Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

21 janvier 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’annonce par le gouvernement autrichien d’un plafond de demandeurs d’asile pour 2016 fait les gros titres de la presse : « Vienne instaure un plafond de demandeurs d’asile » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Vienne instaure un plafond de réfugiés » (Die Welt); « Vienne instaure un plafond » (tageszeitung) ; « Vienne définit un plafond » (Süddeutsche Zeitung) ; « la grande coalition crée un plafond – en Autriche » (Tagesspiegel). Le tabloïd Bild se pose la question : « crise des réfugiés : est-ce le tournant ? » Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une aux conséquences de la baisse des cours du pétrole, tant pour les producteurs que pour l’économie mondiale (« dans les remous du pétrole »).
  2. Allemagne/Europe

« Vienne introduit un plafond en matière d’accueil des réfugiés et accroît davantage la pression sur Mme Merkel » (Handelsblatt)

« L’Autriche veut limiter à 127 500 le nombre de demandeurs d’asile qu’elle entend accueillir d’ici à 2019. La chancelière se montre critique, tandis que la CSU se sent confortée », indique la Süddeutsche Zeitung qui fait état des réactions au séminaire annuel de la CSU à Wildbad Kreuth et indique notamment que le chef de la CSU, Horst Seehofer a jugé que la décision autrichienne va avoir pour conséquence une augmentation du flux migratoire vers l’Allemagne. Le journal fait également état des propos du secrétaire général de la CSU, Andreas Scheuer, pour qui l’Allemagne devrait « suivre l’exemple autrichien ». Face aux parlementaires bavarois, qui ont réitéré leur souhait de voir limiter à 200 000 le nombre de réfugiés que l’Allemagne devrait accueillir chaque année, la chancelière a indiqué que la décision autrichienne va compliquer les négociations avec la Turquie.

Les journaux notent dans ce contexte qu’au forum de Davos le président fédéral s’est certes abstenu d’évoquer le mot plafond, mais a fait valoir qu’une stratégie visant à limiter le flux migratoire pouvait se justifier autant d’un point de vue moral que politique dès lors qu’il s’agit de préserver la capacité d’action de l’Etat. A ceux qui voudraient voir dans les propos de Joachim Gauck une critique à l’encontre de la ligne défendue par la chancelière, la Süddeutsche Zeitung répond que « le président fédéral s’est contenté de mettre une fois de plus l’accent sur le fait que la solidarité des Allemands envers les réfugiés n’est pas sans limites » tout en appelant à davantage de solidarité européenne, notamment de la part des partenaires est-européens, ce qui est aussi la position de Mme Merkel.

Dans leurs commentaires, plusieurs quotidiens interprètent la décision autrichienne comme un « geste de désespoir politique » (FAZ, tageszeitung) et soulignent aussi qu’il s’agit d’un sérieux revers pour la chancelière (Handelsblatt), non seulement parce que le chancelier autrichien s’était jusqu’ici montré solidaire de l’Allemagne, mais aussi et surtout parce que la perspective d’un accord en Europe sur la résolution de la crise migratoire s’éloigne de fait encore un peu plus. Le gouvernement autrichien justifie sa décision par la volonté de pousser les partenaires européens à prendre leur part du fardeau en accueillant davantage de réfugiés, mais au lieu de cela il déclenche une avalanche qui va conforter ses voisins dans leur refus, juge la tageszeitung. « Le plan Merkel d’une solution européenne a échoué », écrit Die Welt. Face à cette situation, les journaux s’inquiètent de l’isolement croissant de la chancelière en Europe (Süddeutsche Zeitung) et estiment le temps venu d’envisager un plan B. « Il serait très étonnant qu’un plan B ne soit pas depuis longtemps en préparation à la chancellerie fédérale même si officiellement la chancelière ne dévie pas de sa ligne », estime le Handelsblatt, l’hebdomadaire Die Zeit assurant que divers scénarios sont à l’étude, mais que les interlocuteurs concernés se gardent bien de les coucher sur le papier par crainte de fuites éventuelles.

