Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

11 février 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Plusieurs sujets se partagent la Une des quotidiens. La polémique déclenchée par les propos du ministre-président de Bavière, reprochant à la chancelière d’avoir créé un « état de non-droit » en matière d’accueil des réfugiés, fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Seehofer critiqué pour ses déclarations sur le ‘règne du non-droit’ ») et de la Süddeutsche Zeitung (« Seehofer irrite même au sein de son propre parti »). Die Welt affiche une double interrogation sur les primaires aux Etats-Unis et sur le rôle de la Russie en Syrie : « Que se passe-t-il aux Etats-Unis ? Que se passe-t-il en Russie ? ». Le Tagesspiegel signale à la Une qu’à Berlin, « les maires d’arrondissement s’indignent du plan de répartition des réfugiés » décidé sans concertation par le Sénat de Berlin. Le Handelsblatt consacre son principal dossier au problème du cumul des mandats de membres de conseils de surveillance : « on cherche des contrôleurs ».
  2. Allemagne

Crise migratoire : « critiques à l’adresse de Seehofer pour ses propos sur le ‘règne du  non droit’ » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La presse se fait l’écho des vives critiques, tous partis confondus, à l’encontre du ministre-président bavarois et chef de la CSU pour ses propos au quotidien bavarois Passauer Neue Presse sur le « non droit » qui règnerait en Allemagne face à l’afflux de réfugiés. Les journaux relèvent que si le porte-parole du gouvernement fédéral s’est abstenu de tout commentaire, la présidente du groupe CSU au Bundestag, Mme Gerda Hasselfeldt, a pour sa part jugé « pas très heureux » le vocabulaire choisi par Horst Seehofer. Les éditorialistes condamnent unanimement la manière dont le chef de la CSU joue dangereusement avec le vocabulaire qu’utilise le parti populiste AfD. « Vouloir combattre un parti en l’imitant par endroits n’a jamais été une bonne idée », fait remarquer la Süddeutsche Zeitung. Le tabloïd Bild veut voir dans cette escalade verbale un « complot d’Edmund Stoiber contre Merkel », l’ancien ministre-président bavarois cherchant à pousser la chancelière vers la sortie si elle ne change pas de cap en matière migratoire.

  1. Europe

« Maigre bilan de l’UE » dans la crise migratoire (Handelsblatt)

A une semaine du prochain conseil européen, le Handelsblatt et le Tagesspiegel se font l’écho du projet de conclusions dressant un bilan décevant de la mise en œuvre des mesures décidées lors du dernier conseil. Alors que l’afflux de réfugiés entrant en Grèce reste toujours très important, une réunion de la coalition des Etats membres« volontaires » est prévue à l’ambassade d’Autriche à Bruxelles le 18 février juste avant le conseil pour discuter de la répartition de contingents de réfugiés en provenance de Turquie en contrepartie d’un engagement d’Ankara à stopper le trafic de passeurs, rapporte le Handelsblatt de source diplomatique européenne. « Cette ‘coalition des volontaires’ réunit la Finlande, la Suède, le Bénélux, l’Allemagne, l’Autriche et la France », écrit le quotidien en indiquant que le Premier ministre turc participera lui aussi à cette rencontre.

Pour le président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen (CDU), qui s’exprime dans Die Welt, « la Turquie n’est pas la clé de la solution à la crise migratoire européenne. C’est une tâche que l’Europe doit résoudre avec ses propres institutions et instruments ». N. Röttgen appelle les pays de l’espace Schengen à « s’accorder enfin sur une politique commune de contrôle des frontières et sur la répartition des réfugiés », faute de quoi, souligne-t-il, « le système Schengen va se réduire à un petit nombre d’Etats, ceux touchés par cette crise migratoire : l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche, le Bénélux, les Etats scandinaves. Et la France aussi doit en faire partie ». Ce « noyau dur Schengen » « n’est pas une menace, juste une conséquence logique », estime-t-il.

Accueil des demandeurs d’asile : « Bruxelles envoie des lettres d’avertissement » (Tagesspiegel)

L’Allemagne compte parmi les sept Etats membres à avoir reçu une lettre d’avertissement de la commission européenne pour n’avoir pas encore transposé une directive de juin 2013 établissant des normes pour l’enregistrement et l’accès au marché de l’emploi des demandeurs d’asile, s’indigne le tabloïd Bild en vitupérant contre le « culot des bureaucrates de Bruxelles » : « comme si nous ne faisions pas déjà assez pour les migrants ! Nous envoyer une mise en demeure de transposer des points de détails, alors même que l’Europe échoue presque totalement à régler les grands défis de cette crise ! », grince le quotidien populaire dans son éditorial du jour.

