Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

16 février 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en ALlemagne

  1. La réunion du groupe de Visegrad hier avant le Conseil européen de la fin de semaine fait les gros titres de Die Welt (« nouveau ‘bloc de l’Est’ contre la politique d’asile de Mme Merkel ») et de la Süddeutsche Zeitung (« Mme Merkel lutte contre l’isolement en Europe »). Le Tagesspiegel note que « le salaire minimum demeure valable pour les réfugiés », la CDU faisant marche arrière sur sa proposition de suspendre temporairement l’application du salaire minimum pour les demandeurs d’asile. La Frankfurter Allgemeine Zeitung s’inquiète, à propos de la crise syrienne, des « tensions croissantes entre la Turquie et la Russie ». Le Handelsblatt relève «  l’appel à l’aide des banques ».
  2. Allemagne

« La CDU cède face au SPD dans la dispute au sujet du salaire minimum » (FAZ)

L’ensemble de la presse fait état de l’abandon par la CDU du projet d’exclure pendant six mois du salaire minimum les réfugiés ayant accédé à un emploi. Cette décision est intervenue non seulement en raison des vives critiques du SPD, mais aussi de protestations internes à la CDU, indique la FAZ. Selon la Süddeutsche Zeitung, à l’approche de trois scrutins régionaux importants, la CDU se serait aperçue que le thème du salaire minimum serait peu porteur. Tel que défendu par la CDU, le projet envisage à présent la possibilité de prolonger d’au moins six mois les périodes de stage auxquelles le salaire minimum ne s’applique pas.

  1. Europe

Rencontre du groupe de Visegrad : « un nouveau ‘bloc de l’Est’ contre la politique d’asile de Merkel » (Die Welt)

« Merkel lutte contre l’isolement en Europe », titre la Süddeutsche Zeitung qui fait état de la réaffirmation par les dirigeants des pays du groupe de Visegrad de leur opposition à une répartition des migrants en Europe. « Les Européens de l’Est contre l’Allemagne et l’Europe occidentale, voilà la ligne de rupture qui se dessine en Europe et qui alarme Berlin », souligne Die Welt. A l’option défendue par le groupe de Visegrad qui consisterait à déplacer vers la Macédoine les limites de l’espace Schengen, la chancelière oppose dans un long entretien à la Stuttgarter Zeitung une fin de non-recevoir. « Construire tout simplement en Macédoine, qui n’est pas membre de l’UE, une barrière de protection, sans nous préoccuper de la situation d’urgence dans laquelle se trouverait la Grèce, non seulement ce ne serait pas un comportement européen, mais  en plus cela ne règlerait pas nos problèmes ». De même, un mini-Schengen constituerait « un recul lourd de conséquences pour l’UE » et il faut avoir « l’ambition  de régler le problème autrement », déclare Angela Merkel qui insiste sur sa volonté de conserver l’espace Schengen en l’état.

Evoquant la rencontre, qui devrait se tenir en amont du Conseil européen, de 11 pays favorables à la coopération avec la Turquie, la presse indique, de source diplomatique européenne, que la France devrait aussi y participer. Revenant sur les propos du Premier ministre à Munich concernant les 30 000 réfugiés que la France serait disposée à accueillir dans le cadre du mécanisme européen de répartition, plusieurs quotidiens relèvent les propos du porte-parole du gouvernement fédéral qui a déclaré hier qu’il existait entre la France et l’Allemagne un « large consensus » sur les questions centrales relatives à la politique migratoire. Le quotidien indique aussi que le président du parlement européen a « pris la défense du gouvernement français ». « Vouloir caser la France parmi les non-solidaires, c’est absurde au regard des efforts qu’elle déploie en matière de lutte contre le terrorisme et je conseille plutôt avant le conseil européen de demeurer pragmatique et de ne pas jouer inutilement la surenchère », a-t-il fait valoir dans des propos recueillis par le journal. Pour la FAZ, qui cite également les déclarations de Steffen Seibert, « via son porte-parole, la chancelière s’est efforcée de ne pas verser d’huile sur le feu des relations franco-allemandes ». « A Paris aussi, on s’efforçait de tenir un langage apaisant en indiquant que les propos du Premier ministre devaient être compris comme une manière de clarifier les choses et non de critiquer la chancelière », note le journal qui décrit le contexte d’une opinion publique française et d’une opposition largement hostiles à la politique suivie par la chancelière.

