Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

22 janvier 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin. La Süddeutsche Zeitung titre sur l’opinion du ministre-président bavarois et président de la CSU Horst Seehofer, selon lequel « la coalition est dans une situation grave » en raison de la gestion par la chancelière de la crise des réfugiés. Le journal alternatif de gauche tageszeitung juge que « M. Seehofer a des problèmes de couple » avec la CDU. Die Welt titre sur la décision de Julia Klöckner, vice-présidente de la CDU et tête de liste des conservateurs en Rhénanie-Palatinat, de boycotter les plateaux de la chaîne publique régionale SWR après la décision de cette chaîne de ne pas inviter le parti AfD lors des débats politiques, décision que Mme Klöckner attribue à des pressions du SPD (« pour la vice-président de la CDU, la méthode employée relève du chantage »). La Frankfurter Allgemeine Zeitung note en Une que « selon D. Cameron, la mort d’Alexandre Litvinenko est un crime appuyé par l’Etat [russe] ». Le quotidien économique Handelsblatt s’interroge sur la stratégie du nouveau patron de la Deutsche Bank après les pertes de 6,7 milliards d’euros annoncées hier (« Et maintenant, M. Cryan ? »).
  2. Allemagne

Politique migratoire : « Seehofer voit la coalition dans une ‘situation grave’ » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La FAZ fait état des propos tenus par le ministre-président de Bavière et chef de la CSU à l’issue du séminaire de son parti à Wildbad Kreuth. « Sur ce sujet historique (de la crise des réfugiés), nous avons des divergences d’opinion significatives en ce qui concerne les solutions et ceci s’accompagne de répercussions sur l’ensemble du travail de la coalition » qui se trouve, selon lui, dans une « situation grave ». Il a ajouté que la chancelière, qui s’est longuement entretenue avec les parlementaires bavarois, « n’a fait aucun geste » et jugé que sa relation de confiance avec elle est « quelque peu ébranlée ». Il a en outre fait valoir que la CSU allait continuer à exiger la fixation d’un plafond national en matière d’accueil des réfugiés, « sur le plan politique, mais aussi éventuellement juridique ».

La FAZ indique par ailleurs que la chancelière a annoncé qu’elle procèdera à un bilan à mi-parcours de sa politique migratoire après la tenue du prochain conseil européen en février.

  1. Europe

Relations germano-polonaises / déplacement de F.-W. Steinmeier à Varsovie

Reçu à Varsovie par la Première ministre et le ministre des Affaires étrangères pour des entretiens, le chef de la diplomatie allemande a tenu à ses interlocuteurs un discours conciliant duquel il a banni toute critique envers le nouveau gouvernement, rapporte l’ensemble des quotidiens dans d’abondantes correspondances. Soulignant que l’amitié germano-polonaise et la confiance bâtie au cours des dernières décennies étaient trop précieuses pour être remises en question par les divergences politiques actuelles, Frank-Walter Steinmeier a refusé de commenter les possibles infractions du gouvernement polonais au droit européen en indiquant que ces questions donnaient actuellement lieu à un échange entre l’UE et la Pologne.

Toutefois, les efforts du ministre fédéral pour désamorcer les tensions bilatérales n’ont pas vraiment reçu d’écho chez ses interlocuteurs, note la presse. En matière d’accueil des réfugiés, le chef de la diplomatie polonaise s’en est à nouveau tenu au langage officiel selon lequel la Pologne aurait déjà accueilli un million de réfugiés ukrainiens, ce qui justifierait de n’accueillir que quelques centaines des migrants affluant en Europe, indique la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une affirmation réfutée par l’ambassadeur d’Ukraine en Pologne, qui a publié une mise au point selon laquelle ce chiffre correspondrait aux expatriés ukrainiens, la Pologne n’ayant officiellement donné droit en 2015 qu’à deux demandes d’asile de ressortissants ukrainiens sur 4000, des chiffres confirmés le site internet de l’office polonais des étrangers, précise le journal. Dans un entretien accordé au Handelsblatt en marge de sa rencontre mardi à Berlin avec ses homologues allemand et français, le ministre polonais des Finances, Pawel Szalamacha, ne cache pas son ressentiment à l’égard du cavalier seul allemand en matière d’accueil des réfugiés, affirmant que la Pologne l’avait interprété comme la réponse politique de l’Allemagne à ses inquiétudes maintes fois exprimées sur le manque de main d’œuvre spécialisée. Prenant un peu de recul face à l’escalade des tensions germano-polonaises, le principal éditorial de la FAZ appelle les voisins européens de la Pologne à garder raison et ne pas envenimer le débat, rappelant que la principale crainte de la Pologne est une désolidarisation de ses partenaires de l’OTAN si la Russie tente une main-mise sur son territoire.

Visite du Premier ministre turc à Berlin

Les journaux consacrent des avant-papiers aux consultations germano-turques qui se tiennent aujourd’hui à Berlin sous la présidence de la chancelière et du premier ministre turc Ahmet Davutoğlu. L’ensemble des quotidiens rappellent que ces consultations ont été décidées après l’attaque terroriste à Istanbul et qu’elles porteront sur les thèmes « sensibles » de la lutte contre le terrorisme et la crise migratoire. Dans une interview à l’agence de presse DPA, Ahmet Davutoğlu appelle à davantage de solidarité européenne, la crise migratoire étant « devenue une crise européenne ». Personne ne peut attendre de son pays, estime-t-il, qu’il « supporte seul la charge » d’une crise que la Turquie n’exporte pas en Europe mais qui s’est exportée chez elle. Indiquant que le gouvernement turc a déjà dépensé près de dix milliards d’euros pour les réfugiés, A. Davutoğlu doute que les trois milliards promis par l’Union européenne soient suffisants.

