Synthèse de la presse quotidienne
5 février 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Les opérations de police contre une cellule terroriste présumée font les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« des membres de l’EI auraient préparé des attentats à Berlin ») et du Tagesspiegel (« projet d’attentat contre Checkpoint Charlie »). La Süddeutsche Zeitung consacre sa Une au « mécontentement [qui] grandit contre Mme Merkel ». Die Welt titre sur la Syrie : « l’Occident paie ; Poutine crée des faits ». Le Handelsblatt met à sa Une les résultats record de Daimler.
- Allemagne
« Des sympathisants de Daech auraient préparé des attentats à Berlin » (FAZ)
Les journaux reprennent les informations de la police qui a annoncé hier l’arrestation de trois personnes (deux Algériens et un Syrien) soupçonnées de préparer un attentat à Berlin. Un couple d’Algériens, vivant dans un centre de réfugiés à Attendorn (Rhénanie du Nord-Westphalie) a été arrêté sur la base de mandats d’arrêt de leur pays d’origine car ils sont suspectés d’appartenir à l’EI. L’époux aurait été formé aux armes en Syrie.
« Le mécontentement grandit contre Merkel » (Süddeutsche Zeitung)
Sous ce titre de une, le quotidien de Munich reprend des propos du ministre-président de Saxe-Anhalt, Reiner Haseloff (CDU), selon lequel il faut mettre un terme à une situation migratoire « hors de contrôle ». Les communes et les volontaires qui viennent en aide ont réalisé de grandes choses « mais les limites du possible sont quasi atteintes », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, la FAZ fait état du démenti apporté par le ministère allemand en charge de la Coopération et du développement aux informations du tabloïd Bild qui affirmait qu’une aide financière de plusieurs milliards d’euros aux pays du Maghreb était préparée en contrepartie d’une politique plus active de réadmission de leurs ressortissants. A l’exception de la Tunisie, les accords de rapatriement existent déjà avec l’Algérie et le Maroc, et au regard du droit international, la Tunisie est en devoir de reprendre ses ressortissants si ceux-ci ne sont pas reconnus comme réfugiés en Allemagne, indique la FAZ.
Rappelant la décision prise en conseil des ministres d’inscrire les pays du Maghreb sur la liste des pays dits d’origine sûrs, la Süddeutsche Zeitung indique que la position des Verts, qui siègent dans trois gouvernements régionaux représentés au Bundesrat, reste en suspens. Si l’adhésion des Verts du Bade-Wurtemberg semble acquise, les choses sont moins sûres en Hesse et en Rhénanie-Palatinat. Dans ce Land où des élections ont lieu le 13 mars, les Verts, qui craignent d’être exclus du parlement régional, n’entendraient pas prendre le risque de se mettre à dos leur électorat.
« Le patron de la Bundesbank contre une limitation des paiements en espèces » (Bild)
Le tabloïd Bild souligne l’hostilité de la banque centrale allemande au projet du gouvernement fédéral et cite son président Jens Weidmann : « il serait fatal que les citoyens aient le sentiment qu’on cherche progressivement à leur retirer l’argent liquide. Le citoyen doit pouvoir décider s’il souhaite ou pas utiliser des espèces ». La FAZ évoque par ailleurs les propos devant le parlement européen du président de la BCE sur une possible suppression du billet de 500 euros. Sous le titre « l’argent liquide c’est la liberté », la FAZ publie à sa une un éditorial dans lequel elle fait valoir qu’« à l’heure du numérique, seul l’argent liquide nous protège d’une surveillance sans limites ». A l’instar de tous les autres quotidiens, le journal se livre à un réquisitoire en faveur du maintien des paiements en espèces : chercher à les limiter ou à les abolir revient à « mettre le citoyen sous tutelle ». Qualifiant d’« absurde » l’argument selon lequel « la guerre contre le cash » serait un moyen de lutter contre le financement du terrorisme, la FAZ entrevoit plutôt un obscur dessein des banques centrales, partagé par certains ministres des finances et experts économiques keynésiens, consistant à faciliter par une telle mesure leur politique monétaire à laquelle l’hostilité du journal est connue.
