Synthèse de la presse quotidienne
9 février 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La condamnation des frappes russes en Syrie par la chancelière, lors de son déplacement à Ankara, fait les gros titres de la presse : « la chancelière ‘horrifiée’ par les attaques russes » (Süddeutsche Zeitung) ; « Mme Merkel condamne les attaques aériennes russes en Syrie » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « un jour en février 2016 » écrit Die Welt qui, constatant la concomitance des frappes russes et du déplacement de la chancelière en Turquie consacré à la crise migratoire, juge dans un éditorial que « tout est lié ». Le Tagesspiegel parle de « lundi noir pour les bourses » à la suite de la chute des cours du DAX hier.
- France/Allemagne
48ème Conseil économique et financier franco-allemand : « est-ce anticonstitutionnel de limiter les paiements en espèces ? » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
Sous ce titre, le quotidien de Francfort indique que l’ancien président de la Cour constitutionnelle allemande, Hans-Jürgen Papier, juge anticonstitutionnelle la limitation des paiements en espèces. « C’est la France qui fait pression pour que cette pratique soit limitée et le sujet devrait être évoqué aujourd’hui lors de la rencontre du Conseil économique et financier franco-allemand », avance le journal de source allemande avant d’indiquer qu’il est probable que les ministres français et allemand des finances adoptent à Paris une déclaration conjointe appelant à la fixation d’un plafond en matière de paiements en espèces. La FAZ indique encore que le projet de Wolfgang Schäuble se heurte à des résistances bavaroises en la personne du ministre bavarois des finances Markus Söder pour qui « vouloir limiter à 5000 euros les paiements en espèces constitue le premier pas sur la voie de la disparition de l’argent liquide ». Rejetant l’argument selon lequel la mesure serait utile pour combattre le crime organisé ou le blanchiment, il juge que le seul but que l’on pourrait atteindre est celui de la mise sous tutelle du citoyen ». Le tabloïd Bild indique que l’ancien ministre des finances Theo Waigel a également rejoint les rangs des opposants à cette mesure.
48ème Conseil économique et financier franco-allemand : tribune conjointe de F. Villeroy de Galhau et J. Weidmann
Publié hier dans Le Monde et la Süddeutsche Zeitung, l’appel des gouverneurs de la Banque de France et de la Bundesbank à renforcer l’intégration de la zone euro par un « Trésor commun à la zone euro » – ce que les médias allemands traduisent littéralement par un « ministre des Finances de la zone euro » – retient l’attention des médias. La Berliner Zeitung rend compte de la réaction réservée du ministère allemand des Finances qui juge la proposition à ce stade irréaliste. Pour la Berliner Zeitung, même si la proposition n’est pas nouvelle, elle a néanmoins le mérite de souligner la nécessité d’une intégration plus poussée de l’UEM. Le Handelsblatt – comme de coutume sur la même ligne que le ministère allemand des Finances – voit dans la mise en place d’un Trésor commun une chimère alors que, selon le journal, la volonté politique n’existe pas à Paris ni à Berlin. Le quotidien économique, en revanche, trouve intéressant de constater « l’évolution de M. Weidmann, qui ne se contente plus de critiquer mais qui fait des propositions sur l’intégration européenne ». Pour le Handelsblatt, même si le président de la Bundesbank s’essaie actuellement à « poser des passerelles » là où récemment il polémiquait publiquement, les conflits entre la BCE et la Bundesbank devraient reprendre.
- Europe
« Les gouvernements au secours de la filière acier européenne » (FAZ)
Les grands quotidiens se font l’écho de la lettre commune adressée à la Commission européenne et au Conseil européen par les ministres allemand et français de l’Economie, Sigmar Gabriel et Emmanuel Macron, et leurs homologues italien, polonais, britannique, belge et luxembourgeois, mettant en garde contre « un risque important et imminent d’effondrement du secteur européen de l’acier », confronté au « dumping » pratiqué par la Chine, et appelant l’UE à passer à l’offensive contre la concurrence déloyale chinoise. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rend compte de la tenue d’un sommet des acteurs de l’industrie sidérurgique en Basse-Saxe, qui concentre 17% de l’activité du secteur en Allemagne et y emploie quelque 10 000 personnes. Dans une déclaration commune, le ministère régional de l’Economie, le syndicat IG Metall et la fédération de l’acier appellent ainsi non seulement à l’instauration de nouvelles barrières douanières contre la Chine, mais aussi à des allègements des contraintes environnementales. Certains responsables politiques allemands s’inquiètent toutefois du risque de guerre commerciale avec la Chine, rapporte le Handelsblatt en relayant les mises en garde de Joachim Pfeiffer, porte-parole du groupe CDU/CSU au Bundestag pour les questions économiques, et de son homologue chez les Verts, Dieter Janecek.