La presse indique que ces consultations suscitent de nombreuses attentes, notamment de l’opinion publique allemande. Le Tagesspiegel souligne ainsi qu’une centaine d’artistes, de professionnels des médias et d’experts ont demandé à Angela Merkel de ne pas taire ses critiques et de saisir cette opportunité pour aborder le sujet des violences commises contre les civils dans le sud-est de la Turquie. Dans un entretien à Die Welt, le co-président des Verts, Cem Özdemir, estime possible une guerre civile en Turquie et appelle la chancelière à exercer plus de pression sur le gouvernement d’Erdogan. C. Özdemir rappelle que les Verts sont favorables à une adhésion de la Turquie à l’Union européenne si le pays remplit les conditions requises. Dans la Passauer Neue Presse, le président du parlement européen Martin Schulz (SPD) souhaite que les chapitres d’adhésion portant sur les droits de l’homme et des minorités soient rapidement ouverts.

Interviews de Sebastian Kurz dans la presse allemande

Dans des entretiens avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung et Bild, le ministre autrichien des Affaires étrangères explique que l’Autriche a enregistré 90 000 demandes d’asile en 2015 et a décidé de fixer un plafond pour 2016 en l’absence de solution européenne. L’« effet domino » qu’entraîne cette décision sur les pays voisins pourrait conduire l’Europe a prendre réellement conscience de l’urgence d’appliquer une politique migratoire commune, poursuit-il. « maintenant, l’Europe va être davantage sous pression pour trouver une solution commune », déclare Sebastian Kurz à la FAZ en estimant que ces derniers mois, « la situation a été très confortable pour certains pays qui n’ont été que des pays de transit, telle la Grèce ». « Notre décision nationale est un signal d’alarme envoyé à Bruxelles », renchérit-il dans Bild.

  1. International

Forum économique mondial de Davos / entretien du Premier ministre avec la presse

La FAZ rapporte que le Premier ministre français a appelé, « avec grandiloquence », à une action plus énergique dans la crise des réfugiés et la lutte contre le terrorisme. « Nous vivons un moment historique et si nous ne parvenons pas à résoudre les problèmes, le projet européen peut mourir », a-t-il déclaré. La FAZ signale que lors d’un entretien avec la presse, le Premier ministre a aussi « clairement adressé des messages au gouvernement fédéral » en jugeant notamment que nous ne pouvions pas accueillir tous ceux qui veulent venir en Europe et que nous devions nous montrer beaucoup plus exigeants ». Tout en soulignant la nécessité que la France et l’Allemagne travaillent étroitement ensemble à une solution européenne, il a poursuivi en indiquant que « la seule manière pour la France d’aider l’Allemagne consiste à soutenir les pays dont sont originaires les réfugiés ». M. Valls a laissé entendre que l’Allemagne ne devait pas s’attendre à beaucoup de soutien de la part de Paris en matière de répartition des réfugiés, estime le quotidien de Francfort. Le journal note par ailleurs que le Premier ministre a jugé qu’une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne serait un « drame » tout en ajoutant que Londres doit cependant comprendre que la zone euro devait poursuivre sur la voie de l’intégration.

FMI : « Christine Lagarde est toujours le premier choix de l’Europe » (Handelsblatt)

Le souhait de la directrice du FMI d’effectuer un second mandat à la tête de l’institution est soutenu officiellement par plusieurs ministres des Finances européens, notamment Wolfgang Schäuble et George Osborne, indiquent les grands journaux en notant qu’à ce stade, Christine Lagarde est la seule candidate déclarée à ce poste.

  1. France

Vœux du président de la République au corps diplomatique

La FAZ relève que lors de ses vœux au corps diplomatique, le président de la République a annoncé que le rythme des frappes aériennes sur les positions de Daech allait être accéléré dans le but de parvenir à libérer les villes de Raqqa en Syrie et de Mossoul en Irak et de détruire les centres de commandement de Daech. Il a également fait état de la nécessité de soutenir plus activement les combattants au sol arabes et kurdes et ajouté que 2016 devra être « l’année de la transition » dans la guerre en Syrie. Le chef de l’Etat a « expressément salué la contribution militaire significative de l’Allemagne en Syrie, tout en laissant entrevoir des critiques vis-à-vis de la politique migratoire européenne sous l’impulsion de l’Allemagne », écrit la FAZ qui en veut pour preuve son insistance sur la nécessité pour l’Europe de retrouver le contrôle de ses frontières extérieures. « Toutes les personnes qui entrent dans l’espace Schengen doivent être enregistrées et contrôlées », a déclaré le président cité par la FAZ. Tout en faisant valoir que l’Allemagne, l’Autriche et la Suède ont fait preuve d’une grande capacité d’accueil, il a indiqué que cela ne pouvait continuer sans causer des tensions et que l’objectif de tous les Européens devait être de faire baisser sensiblement et durablement le nombre de réfugiés. « Sans dire un mot sur une répartition plus juste de ceux-ci au sein de l’UE (sic), le président a plaidé en faveur d’efforts redoublés visant à obtenir que les réfugiés demeurent dans les pays voisins de la Syrie », écrit encore la FAZ./.