- Europe
« Risques budgétaires en France, en Espagne et au Portugal » (FAZ)
Alors que le Handelsblatt se concentre sur la situation budgétaire difficile des pays du sud de l’Europe (Portugal, Espagne et Grèce), la FAZ souligne que selon les dernières prévisions de la Commission européenne, la France risque elle aussi de ne pas atteindre les objectifs qu’elle s’est fixé en matière de déficit budgétaire. « La France, dont le déficit dépasse depuis 2008 les 3% et qui a bénéficié d’un délai jusqu’en 2017 pour inverser la tendance, devrait, selon les estimations de la commission, faire face l’année qui vient à un déficit de 3,2% », écrit le journal. Dans un commentaire centré sur Pierre Moscovici, le quotidien doute des réelles convictions du commissaire aux affaires économiques qui a certes tenu à souligner que le respect des règles du pacte de stabilité est un « mantra » pour la commission, avant d’ajouter, s’étonne le journal, qu’il tenait du ministre des finances français, « son successeur », l’engagement que la France ramènera en 2017 son déficit sous la barre des 3%. La FAZ reproche au commissaire une attitude qu’elle juge « candide ».
- International
Syrie : « l’Occident paie, Poutine crée des faits » (Die Welt)
Les journaux rendent abondamment compte de la conférence de Londres sur l’aide humanitaire aux réfugiés syriens et déplorent simultanément la suspension des pourparlers de paix sur la Syrie à Genève. A l’instar de la FAZ, ils accueillent positivement l’annonce d’une contribution des Etats à hauteur de neuf milliards d’euros, dont 2,3 milliards seront financés par l’Allemagne. Le quotidien de Francfort rapporte les déclarations de la chancelière qui a rappelé la gravité de la situation humanitaire en Syrie et souligné la nécessité de « combattre sur le terrain les causes des fuites migratoires ». Dans leurs commentaires, les quotidiens estiment que même si l’augmentation des contributions est une bonne nouvelle, celles-ci ne permettront toutefois pas de trouver des solutions pour résoudre la crise en Syrie. Pour le Handelsblatt, il est clair que « ces milliards ne suffiront pas » pour améliorer la situation. « En investissant des milliards dans les camps de réfugiés autour de la Syrie, la communauté internationale veut freiner l’afflux de réfugiés ; cette démarche est bonne, même si elle arrive trop tard », juge Die Welt, qui, sous le titre « l’Occident paie, Poutine crée des faits », appelle surtout les Occidentaux à prendre conscience que, « sans le soutien des attaques aériennes russes et des combattants des milices d’Hezbollah liées à l’Iran », la crise syrienne aurait pu déjà prendre fin. Le quotidien de Berlin appelle donc le gouvernement allemand à faire preuve de davantage de fermeté avec Moscou. Pour la Süddeutsche Zeitung, « le monde peut, en mettant suffisamment d’argent à disposition, aider les Syriens et soutenir les pays d’accueil, mais la tragédie ne pourra véritablement s’achever que lorsque la paix règnera en Syrie », perspective qu’éloignent les offensives du régime avec soutien russe en cours. Le quotidien de Munich s’alarme du rôle joué par la Russie dans le pays, estimant qu’il est « naïf de croire que Poutine laissera tomber Assad à la fin » et considère que l’objectif de Moscou reste « de reconstituer la toute-puissance russe en Syrie ».
- France
Réforme de la constitution : « déchéance de nationalité ? La France est divisée » (Süddeutsche Zeitung)
Plusieurs journaux rendent à nouveau compte de la vivacité du débat en France. Dans un éditorial de son correspondant en France Thomas Hanke, le Handelsblatt estime que faute de parvenir à inverser la tendance sur le marché de l’emploi, le gouvernement cherche la démonstration de force sur le terrain sécuritaire ». Le journal juge qu’Emmanuel Macron selon lequel « un Etat sécuritaire n’est pas un projet de société », est le seul ministre à avoir « osé aborder une évidence », à savoir que les terroristes sont « made in France ». « Il semblerait cependant que le Premier ministre et le président de la République aient également décidé de « placer en résidence surveillée toute question ou remarque critique », conclut avec sévérité le correspondant./.