle étape est une bonne opportunité pour obtenir la paix et la stabilité dans le pays. Dans un commentaire, le journal de Francfort salue cette « bonne nouvelle » après des mois de discussions difficiles, mais estime toutefois qu’il s’agit d’une situation très fragile en raison « des nombreuses forces centrifuges » en Libye. Pour la FAZ, « sans gouvernement central fort, la Libye n’arrivera pas à sortir de sa spirale négative et, plus le pays sombrera, plus Daech en profitera ».

« La croissance de la Chine au plus bas depuis 25 ans » (FAZ)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung se fait l’écho de l’annonce hier par l’office national chinois des statistiques d’une progression du PIB chinois de 6,9% en 2015, soit le taux de croissance du pays le plus bas depuis 25 ans. Sous le titre « la peur de Pékin », le quotidien de Francfort estime que le ralentissement de la croissance chinoise « ne restera pas sans conséquence » pour l’économie mondiale et surtout pour « la stabilité du gouvernement autoritaire chinois qui fonde sa légitimité sur la promesse de conduire son peuple à une ‘prospérité modérée’ d’ici cinq ans ». Pour la FAZ, Pékin doit mener rapidement des réformes économiques en introduisant notamment des échanges plus libres de capitaux, d’idées et de personnes.

  1. France

« Renault rappelle 15 000 véhicules diesel » (Süddeutsche Zeitung)

Plusieurs quotidiens signalent dans des correspondances l’annonce par Mme Royal que Renault va rappeler 15 000 véhicules pour régler leur moteur au lendemain de l’audition du constructeur devant la commission technique. Alors que depuis le déclenchement du scandale Volkswagen la presse ne cesse d’appeler à davantage de transparence de la part des constructeurs automobiles, seul moyen, selon elle, de restaurer la confiance, la FAZ, sous la plume de Christian Schubert, salue la diligence française. Contrairement à l’Allemagne où le ministre de tutelle n’a même pas encore indiqué qui fera partie de la commission indépendante qui doit être mise en place, en France l’Etat assume ses responsabilités en tant qu’organisme délivrant les autorisations de mise en circulation des véhicules, fait valoir le journal.

Portrait du banquier Philippe Oddo, « amoureux de l’Allemagne » (Süddeutsche Zeitung)

La Süddeutsche Zeitung consacre un portrait flatteur au patron de la banque privée Oddo & Cie, lequel, souligne le quotidien, s’active à faire de son groupe familial d’investissement et de gestion de capitaux une entreprise franco-allemande, en réalisant actuellement sa troisième acquisition en Allemagne en un an et en s’investissant personnellement dans le rapprochement des cultures d’entreprise des deux côtés du Rhin./.