  1. Europe

Brexit : « un accord avec Londres possible lors du Conseil européen de février » (Handelsblatt)

La correspondante à Bruxelles du Handelsblatt se fait l’écho de l’avancement satisfaisant des négociations entre l’UE et la Grande-Bretagne sur les conditions de son maintien au sein de l’Union européenne, qui permettrait d’envisager l’aboutissement d’un compromis pour le prochain Conseil européen à la mi-février. « Le Premier ministre Cameron souhaite arriver à un accord en février », a confirmé au Handelsblatt le ministre britannique pour l’Europe David Lidington. Selon les négociateurs, plusieurs des points exigés par Londres, telle la reconnaissance du fait que tous les Etats membres n’ont pas vocation à adhérer à la zone euro et que les décisions de la zone euro ne peuvent influer négativement sur les Etats hors de l’UEM, seraient en voie de résolution, indique le Handelsblatt. De plus, un rapprochement des positions sur la limitation des prestations sociales aux migrants européens semble se dessiner, d’autant que Londres semble disposé à négocier le délai de quatre ans exigé pour prétendre à ces prestations : « les quatre ans restent notre base de négociation jusqu’à une meilleure proposition. Nous sommes prêts à discuter d’alternatives », déclare encore D. Lidington au Handelsblatt.

  1. International

Réunion à Paris des ministres de la défense de la coalition contre Daech

Les quotidiens rendent compte de la réunion hier à Paris des ministres de la Défense des sept pays les plus engagés dans la coalition internationale contre Daech et indiquent qu’ils ont pu mettre en valeur des succès dans leurs opérations puisque Daech recule sur le terrain en Syrie et en Irak. Dans un commentaire, le correspondant du Handelsblatt à Paris juge toutefois que cette intervention est devenue plus complexe, faisant sienne les déclarations du Général de Villiers selon lesquelles « la patience est nécessaire » et « gagner la guerre ne suffit pas pour gagner la paix », autant de réponses, juge le Handelsblatt, à la tactique aérienne russe ou aux pressions américaines pour une intensification des frappes. Les tensions entre l’Arabie Saoudite et l’Iran pèsent aussi sur l’efficacité  de la coalition, estime le journal, en compliquant notamment la mise en place d’une transition politique en Syrie.

Entretien avec Die Welt de Wolfgang Ischinger, président de la conférence sur la sécurité de Munich

Dans une interview à Die Welt, le président de la conférence sur la sécurité de Munich, Wolfgang Ischinger, dresse un tableau inquiet de la situation sécuritaire internationale qu’il juge être à son niveau « le plus dangereux » depuis la fin de la guerre froide. W. Ischinger estime que l’année 2015 a été marquée par des succès diplomatiques qui incitent à l’optimisme comme l’accord nucléaire iranien, le rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba ou la COP21, mais il s’alarme de l’apparition de nouvelles crises et du renforcement de certaines d’entre elles, notamment du conflit syrien. Il déplore le manque de stratégie occidentale à l’égard de la Syrie et appelle à un renforcement du dialogue avec les parties en conflit. W. Ischinger regrette en outre que les Américains – et non l’Union européenne – aient été à l’initiative de la mise en place de la conférence de Vienne sur la Syrie, alors que « les réfugiés ne sont ni devant la Maison blanche à Washington, ni devant le Kremlin à Moscou » et que la sécurité européenne est en jeu. W. Ischinger juge que le recours à l’article 42-7 du traité de Lisbonne par le président de la République a permis aux Etats européens de prendre davantage conscience de leurs responsabilités en matière de défense, mais que l’essai reste à transformer. Il appelle donc les membres de l’UE à lancer « une grande initiative pour développer les capacités d’action dans le domaine de la politique de sécurité », condition pour qu’on les prenne au sérieux sur la scène mondiale. Sur le plan national, Wolfgang Ischinger se réjouit du renforcement de l’engagement militaire allemand pour résoudre les crises internationales./.