  1. International

Rencontre des ministres de la défense des pays de l’OTA N : « von der Leyen favorable à une mission de l’OTAN en mer Egée » (FAZ)

La presse rend compte de la réunion hier des ministres de la défense de l’OTAN dont elle retient surtout les propos de la ministre fédérale de la défense en faveur d’une mission de l’Alliance en mer Egée pour lutter contre les passeurs. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rapporte qu’en lever de rideau de la réunion, Ursula von der Leyen (CDU) a appuyé la demande turque d’une « intensification par l’OTAN de la surveillance de l’espace maritime en mer Egée » et indiqué que l’Allemagne participerait à cette action. Parmi les réactions à la proposition turque, la Berliner Zeitung rappelle que le ministre fédéral des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier (SPD), s’était précédemment opposé à une telle mission, jugeant que « l’OTAN n’a pas de rôle à jouer dans la gestion des flux migratoires ». De fait, les quotidiens s’interrogent sur la justesse du choix de l’OTAN pour mener une telle mission. La FAZ avance que les navires de l’OTAN pourraient jouer un rôle de reconnaissance et de collecte d’informations qui seraient ensuite transmises aux garde-côtes turcs et grecs. Le quotidien de Francfort juge qu’une telle mission permettrait au moins de faciliter une coopération et une communication défaillante entre Athènes et Ankara dont les relations sont tendues en raison du contentieux chypriote. Il juge toutefois que l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’OTAN a raison lorsqu’il affirme qu’« une solution à la crise migratoire doit être trouvée par l’Union européenne ».

Syrie : « que se passe-t-il avec la Russie ? » (Die Welt)

Le rôle joué par la Russie dans la crise syrienne continue de susciter de nombreux articles. Dans un entretien à Die Zeit, la ministre fédérale de la défense, Ursula von der Leyen, dénonce « le double jeu (…) cynique » de la Russie qui, « d’un côté, bombarde la population d’Alep et qui, de l’autre, se montre favorable, lors des pourparlers de Vienne, à ce que la confiance soit rétablie entre les parties en conflit ». U. von der Leyen appelle Moscou « à mettre fin aux bombardements et à clarifier sa position sur la Syrie à la table des négociations », soulignant que « la Russie ne peut pas se permettre de rester isolée sur le long terme ». Le tabloïd Bild relaie pour sa part les déclarations du ministre fédéral des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qui appelle Moscou à prendre position pour mettre fin à la violence en Syrie. Dans un éditorial, Die Welt dénonce « la tactique russe » de vouloir mener parallèlement une stratégie diplomatique et une stratégie militaire sur la scène internationale, juge que l’Occident ne peut plus avoir confiance en Vladimir Poutine et estime que dans ce contexte les discussions sur la Syrie seront particulièrement difficiles lors de la conférence sur la sécurité de Munich.

  1. France

Révision constitutionnelle : « une nette majorité pour Hollande » (Süddeutsche Zeitung)

La Süddeutsche Zeitung s’étonne de ce que le projet de révision constitutionnelle ait passé sans encombre la première étape du vote à l’Assemblée nationale après des semaines de débats virulents entre partisans et détracteurs. Tous les journaux estiment cependant, à l’instar de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, que cette loi, même fortement amendée par le Sénat, aura le plus grand mal à être entérinée par le Congrès. « Jamais les députés de la majorité n’avaient été si divisés lors d’un vote », souligne la FAZ qui relève toutefois que « ceux de l’opposition ne l’étaient pas moins ». Die Welt, dans un commentaire, s’inquiète de « l’érosion politique en France » : « François Hollande voulait une démonstration d’unité dans la lutte contre le terrorisme. Il est arrivé à tout le contraire : la division, toutes tendances confondues. Il a accéléré l’érosion politique ; on ne distingue plus des partis mais une clique politique à qui rien ne réussit. Ce débat n’aura abouti qu’à effacer encore un peu plus les frontières déjà vagues entre les partis ».

Départ du Ministre du quai d’Orsay

L’ensemble de la presse évoque l’annonce du départ du Ministre pour rejoindre le Conseil constitutionnel. Dans des articles sous forme de portraits, les quotidiens reviennent sur la carrière politique de M. Fabius, dont le couronnement, souligne la tageszeitung, a été l’accord intervenu en décembre dernier sur le climat lors de la COP21. Les journaux reprennent aussi les rumeurs circulant dans la presse française quant à un possible successeur et avancent les noms de Ségolène Royal, Michel Sapin, Matthias Fekl et Jean-Marc Ayrault. /.