L’année 2016 verra encore un foisonnement de nouveaux lieux. 85 % sont portés par les collectivités territoriales.
Cette année, la France va de nouveau bénéficier d’un foisonnement de nouveaux lieux culturels. « Après la grande vague des créations, rénovations et surtout mises aux normes des musées de province dans les années 1990-2000, une nouvelle campagne de travaux se termine, de petits chantiers autour de belles collections liées à des collectivités locales de taille plus modeste », souligne Guy Boyer, directeur de la rédaction de « Connaissance des arts » (Groupe Les Echos). Ainsi, au printemps, sera inauguré le musée Camille-Claudel porté par la municipalité de Nogent-sur-Seine, commune où l’artiste, adolescente, rencontre le sculpteur Alfred Boucher. De son côté, L’Isle-Adam réaménage son musée d’Art et d’Histoire qui fait la part belle aux terres cuites produites dans les manufactures adamoises. Quant au musée de Pont-Aven, géré par l’intercommunalité, il présentera l’été prochain, au terme de 8 millions de travaux, sa célèbre école de peinture dans un écrin repensé. Tandis que sera inaugurée l’ambitieuse Cité internationale de la tapisserie à Aubusson, sur 2.800 mètres carrés (8,5 millions d’euros). A Issoudun, c’est la donation d’oeuvres majeures (Paul Klee, Giacometti…) réunies par le peintre Zao Wou-ki qui va transformer le musée de l’Hospice- Saint-Roch. Et fin 2016, le département du Nord inaugurera à Sars-Poteries un musée-atelier du verre, témoin de l’histoire industrielle de ce territoire, après un investissement de 13 millions d’euros.
Coup de pouce de l’Etat
« Autant d’initiatives qui témoignent de la diversité de nos musées, souvent ancrés dans la mémoire locale, vecteurs de lien social et d’attractivité touristique », se félicite Marie-Christine Labourdette, directrice de Musées de France (1.200 labellisés).
Le musée régional d’Art contemporain de Sérignan, qui vient de s’agrandir de 25 % pour atteindre 3.000 mètres carrés, est emblématique. Créé à l’initiative du maire de Sérignan, un bourg de 7.000 habitants près de Béziers (40.000 l’été), il a ensuite été repris par le conseil régional, vu l’importance de la collection constituée autour d’artistes du Sud. « C’est un projet comme seule la France peut en porter », reconnaît sa directrice, Sandra Patron. Grâce au coup de pouce de l’Etat, les deux anciens chais d’une maison vigneronne achèvent leur métamorphose pour abriter un cabinet d’arts graphiques, des espaces d’exposition, une salle vidéo, une bibliothèque, une librairie-boutique, bénéficiant pour plusieurs années d’un dépôt exceptionnel de 200 pièces du Centre national des arts plastiques. La ville, qui possède déjà la deuxième oeuvre la plus importante de Daniel Buren après ses colonnes du Palais-Royal, espère ainsi attirer plusieurs dizaines de milliers de visiteurs par an.
« Si 85 % de ces chantiers muséaux sont portés par les collectivités territoriales, l’Etat finance en moyenne de 20 à 25 % des travaux », précise Marie-Christine Labourdette. Les grandes villes ne sont pas totalement absentes de ce bouillonnement : Paris ouvrira prochainement la villa Vassilief, dédiée aux arts visuels et à l’histoire de Montparnasse, tandis que Tours inaugurera à l’automne son Centre de création contemporaine Olivier-Debré, qui fera la part belle au peintre tourangeau.
Les Echos 25/01/2016