Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

12 février 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Dans le contexte de la réunion, hier, du groupe de contact sur la Syrie et de l’ouverture, aujourd’hui, de la 52ème conférence sur la sécurité à Munich, deux quotidiens consacrent leur une à la Syrie : « les Etats-Unis insistent sur une cessation des hostilités en Syrie » (Süddeutsche Zeitung), « l’escalade en Syrie inquiète les Nations-Unies » (Tagesspiegel).  En raison de l’heure tardive à laquelle il est intervenu, les journaux ne sont pas en mesure de faire état de l’accord entre les Etats-Unis et la Russie sur une « cessation des hostilités » d’ici à une semaine et un accès de l’aide humanitaire aux civils sur le terrain. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur la décision de l’OTAN de démarrer sans délai sa mission de surveillance en mer Egée. Sous le titre « les investisseurs misent sur le déclin de la Deutsche Bank », Die Welt s’inquiète de la situation financière de la première banque allemande dont l’action a perdu hier 10% de sa valeur boursière.
  2. Allemagne

« La coalition met fin à la dispute sur le second paquet législatif relatif au droit d’asile » (Süddeutsche Zeitung)

Les journaux rapportent que les sociaux-démocrates et les conservateurs se sont entendus sur le fait de ne pas remettre en cause le projet tel qu’il avait été adopté en conseil des ministres fin janvier et qui prévoyait une suspension pour deux ans de la possibilité de regroupement familial pour les réfugiés mineurs non accompagnées arrivant en Allemagne. Ceci étant, les ministres de la justice et de l’intérieur ont fait savoir que des exceptions pourront être faites dès lors que des raisons d’ordre humanitaire s’imposent et que les situations seront étudiées au cas par cas par les ministères des affaires étrangères et de l’intérieur. Cette annonce est diversement accueillie par les quotidiens, certains y voyant une « victoire tardive » du SPD (Süddeutsche Zeitung), d’autres estimant que le SPD n’a rien obtenu de plus qu’une « retouche cosmétique » du projet qui fait largement droit à la position conservatrice (Berliner Zeitung).

Présentation par Wolfgang Schäuble de son rapport sur l’évolution de la situation financière de l’Allemagne : « la grande coalition des gaspilleurs » (Handelsblatt)

Le Handelsblatt s’inquiète du rapport que doit présenter la semaine prochaine le ministre fédéral des finances sur l’évolution à long terme du budget fédéral. « Les finances de l’Allemagne reposent sur une assise peu sûre et il serait indiqué de faire preuve de discipline en matière de dépenses », fait valoir le quotidien qui souligne que la présentation du rapport va coïncider avec le début des négociations budgétaires pour 2017. Les plus gros risques qui pèsent sur le budget sont liés au vieillissement de la population qui va conduire à un accroissement des dépenses en matière de retraites et de santé, met en lumière le journal.

  1. Europe

Réunion de l’Eurogroupe : « Schäuble met en garde le Portugal » (FAZ, Süddeutsche Zeitung)

Au lendemain de la réunion à Bruxelles des ministres des finances de la zone euro, les quotidiens relèvent que Wolfgang Schäuble a enjoint le nouveau gouvernement portugais de tenir les engagements budgétaires de son prédécesseur et appelé Lisbonne à ne pas inquiéter davantage les marchés financiers, au risque de conséquences financières graves pour le Portugal.

« L’UE est pressée de limiter les paiements en espèces » (FAZ)

« L’initiative franco-allemande en faveur d’un plafonnement des transactions en espèces a trouvé plus rapidement que prévu un écho favorable auprès des autres Etats membres », écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui, comme le Handelsblatt, rapporte que les 28 ministres des finances de l’UE vont appeler aujourd’hui la commission européenne à légiférer en ce sens. La FAZ se fait dans ce contexte l’écho des déclarations du membre du directoire de la Banque centrale européenne Benoît Coeuré au Parisien, selon qui une décision sera prise prochainement sur la suppression du billet de 500 €. Dans un bref commentaire, la FAZ dénonce une mesure totalement inefficace dans la lutte anti-terroriste et estime qu’elle sapera un peu plus la confiance des citoyens dans les institutions européennes, rappelant qu’en 2012, le président de la BCE, Mario Draghi, avait souligné la fonction importante des billets à forte valeur faciale comme éléments de conservation d’un patrimoine.

