Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

 10 février 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La catastrophe ferroviaire de Bad Aibling en Bavière fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « des morts et des blessés dans une catastrophe ferroviaire en Haute-Bavière » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « catastrophe ferroviaire en Bavière » (Süddeutsche Zeitung) ;  Die Welt cite le ministre-président bavarois Horst Seehofer « une tragédie pour notre pays ». Le Handelsblatt s’inquiète des difficultés du secteur bancaire et de la Deutsche Bank en particulier (« séisme bancaire »). Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung consacre sa Une à la fondation d’un nouveau parti politique paneuropéen par Y. Varoufakis hier à Berlin (« cet homme peut-il sauver l’Europe ? »)
  2. Allemagne

Crise migratoire : « le chef de la CSU reproche à la chancelière de faire régner le non droit » (Bild)

L’ensemble de la presse se fait l’écho des propos du ministre-président bavarois et chef de la CSU Horst Seehofer au quotidien bavarois Passauer Neue Presse. Interrogé sur la crise des réfugiés, il a déclaré : « nous n’avons pas actuellement une situation d’ordre, ni de droit. C’est le non droit qui règne ». Faisant état des vives critiques du SPD, par la voix notamment du président de son groupe parlementaire Thomas Oppermann, la Süddeutsche Zeitung relève que Horst Seehofer, qui se contentait jusqu’ici de qualifier d’« entorse au droit » le fait que des migrants sans papiers puissent franchir la frontière allemande, est monté d’un cran dans ses critiques. Le quotidien juge qu’en usant de formules jadis utilisées par la CSU pour qualifier la RDA, Horst Seehofer cherche à atteindre personnellement la chancelière. Dans son éditorial du jour, le tabloïd Bild s’insurge contre les mots choisis par Horst Seehofer. « La politique migratoire d’Angela Merkel n’est ni sacrosainte, ni sans alternative, mais quiconque, en raison de sa personne ou de sa politique, qualifie l’Allemagne d’Etat de non droit a perdu la mesure de toute chose et cause du tort à tout le monde », juge le journal avant de conclure en ces termes : « peut-être Horst Seehofer espère-t-il ainsi faire taire l’AfD, mais à quoi bon voter CSU dès lors qu’on peut avoir avec l’AfD l’original au lieu de la copie ? ».

« La Deutsche Bank au cœur des turbulences bancaires » (Handelsblatt)

A l’instar du Handelsblatt qui y consacre sa une, plusieurs quotidiens s’inquiètent de la chute des places boursières en début de semaine, ayant entraîné une forte baisse des valeurs bancaires. Les journaux notent que la Deutsche Bank, première banque allemande, s’est vue dans l’obligation de publier un communiqué destiné à rassurer les investisseurs. « Le souvenir du crash de 2008 est plus présent que jamais et la crainte d’une nouvelle crise financière s’accroît », souligne de son côté la Süddeutsche Zeitung.

  1. Allemagne / France

Conseil économique et financier franco-allemand / « Berlin et Paris veulent limiter les paiements en espèce – la Bundesbank inquiète d’une perte de liberté » (FAZ)

Le Conseil économique et financier franco-allemand qui s’est tenu hier à Paris suscite une importante couverture de presse en raison du débat que suscite en Allemagne la volonté commune de limiter les transactions en espèces pour lutter contre le financement du terrorisme. Cette mesure se heurte à l’opposition virulente de ceux qui, en Allemagne, craignent qu’elle soit le premier pas vers une suppression pure et simple de l’argent liquide. Les journaux rapportent qu’en conférence de presse, le ministre allemand des Finances a jugé ce débat complètement biaisé et rappelé qu’il s’agissait d’harmoniser au niveau européen les différentes limites autorisées pour les transactions en espèces. Précisant qu’« il n’a jamais été question de limiter les sommes en espèces que peut posséder tout un chacun », Wolfgang Schäuble a proposé que les limites fixées pour ces paiements puissent être dépassées si les deux parties sont clairement identifiées, ce qui se rapprocherait de la réglementation britannique, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. De son côté, le président de la Bundesbank « n’a pas caché son scepticisme », indique le Tagesspiegel. Jens Weidmann a souligné qu’une limitation des paiements en espèces ne pouvaient être un objectif en soi et rappelé qu’en Allemagne, 80% des paiements dans les magasins étaient effectués en espèces, soit 53% du chiffre d’affaires concerné, rapporte également le Handelsblatt.

