Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

2 février 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La politique migratoire continue de faire la une de plusieurs journaux. La Süddeutsche Zeitung titre sur « la nouvelle tonalité » dans le discours de la chancelière sur le dossier ; la Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque le déplacement, hier, du ministre fédéral de l’intérieur à Kaboul et titre « davantage de demandeurs d’asile originaires d’Afghanistan vont devoir être reconduits ». Die Welt et le Tagesspiegel consacrent leur une à l’autorisation par le Royaume-Uni de la manipulation génétique d’embryons à des fins de recherche et titrent respectivement « une nouvelle ère dans la recherche embryonnaire » et « les Britanniques autorisent les manipulations sur les embryons ». Sous le titre « le piège du prix du pétrole », le quotidien économique Handelsblatt se penche sur le manque à gagner des pays exportateurs de brut (Nigéria, Mexique et Arabie saoudite) et s’interroge sur le risque de nouvelle crise économique mondiale.
  2. Allemagne

Politique d’accueil des réfugiés : « la nouvelle tonalité de Merkel » (Süddeutsche Zeitung)

« Le gouvernement fédéral durcit le ton et les messages à l’intention des réfugiés », souligne le quotidien de Munich qui en veut notamment pour preuve la volonté de la ministre en charge du travail, Andrea Nahles (SPD), de sanctionner les réfugiés qui refuseraient de faire des efforts pour s’intégrer et l’insistance du ministre de l’intérieur, hier, auprès de ses homologues afghans, sur le souhait de l’Allemagne de pouvoir reconduire des ressortissants afghans sans perspective d’obtenir le droit d’asile. « Toutes les annonces ne sont pas nouvelles mais ce qui tranche avec le passé c’est que désormais les mises en garde claires et les exigences prennent de plus en plus le dessus », relève le journal. Le tabloïd Bild fait lui aussi le constat d’une « surenchère » à laquelle se livrent les responsables politiques et souligne au passage que « certaines choses, récemment encore tabou, ont désormais vocation à devenir la loi ». Attention à ne pas verser dans « l’activisme » et à privilégier les « effets placebo », met en garde le journal.

Les quotidiens réagissent avec scepticisme aux annonces de la ministre du travail visant à couper dans les prestations sociales de réfugiés qui refuseraient les efforts nécessaires pour s’intégrer. Se rangeant à l’avis d’un expert néerlandais pour qui la générosité de l’Etat providence est le premier frein à l’intégration, la FAZ estime qu’en lieu et place d’une nouvelle loi destinée à promouvoir l’intégration, il vaudrait mieux privilégier des conditions simples telles que le renvoi de tous ceux qui ne sont pas parvenus à s’intégrer sur le marché du travail au terme de trois ans. « Le gouvernement fédéral est aux abois tandis que l’AfD continue de progresser », juge de son côté la tageszeitung.

Réagissant aux propos du ministre de l’intérieur qui a critiqué à Kaboul le fait que des passeurs avides trompent les candidats à l’exil en leur dépeignant des conditions de vie paradisiaques en Europe, les quotidiens se montrent là aussi sceptiques. « Il est peu probable que Thomas de Maizière rentre en Allemagne avec de bonnes nouvelles », écrit la Süddeutsche Zeitung pour qui c’est un fait que l’Afghanistan est un pays trop peu sûr pour que ceux qui le peuvent ne cherchent pas à tenter leur chance à l’étranger. Au moment même où le ministre allemand déjeunait à l’ambassade d’Allemagne, la capitale afghane était ensanglantée par un attentat comme il s’en produit régulièrement, souligne le Tagesspiegel avant d’appeler à davantage d’honnêteté de la part des responsables politiques occidentaux qui cherchent à se bercer de l’illusion que la situation sécuritaire s’améliore sur le terrain.

 « L’AfD relativise ses propos sur le recours aux armes à feu » (FAZ

La presse signale qu’après les vives réactions aux propos de la présidente du parti AfD préconisant « au besoin » que les forces de police à la frontière puissent faire usage de leur arme à feu pour refouler des migrants, les instances dirigeantes du parti ont publié un communiqué dans lequel elles marquent leurs distances. Sous le titre « l’AfD cherche une alternative à Petry », le tabloïd Bild croit savoir que la présidente du parti pourrait être poussée vers la sortie et remplacée par l’actuel vice-président Alexander Gauland ou, à défaut, se trouver placée sous surveillance d’ici aux prochaines élections de 2017 et contrainte de faire approuver ses prises de parole par les instances dirigeantes, de manière à éviter tout dérapage.