« Paris freine Londres sur les réformes de l’UE » (Handelsblatt)

Les concessions proposées par le président du Conseil européen Donald Tusk à la Grande-Bretagne pour éviter un ‘Brexit’ vont trop loin pour plusieurs pays européens, au premier rang desquels la France, rapporte la correspondante à Bruxelles du Handelsblatt. De source diplomatique européenne, le quotidien indique que la France a exprimé des réserves sur l’exigence de David Cameron de pouvoir s’opposer aux décisions de la zone euro si celles-ci lui semblent porter préjudice au secteur financier britannique. Un tel droit de veto pourrait bloquer les prochaines étapes de l’intégration de la zone euro, craint-on à Paris, croit savoir le journal.

Déplacement à Berlin de la Première ministre polonaise

A l’occasion de sa première visite officielle en Allemagne, la nouvelle Première ministre polonaise Beate Szydło accorde une interview au tabloïd Bild, dans laquelle elle appelle à un changement de cap dans la politique des réfugiés et réitère les critiques polonaises contre l’ouverture par l’Allemagne de ses frontières : « il faut reconnaître que des erreurs ont été commises ». Tout en qualifiant les relations bilatérales d’excellentes et l’Allemagne de partenaire important en Europe, B. Szydło critique le fait que certaines décisions, tel le projet de gazoduc Nord Stream 2, « soient prises au-dessus de notre tête ». Sans transition, elle appelle à ce que les intérêts de la « minorité polonaise en Allemagne » soient davantage pris en considération, au motif que « la minorité allemande en Pologne jouit de prérogatives, les Allemands par exemple étant automatiquement représentés au parlement polonais ».

  1. International

« L’OTAN va commencer immédiatement à surveiller l’espace maritime en mer Egée » (FAZ)

La presse accueille positivement la décision de l’OTAN de déployer un groupement naval allié sous commandement allemand pour lutter contre les réseaux de passeurs en mer Egée. La Frankfurter Allgemeine Zeitung précise que la priorité de cette mission n’est pas d’arrêter ou de repousser des bateaux de réfugiés, mais de recueillir des informations à destination des garde-côtes grecs et turcs et de l’agence européenne Frontex. Dans un commentaire, le quotidien de Francfort juge que cette prise de décision rapide de l’Alliance illustre le fait que la crise des réfugiés est pour le continent européen « la plus grande crise humanitaire depuis la seconde guerre mondiale ». Il ne faut donc pas sous-estimer la mesure, même si elle revêt un caractère avant tout « symbolique ». Pour la Süddeutsche Zeitung, « le but est avant tout de combler le déficit de communication entre la Grèce et la Turquie. Il s’agit donc moins d’une militarisation de la politique migratoire que d’une mesure visant à rétablir la confiance entre Grecs et Turcs », même si l’intervention de l’OTAN ne résoudra naturellement pas la crise migratoire. Seul le quotidien alternatif de gauche tageszeitung se montre critique estimant que cette mission va « activement contribuer à un verrouillage aux migrants des frontières extérieures de l’UE ».

Entretien du premier ministre russe avec le Handelsblatt : « la crainte d’une troisième guerre mondiale »

En lever de rideau de la conférence sur la sécurité de Munich, le premier ministre russe accorde un long entretien au Handelsblatt dans lequel il évoque les principales crises internationales.

Faisant le constat d’une situation sécuritaire internationale « très fragile » et « plus dangereuse » qu’avant, il déplore que « le terrorisme soit devenu global » et regrette que « les contacts entre pays membres du G20 ne soient plus aussi intenses » pour permettre une véritable mise en œuvre des décisions internationales. D. Medvedev salue l’étroitesse des relations entre la Russie et l’Allemagne, mais indique que les discussions entre Berlin et Moscou « ne portent que sur un cercle très restreint de questions », principalement l’Ukraine et la Syrie.

Sur la crise ukrainienne, il condamne la réaction de l’Occident, notamment les mesures d’interdiction de visa à l’encontre de personnalités politiques russes, jugeant que « ce qui a été fait, est une erreur politique fatale ». Il conclut qu’il n’y a plus de dialogue entre l’Europe et la Russie, Moscou « conservant ses positions sur la situation en Ukraine et sur le sort de la Crimée, pendant que les Etats européens campent également sur les leurs ».