- International
Visite de la chancelière en Turquie : « Mme Merkel ‘horrifiée’ par les attaques russes » en Syrie (Süddeutsche Zeitung)
La presse consacre une importante couverture au déplacement de la chancelière hier à Ankara. Les journaux mettent en avant que la rencontre aura été dominée par la question des frappes aériennes russes en Syrie, que la chancelière a fermement condamnées (« nous sommes horrifiés par la souffrance infligée à des êtres humains par les bombardements, essentiellement russes ») insistant sur « la grande misère » des dizaines de milliers de personnes ayant pris le chemin de l’exode qui se pressent désormais à la frontière turco-syrienne. A l’instar de la Süddeutsche Zeitung, les quotidiens relèvent qu’Angela Merkel a adressé un message de solidarité à la Turquie tandis que le premier ministre turc Ahmet Davutoğlu affirmait que « personne ne doit penser que la Turquie doit naturellement accueillir tous les réfugiés ». C’est dans contexte qu’ont été présentées les offres contre une coopération accrue de la Turquie avec l’UE dans la crise migratoire (aide financière européenne ; lancement du système d’accueil de réfugiés actuellement en Turquie ; aide technique et en personnels de la police allemande ; visas pour les ressortissants turcs). Les médias relèvent que la chancelière a également déclaré vouloir « utiliser la réunion des ministres de la défense de l’OTAN pour d’un côté parler de la situation en Syrie en général, mais aussi pour aborder les possibilités selon lesquelles l’OTAN peut porter assistance pour la surveillance de la situation en mer et soutenir le travail de Frontex et des gardes-côtes turcs. ». Cette proposition n’est pas commentée par la presse pour l’instant.
Dans leurs commentaires, les journaux décrivent une Angela Merkel isolée, qui fait de la Turquie son « partenaire le plus important dans son combat solitaire pour limiter le nombre de réfugiés sans fermer les frontières européennes intérieures » (Süddeutsche Zeitung). Les relations entre Angela Merkel et Ahmet Davutoğlu sont désormais de plus en plus « privilégiées », au point d’avoir une fréquence comparable à celles entre la chancelière et le président français, écrit le quotidien de Munich. La Frankfurter Allgemeine Zeitung regrette qu’Angela Merkel « puisse de moins en moins compter sur le soutien de l’Union européenne » dans la gestion de la crise migratoire, regrettant que « le temps soit désormais venu de mesures nationales » et que « le temps de l’espoir d’une grande solution juste européenne est passé ».
- France
SNCF/accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge
« La SNCF avait promis après l’accident de faire toute la lumière sans tabous, mais la transcription de conversations téléphoniques permet d’en douter », fait valoir le correspondant économique de la FAZ, Christian Schubert, qui indique que si l’on en juge d’après les informations de la presse française, « la SNCF a visiblement tenté de manipuler l’enquête ». Dans un commentaire, le correspondant juge que dans cette affaire, « le contraste ne saurait être plus criant avec la transparence promise par le pdg de la SNCF, M. Guillaume Pépy ». « Comme ce fut déjà le cas par le passé, un vrai scandale menace d’être enfoui sous le sable », écrit le correspondant qui critique le « climat d’insouciance qui règne aux étages de la direction où les cadres sont rarement sommés de s’expliquer » et la volonté du gouvernement, « préoccupé par la paix sociale, de ne pas lever le voile ». Attitude qui s’apparente, elle aussi, à un « déraillement », conclut le journal./.