Dans leurs commentaires, les journaux font une fois de plus le constat inquiétant de l’isolement croissant de la chancelière en Europe. Pour la Süddeutsche Zeitung,  « le modèle raisonnable de la chancelière consistant à répartir équitablement les réfugiés en Europe a manifestement échoué, parce que Merkel a sous-estimé la dimension du problème », mais aussi les égoïsmes des Etats membres et le regain de nationalisme dans de nombreux pays. Si Die Welt estime à présent le temps venu pour l’Allemagne d’« amorcer un tournant en abandonner des principes moraux mégalomanes pour renouer avec la raison et le pragmatisme », le Handelsblatt qualifie la chancelière de « dernière Européenne ». « Elle a certainement fait des erreurs, convient le journal, mais sur un point elle a raison : il n’y a pas de solution nationale à la crise des réfugiés, la seule réponse est européenne ».

Dans une tribune que publie le quotidien économique, le président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen (CDU), fait valoir que la réponse à la crise migratoire devrait comporter trois éléments : premièrement une politique étrangère commune mobilisant davantage de ressources financières pour stabiliser sur les plans économique et humanitaire certains pays du Proche-Orient, tel que l’exige la Jordanie, deuxièmement la mission commune européenne de sécurisation policière des frontières extérieures de l’UE et troisièmement la reconnaissance des réfugiés sur la base de critères communs et leur répartition parmi les Etats membres assortie d’une obligation de résidence dont le non- respect serait sanctionné par la perte de prestations sociales. Selon lui, c’est l’Allemagne qui doit prendre l’initiative d’un tel compromis.

  1. International

« L’escalade de la guerre en Syrie avant le cessez-le-feu » (Tagesspiegel)

Le bombardement d’un hôpital de Médecins sans frontières hier dans le nord de la Syrie suscite de nombreuses réactions dans la presse qui craint que cette nouvelle tragédie ne « jette une ombre » (Süddeutsche Zeitung) sur l’accord de cessez-le-feu décidé lors de la conférence sur la sécurité de Munich. Relevant que la Turquie a accusé la Russie d’être à l’origine de ce bombardement, tous les journaux s’inquiètent des tensions croissantes entre Ankara et Moscou. La Berliner Zeitung relève que le ministre fédéral des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a reproché hier, en marge du CAE, à la Russie, à la Turquie et aux milices turques de violer l’accord conclu à Munich. Sous le titre « crimes de guerre en série », la Süddeutsche Zeitung tire à boulets rouges sur Moscou, estimant que « même si ce n’est pas la Russie elle-même qui jette des bombes, elle en est également responsable en raison de la stratégie qu’elle poursuit depuis des années avec Bachar el-Assad ». Le quotidien de Munich juge qu’à l’heure où l’accord de cessez-le-feu n’a pas encore été mis en œuvre, « il n’y a aucun signe visible de bonne volonté, que ce soit de la part du gouvernement russe ou du régime d’Assad », et souligne que la Turquie ne facilite pas la situation en attaquant les milices kurdes. Le Tagesspiegel ajoute que « la lutte de pouvoir et d’influence entre Moscou et Ankara en Syrie » ne peut conduire qu’à un risque plus important d’affrontement ouvert entre l’OTAN et la Russie.

Les journaux rapportent en outre les propos d’Angela Merkel sur la Syrie, dans le cadre de son entretien à la Stuttgarter Zeitung, la chancelière ayant affirmé que « dans la situation présente, il serait souhaitable qu’il y ait une région sur laquelle aucune des parties en conflit ne puisse mener d’attaque – c’est-à-dire une sorte de zone d’exclusion aérienne ».

 

Visite du premier ministre israélien à Berlin / consultations germano-israéliennes

 

La presse rend compte du déplacement, hier à Berlin, du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, accompagné de plusieurs membres de son gouvernement, à l’occasion de la tenue de consultations gouvernementales germano-israéliennes. Si les journaux relèvent de manière factuelle que les consultations portent essentiellement sur la lutte contre la cybercriminalité, le numérique et les énergies renouvelables, ils mettent surtout en avant l’importance de l’amitié germano-israélienne et s’interrogent sur l’évolution du conflit israélo-palestinien. Dans une tribune publiée dans le tabloïd Bild, le ministre fédéral des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, se réjouit « de la pleine complicité et de la pleine confiance » établie entre l’Allemagne et Israël, dénonce la montée de l’antisémitisme en Europe et appelle « à des discussions sérieuses en vue d’une solution à deux Etats ». Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeitung salue l’amitié des deux pays, mais estime que B. Netanyahou n’est « pas un ami si agréable » pour Berlin, car, selon le journal, le gouvernement israélien « distinguant de bons et de mauvais Européens, cherche à mettre à mal la politique européenne au Moyen-Orient ».

 

Interview du président afghan dans la Süddeutsche Zeitung

 

Dans une interview publiée par la Süddeutsche Zeitung, Ashraf Ghani défend sa politique et décrit le système de prédation de l’aide internationale par les élites afghanes au cours des dernières années, qui se serait faite au détriment du peuple afghan dont 41% des habitants vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté./.