Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

28 janvier 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note que « le Brésil et la Colombie s’attaquent énergiquement au virus zika ». La Süddeutsche Zeitung révèle que « la fédération allemande de football a dissimulé des preuves de corruption » dans l’affaire de l’achat supposé de l’organisation de la coupe du monde de football en 2006. Die Welt relève que le conseil des ministres allemand a pris des mesures pour que « les criminels [étrangers] [soient] plus rapidement expulsés ». Le Tagesspiegel titre sur la « confusion autour d’un prétendu cas de décès » hier dans le principal centre d’accueil de réfugiés à Berlin, qui s’est révélé avoir été inventé.
  2. Allemagne

Projet législatif : « les criminels seront plus rapidement expulsés » (Die Welt)

Les journaux font état de l’accord intervenu hier en conseil des ministres et présenté à la presse par les ministres de la justice et de l’intérieur. Ainsi la législation actuelle va être modifiée de manière à permettre l’expulsion de ressortissants étrangers condamnés à au moins un an de prison. Soulignant que cette décision de la coalition intervient moins d’un mois après les événements de la nuit du nouvel an à Cologne, les journaux l’accueillent diversement. Positive, Die Welt estime que c’est le prix à payer pour le choix fait par  l’Allemagne d’accueillir les réfugiés à bras ouverts. Critique, la Süddeutsche Zeitung déplore une « décision prise à la va-vite qui ne coûte rien, mais n’apporte rien non plus ». Cet « acte de papier » ne saurait masquer le fait que la justice manque du personnel suffisant, les juges notamment, pour que des peines soient prononcées rapidement.

Budget de la Bundeswehr : « la troupe a besoin d’argent » (Süddeutsche Zeitung)

Soulignant que la ministre de la défense a chiffré à 130 milliards d’euros les besoins de l’armée allemande en investissements d’ici à 2030, la FAZ juge que cette perspective est de nature à raviver des attentes non seulement de la part des soldats allemands qui espèrent depuis longtemps un meilleur équipement, mais aussi de la part des partenaires de l’Allemagne. Dans un compte rendu de la conférence de presse donnée par Wolfgang Ischinger hier à Berlin, le Tagesspiegel relève que le chef de la conférence sur la sécurité à Munich a une nouvelle fois jugé qu’en dépit de l’objectif de 2%, l’Allemagne n’affecte actuellement qu’« aux alentours d’un pour cent » de son PIB à la défense. Il a également fait valoir que pour être en mesure d’honorer les engagements qu’elle a pris, l’Allemagne devrait consentir des dépenses beaucoup plus importantes. « Nous ne sommes par exemple pas en mesure de remplir la clause d’assistance prévue à l’article 42.7 du traité de l’UE invoquée par François Hollande au lendemain des attentats du 13 novembre », a-t-il déclaré.

  1. Europe

Interview de Matteo Renzi dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung

A la veille de sa rencontre à Berlin avec la chancelière, le président du Conseil italien revendique, dans un entretien avec la FAZ, que l’Italie soit davantage consultée et écoutée au plan européen, notamment dans la crise des réfugiés. Estimant qu’il vient à présent à Berlin « comme un chef de gouvernement ayant délivré les réformes promises » (« je suis aujourd’hui dans une autre position pour aborder les points de désaccord, d’autant qu’ils sont beaucoup moins nombreux que les convergences »), Matteo Renzi critique une mainmise du couple franco-allemand sur la politique européenne. « L’un des points [de friction] est l’attitude de l’Allemagne, qui démarre toutes les initiatives de l’UE par une rencontre bilatérale préalable avec les Français. Je serais bien sûr ravi si Angela et François pouvaient régler tous les problèmes. Mais la plupart du temps ce n’est pas comme cela que ça se passe. Si l’on cherche à élaborer une stratégie européenne globale pour résoudre la question des réfugiés, ce ne peut suffire qu’Angela appelle d’abord François, puis ensuite le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, et que j’apprenne après le résultat par la presse », déplore-t-il. Appelant à une politique migratoire européenne instaurant des standards communs pour l’accueil des demandeurs d’asile (« Les règles de Dublin sont dépassées, supprimons-les ! »), Matteo Renzi juge également que le refoulement des migrants doit être communautarisé : « cela doit se faire au nom de l’Europe et pour son compte ». Il approuve l’idée exprimée récemment dans le débat allemand de conditionner les aides financières aux pays d’émigration tels que le Maroc ou la Tunisie à leur engagement à réintégrer rapidement leurs migrants refoulés.