Sur le plan intérieur, alors que le tabloïd Bild poursuit sa campagne contre la limitation du montant des paiements en espèces (« voici le premier ministre des Finances à signer notre pétition », titre le quotidien avec une photo du Bavarois Markus Söder, CSU), la Süddeutsche Zeitung note qu’au SPD, le ministre des Finances de Rhénanie du Nord Westphalie, Norbert Walter Borjans, figure de proue de la lutte contre l’évasion fiscale, soutient au contraire avec vigueur la proposition de Wolfgang Schäuble de limiter à 5000€ les transactions en espèces.

Les comptes rendus du CEFFA notent par ailleurs que Jens Weidmann a, une fois de plus, manifesté son opposition à la mise en œuvre du troisième pilier de l’union bancaire, la garantie européenne des dépôts bancaires, tant que les risques découlant des créances souveraines détenues par les banques ne seraient pas significativement réduits.

Dans un éditorial, le correspondant à Paris du Handelsblatt, Thomas Hanke, déplore que le couple franco-allemand soit certes riche d’idées et de propositions communes pour renforcer l’intégration de la zone euro, mais que celles-ci ne débouchent jamais sur de vraies décisions : « c’est une éternelle gestation », critique le quotidien, pour qui Angela Merkel et François Hollande n’oseraient pas brusquer un électorat toujours plus eurosceptique. Pour le Handelsblatt, c’est maintenant, dans le contexte des négociations avec les Britanniques sur des réformes de l’UE, que le couple franco-allemand doit chercher à imposer un renforcement de la zone euro, en compensation des concessions que Paris et Berlin s’apprêtent à faire à Londres.

  1. International

« L’OTAN réfléchit à une mission contre les passeurs en mer Egée » (Süddeutsche Zeitung)

En levée de rideau de la réunion des ministres de la défense de l’OTAN, la presse revient sur la demande d’assistance turque pour la surveillance de la situation en mer Egée afin de lutter contre les réseaux de passeurs, qui a été soutenue lundi par la Chancelière à Ankara. Tous les journaux relatent que le soutien de la chancelière « a créé la surprise » au siège de l’OTAN et que le secrétaire général Jens Stoltenberg, pris de court, a appelé la ministre fédérale de la Défense Ursula von der Leyen, et son homologue turc, avant de déclarer « prendre très au sérieux la demande de la Turquie » et « réfléchir à ce que l’OTAN pourrait faire ». La Süddeutsche Zeitung croit savoir que l’Alliance pourrait déployer des navires avec des moyens de renseignement naval. Elle relève que l’ambassadeur américain Douglas Lute, sans exclure une participation de l’Alliance, a estimé que « c’est l’Union européenne qui est en première ligne dans la crise des réfugiés ». Pour le quotidien de Munich, il ne fait pas de doutes qu’une éventuelle mission de l’OTAN « rendrait dans tous les cas nécessaire une coopération étroite avec l’Union européenne », ce qui pourrait peut-être, estime le journal, améliorer les relations entre l’UE et l’OTAN qui « ont été durement éprouvées ces dix dernières années, notamment à cause du conflit chypriote ». La Berliner Zeitung relate pour sa part les positions mitigées à Berlin du SPD, dont le vice-président du groupe parlementaire Rolf Mützenich a estimé qu’il fallait privilégier d’autres cadres et notamment l’agence Frontex, ainsi que des Verts, le co-président du parti Cem Özdemir ayant mis en garde contre « une militarisation de la politique migratoire »./.