Le premier ministre russe dénonce le prolongement des sanctions économiques à l’encontre de la Russie, estimant qu’ « il s’agit d’une erreur » et qu’en ce qui concerne la mise en œuvre de l’accord de Minsk, « la balle est maintenant dans le camp ukrainien ». Déplorant la situation économique difficile de la Russie, principalement en raison de la chute des prix des matières premières et de la volatilité du rouble, il se réjouit néanmoins que les sanctions permettent une croissance de la production nationale.

Interrogé sur le rôle joué par Moscou dans le conflit syrien, D. Medvedev affirme que « la Russie prend part au conflit syrien pour défendre ses intérêts nationaux, et ce, suite à une requête du gouvernement syrien qui a demandé un soutien militaire ». Il ajoute que l’intervention russe « est provisoire et locale » et permet notamment de protéger Moscou et d’autres villes d’éventuelles attaques terroristes d’individus qui ont rejoint la Syrie. Il met en garde contre l’envoi en Syrie de troupes au sol, option qui consisterait à « pérenniser la guerre », et appelle toutes les parties à « revenir à la table des négociations au lieu de déclencher une nouvelle guerre mondiale ».

Sur la crise migratoire européenne, il juge que « la politique migratoire européenne a totalement échoué » et critique avec virulence la politique d’Angela Merkel : « il était stupide d’ouvrir largement les portes européennes et d’inviter tous ceux qui voulaient venir ». Selon lui, beaucoup de « scélérats » se trouvent parmi les réfugiés et ne cherchent qu’à profiter des aides financières européennes.

Visite du premier ministre irakien à Berlin

Les journaux retiennent du déplacement du premier ministre irakien, hier à Berlin, et de sa conférence de presse conjointe avec la chancelière, l’appel qu’il a lancé au gouvernement régional du Kurdistan pour qu’il renonce à son projet de référendum sur l’indépendance d’un Etat kurde, au nom du respect de l’intégrité territoriale. « Une partition n’est dans l’intérêt de personne dans la région », a-t-il mis en garde. La FAZ relève que la chancelière s’est également prononcée contre une division du pays et a rappelé le soutien technique et militaire apporté par l’Allemagne aux peshmergas. Les quotidiens indiquent en outre qu’Angela Merkel a annoncé que l’Allemagne apportera une aide financière de 500 millions d’euros des projets d’infrastructures et de reconstruction.

  1. France

Remaniement ministériel : « cure de jouvence pour Hollande » (Süddeutsche Zeitung)

L’ensemble de la presse consacre des articles au remaniement, soulignant avant tout le « retour » (Handelsblatt) de l’ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, nommé au Quai d’Orsay. « Pour l’Allemagne c’est une bonne chose », juge le quotidien économique : « à la différence de M. Valls, J. M. Ayrault entretient d’étroites relations avec l’Allemagne et tout particulièrement avec le SPD ». « Ce pro-Européen, fin connaisseur et ami des Allemands, est aussi connu pour son expérience et sa fiabilité. En outre, il entretient de bons contacts avec l’aile gauche », remarque la Süddeutsche Zeitung. « En tant que chef de la diplomatie française, M. Ayrault va devoir se familiariser avec des sujets tout nouveaux car la politique économique et sociale était jusqu’ici au centre de ses intérêts », fait valoir la FAZ qui, dans un portrait sous la plume de Michaela Wiegel, souligne également que sa maîtrise de l’allemand et sa bonne connaissance de l’Allemagne devraient constituer pour le Ministre de précieux atouts dans la « bonne coopération entre le Quai d’Orsay et l’Auswärtiges Amt ».

Par ailleurs, l’entrée de trois écologistes dans le gouvernement retient l’attention. « En faisant entrer de nouveaux visages, le président de la République consacre le retour de son ancien partenaire de gouvernement », souligne la Süddeutsche Zeitung pour qui ce « jeu de chaises musicales ne signifie toutefois pas une réorientation significative » de la ligne politique, même si, dans un commentaire de Stefan Ulrich, le quotidien de Munich estime que l’ouverture à gauche que représente l’entrée des écologistes « a de quoi mécontenter les réformateurs au sein du gouvernement et pourrait rendre moins claire la politique suivie ». « Le gouvernement se verdit et se féminise (…) mais avec six membres de plus, il apparaît que le président de la République a enterré sa promesse de gouvernent resserré », observe la FAZ./.