  1. International

Tournée européenne du président iranien Hassan Rohani

La presse continue de tirer à boulets rouges sur la décision italienne d’avoir masqué les statues nues du Capitole pour ménager le président iranien lors de sa visite, à l’instar de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui dans un éditorial titré « soumission », y voit un affront à la culture occidentale. Die Welt s’interroge sur l’accueil qui sera réservé à H. Rohani aujourd’hui à Paris.

« Berlin rejette les reproches de Moscou » sur le fait divers impliquant une jeune germano-russe (FAZ)

La presse allemande, relevant qu’il est rare d’avoir deux jours d’échanges à aussi haut niveau sur un fait divers (Süddeutsche Zeitung), note la réaction ferme des autorités allemandes aux critiques de S. Lavrov hier, qui suggérait qu’une mauvaise gestion de la crise migratoire pourrait expliquer la possible agression d’une mineure allemande de la communauté russe à Berlin. Frank-Walter Steinmeier a fustigé la « propagande politique », alors que les faits n’ont toujours pas été établis par la justice, relèvent les journaux. Le porte-parole du gouvernement fédéral, Steffen Seibert, a également mis en garde contre toute tentative « d’instrumentalisation politique ». Dans leurs commentaires, les quotidiens dénoncent l’attitude du gouvernement russe et soulignent l’appropriation simultanée de cette affaire par les partis d’extrême droite (Die Welt). Le Tagesspiegel décrit « une diplomatie hybride » contre l’Allemagne, continuation de la « guerre hybride » menée par Moscou en Ukraine, « qui consiste à « tromper, désorienter sans se montrer responsable ». Moscou joue avec les peurs de la diaspora russe en Allemagne et alimente la xénophobie. Pour le quotidien de Berlin, Moscou cherche à déstabiliser l’Occident, alors que les difficultés économiques s’accumulent en Russie, notamment en raison de la baisse des prix du pétrole.

  1. France

Démission de Christiane Taubira

La démission de la ministre de la justice suscite une abondante couverture de presse centrée sur deux aspects : des portraits généralement flatteurs de « l’icône de la gauche » (FAZ) (« l’adieu d’un phénomène », Die Welt, « démission de la figure de proue de la gauche », tageszeitung – taz) et des analyses considérant, à l’instar de la Süddeutsche Zeitung, que « le gouvernement français glisse à droite, le président Hollande perdant son dernier ministre de gauche ». « Le départ de Taubira marque le début d’un nouveau genre de gouvernement minoritaire en France et révèle le fossé séparant Hollande de l’électorat de gauche », renchérit la FAZ ; « c’est un revers pour le président français », considère le Handelsblatt, tandis que la Berliner Zeitung titre : « la ministre de la justice française tourne le dos à Hollande ». « A court terme, Hollande et Valls peuvent se frotter les mains d’être débarrassés d’une empêcheuse de tourner en rond et continuer à miser sur des mesures symboliques dans la lutte anti-terroriste, proches des exigences de l’opposition. C’est compréhensible, mais peu judicieux, car ce plan affaiblit le président qui prend un nouveau virage à droite et s’isole un peu plus de son électorat », juge la Süddeutsche Zeitung. « Cette démission devrait être un signal d’alarme pour Valls et Hollande qui, à force de se soucier de la sécurité de l’Etat, ont oublié ce qu’ils voulaient à l’origine et tolèrent que la valeurs démocratiques de la République soient pas à pas sacrifiées sur l’autel de la lutte anti-terroriste », affirme pour sa part le journal alternatif de gauche taz.

Crash de la Germanwings : « les derniers secrets du pilote »

Le tabloïd Bild consacre un article aux informations parues dans Le Parisien. Le journal juge que les documents publiés n’apportent aucun éclairage nouveau sur la personnalité du pilote et cite la réaction du procureur de Düsseldorf : « pour nous, il est clair qu’à l’issue de sa psychothérapie en 2009, A. Lubitz n’a fait part de pensées suicidaires ni à sa famille, ni à ses médecins »./.