  1. Europe

Brexit : « la crise des réfugiés menace de faire de l’ombre au show de David Cameron » (Die Welt)

Alors que le Premier ministre britannique espérait pouvoir, lors du prochain Conseil européen, « dramatiser les négociations » sur ses exigences de réformes au sein de l’UE, la crise migratoire risque de lui voler la vedette, écrit Die Welt. Pour le quotidien, comme pour ses confrères, les âpres discussions entre Londres et Bruxelles tiennent davantage de la « mise en scène » que de la réalité et visent à permettre à David Cameron de « sauver la face » vis-à-vis de l’opinion publique britannique. « Sur le fond, tout le monde est d’accord sur le fait que le Royaume-Uni doit rester dans l’UE et que Cameron doit apparaître comme le vainqueur des négociations actuelles », explique Die Welt. « Il faut que Cameron vende mieux aux Britanniques les concessions obtenues de l’UE », notamment sur le difficile dossier des prestations sociales pour les ressortissants communautaires, prévient le Handelsblatt. Pour la Süddeutsche Zeitung, David Cameron « joue au poker avec l’Europe », espérant que la chance soit en sa faveur lors du référendum, et, pour se donner l’image d’un combattant victorieux, il va mettre en scène d’âpres négociations jusqu’au milieu de la nuit lors du prochain Conseil européen : « cela fait partie de la mise en scène, certes distrayante, mais aussi dangereuse, car qu’arrivera-t-il si les autres Etats membres ne jouent pas le jeu ou encore si une majorité de Britanniques ne se laissent pas impressionner par ce théâtre politique ? », s’interroge la Süddeutsche Zeitung.

Union bancaire / tribune de Lorenzo Bini Smaghi dans le Handelsblatt

L’actuel président du conseil d’administration de la Société générale et ancien membre du directoire de la BCE appelle l’Italie à peser davantage dans la mise en oeuvre de l’Union bancaire afin de préserver ses propres intérêts financiers. L’Italie devrait faire davantage pression pour une mise en route plus rapide du Fonds de résolution unique et de la garantie européenne des dépôts bancaires, ainsi que pour une politique budgétaire commune autorisant les mesures de soutien à l’investissement. En contrepartie, l’Italie doit faire des progrès en matière de résolution bancaire nationale et poursuivre sur la voie de la consolidation budgétaire sans recourir systématiquement aux clauses de flexibilité du pacte de stabilité, recommande-t-il. En se montrant plus responsable sur le plan national tout en encourageant la cohésion européenne en matière bancaire, « l’Italie pourrait jouer un rôle central, en ralliant d’autres Etats membres confrontés au même défi : renforcer l’Europe tout en réduisant les risques », conclut L. Bini Smaghi.

  1. International

Visite à Berlin du président ukrainien

Evoquant la visite hier à Berlin du président ukrainien près d’un an après la signature des accords de Minsk, les journaux relèvent que lors d’une conférence de presse commune avec la chancelière, P. Porochenko a dénoncé le non-respect du cessez-le-feu par les groupes séparatistes sur le front oriental, accusé Moscou de continuer à fournir des armes et des munitions à ces groupes et appelé au maintien des sanctions contre la Russie. P. Porochenko a en outre réaffirmé la volonté de Kiev de mettre en œuvre les accords de Minsk et de réformer la constitution. Pour la FAZ, le président ukrainien « cherche à gagner du temps » sur ce sujet, le parlement ukrainien n’étant toujours pas majoritairement favorable à cette réforme. Les quotidiens soulignent qu’Angela Merkel a pour sa part jugé que les mesures prévues par les accords de Minsk ne sont toujours pas mises en œuvre et a notamment regretté que les groupes séparatistes soutenus par la Russie n’accordent toujours pas la libre circulation aux observateurs de l’OSCE.

Dans un commentaire, la FAZ salue tout particulièrement les propos de la chancelière « qui a envoyé un signal clair à Moscou » en rappelant que du respect des accords de Minsk dépend la levée des sanctions contre la Russie et en jugeant qu’« on n’en est pas encore là ». « Certains en Allemagne feraient bien aussi de se souvenir qu’il existe à l’est de l’Europe un régime qui constitue une menace directe pour notre mode de vie », conclut le quotidien.

Rencontre du ministre-président de Bavière avec Vladimir Poutine : « des piques contre Merkel » (Süddeutsche Zeitung)

Le voyage du ministre-président bavarois et chef de la CSU à Moscou en milieu de semaine continue de susciter des critiques. Rappelant que cette visite intervient à un moment où les relations germano-russes font face à des difficultés sur le plan international, les journaux rapportent que le porte-parole du gouvernement fédéral a insisté hier sur le fait que ce déplacement a fait l’objet d’une « étroite concertation » avec la chancelière qui s’en est « une nouvelle fois » entretenue au téléphone avec l’intéressé, Horst Seehofer. Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeitung se montre très critique à l’égard du déplacement de H. Seehofer au motif que le chef de la CSU est « dépourvu d’expérience en matière de politique étrangère ». Fort de ce constat, le quotidien craint que Vladimir Poutine cherche à tirer parti de la situation pour gêner une chancelière qui prône une ligne dure envers la Russie.

  1. France

« La France joue les pompiers » pour sauver le fleuron industriel Vallourec (FAZ)

Sans surprise, le correspondant économique de la Frankfurter Allgemeine Zeitung ne manque pas d’épingler l’intervention de la banque d’investissement publique BpiFrance pour renflouer le capital de la société Vallourec, leader mondial des tubes sans soudure en difficulté dans le contexte de la chute des cours du pétrole. « Le gouvernement français veut faire barrage à une OPA hostile étrangère, tout en étant obligé de laisser Nippon Steel Sumitomo prendre également une part de 15% au capital, ne pouvant sauver le groupe tout seul », explique la FAZ en soulignant que la France « a fort à faire dans son rôle de pompier » compte tenu des surcapacités dans le secteur des hydrocarbures. « Voilà un engagement risqué pour le contribuable et donc douteux », met en garde le quotidien./.