Synthèse de la presse quotidienne
17 février 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- « Merkel calme les attentes vis-à-vis du Conseil européen », peut-on lire à la une des deux principaux quotidiens Frankfurter Allgemeine Zeitung et Süddeutsche Zeitung. « Merkel se bat », titre le Handelsblatt qui souligne qu’il ne reste plus beaucoup de temps à la chancelière pour parvenir à un accord avec ses partenaires européens lors du Conseil qui démarre jeudi. « Merkel : l’Europe doit prendre une décision », met en exergue le Tagesspiegel. Die Welt titre de son côté sur l’augmentation des loyers dans les grandes villes allemandes en raison, pour partie, de l’afflux de réfugiés.
- Allemagne
« La coalition se dispute au sujet de l’inscription du Maghreb sur la liste des pays sûrs » (Handelsblatt)
« La CDU/CSU reproche au SPD de bloquer pour des motifs tactiques la désignation comme pays dits d’origine sûrs des pays du Maghreb », rapporte le quotidien économique avant d’ajouter que le SPD rétorque qu’avant de pousser un projet de loi qui risque de se heurter à un vote négatif du Bundesrat, il convient de s’assurer du ralliement des Verts. Par la voix du ministre-président du Bade-Wurtemberg, Winfried Kretschmann, les Verts ont quant à eux fait savoir qu’ils étaient prêts à donner leur accord, à condition toutefois qu’une solution préalable satisfaisante soit trouvée sur le règlement du statut des ressortissants des pays du Maghreb installés depuis longtemps en Allemagne.
- Europe
« Merkel calme les attentes vis-à-vis du Conseil européen » (Frankfurter Allgemeine Zeitung, Süddeutsche Zeitung)
Dans les nombreux avant-papiers qu’ils consacrent au Conseil européen qui s’ouvre jeudi, les journaux reprennent les déclarations de la chancelière hier lors de sa conférence de presse avec le Premier ministre israélien. La presse souligne que Mme Merkel s’est efforcée de calmer les attentes relatives à un accord sur la répartition de nouveaux quotas de migrants au sein de l’UE, indiquant qu’il convient d’abord de parvenir à s’entendre sur la décision prise l’an dernier portant sur la répartition de 160 000 réfugiés. Les quotidiens relèvent également que la chancelière a affirmé sa détermination à aboutir à une solution négociée avec la Turquie et à empêcher une exclusion de la Grèce de l’espace Schengen. Concernant la Turquie, la FAZ rapporte que le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), a informé hier le groupe parlementaire CDU/CSU de l’acceptation par la Turquie d’une contribution allemande à la sécurisation des frontières sous la forme d’effectifs communs sur les plages turques.
Dans un entretien au tabloïd Bild, le président de la commission européenne fait preuve d’optimisme sur les chances des 28 de parvenir à un accord. « La politique européenne en matière de réfugiés telle que Mme Merkel et moi la défendons va s’imposer », déclare-t-il, estimant que « l’histoire donnera raison à la chancelière, tout comme elle a donné raison à Helmut Kohl pour la réunification ». Dans un entretien au quotidien tageszeitung, Pierre Moscovici se montre lui aussi confiant : « je suis persuadé que l’idée européenne va finir par triompher car il n’y a pas de réponse nationale aux défis que constituent la crise migratoire, la crise de l’euro ou encore la lutte contre le terrorisme ».
Dans leurs commentaires, les journaux se montrent toutefois largement moins optimistes. Pour la FAZ, dans la crise actuelle, l’UE fait face à ses limites et la politique de confrontation que mènent certains Etats membres laisse entrevoir que l’UE est réellement menacée de désintégration. « La solution européenne que l’Allemagne appelle de ses vœux n’est pas en vue », juge le quotidien. Sous le titre « un sommet sans illusions », le Tagesspiegel espère que la rencontre de jeudi et vendredi permettra au moins de poser qu’en matière d’accueil des réfugiés, aucun pays ne saurait se soustraire à ses responsabilités. « Angela Merkel a certes agacé ou s’est abstenue de tenir compte de certains de ses partenaires mais celui qui espère qu’elle échoue lors du Conseil doit savoir une chose : « le lendemain, il se réveillera dans une UE différente et plus mauvaise », met en garde le tabloïd Bild. Seul l’hebdomadaire Die Zeit, dans son édition en ligne, fait valoir que l’on a peine à imaginer que l’Allemagne et la France ne seront pas en mesure de trouver la formule qui va permettre de « sauver la mise ». « Une dispute sur le devant de la scène précipiterait l’Europe dans une crise grave, quasi existentielle », estime le journal pour qui le compromis final risque cependant d’être bien modeste car les priorités des deux pays divergent totalement, celle du gouvernement français allant à la lutte contre le terrorisme.
Dans leurs journaux télévisés d’hier soir, les télévisions faisaient grand cas du dernier sondage publié par la fondation Bertelsmann selon lequel une large majorité des Européens (79%) se montrent favorables à une répartition équitable des réfugiés en Europe, 69% approuvant l’idée de réduire les subventions pour les pays opposés à l’accueil de réfugiés.
- International
6èmes consultations gouvernementales germano-israéliennes : « se serrer les coudes dans la crise » (FAZ)
La visite à Berlin du Premier ministre israélien et d’une partie de son gouvernement, à l’occasion des 6èmes consultations germano-israéliennes, bénéficie d’un large écho dans la presse qui juge que la rencontre a permis de renforcer la coopération entre l’Allemagne et Israël, notamment dans le domaine de la sécurité, mais a également révélé des positions divergentes sur l’avenir du processus de paix et la perspective d’une solution à deux Etats. Les journaux indiquent que la chancelière a souligné la nécessité « de faire des progrès sur la voie d’une coexistence pacifique » entre Israéliens et Palestiniens et rappelé son attachement à une solution à deux Etats. Elle a toutefois concédé que compte tenu de la situation au Proche-Orient, « le moment n’est pas le plus opportun pour des progrès substantiels, même s’il y a ici et là quelques améliorations ». Le quotidien de Francfort relève que le Premier ministre israélien a de son côté salué l’amitié germano-israélienne et affirmé qu’« Israël est reconnu comme la forteresse de la civilisation occidentale au Proche-Orient ». La Berliner Zeitung estime que ces 6èmes consultations témoignent de l’étroitesse des relations entre les deux pays en dépit des disputes et fait état des divergences sur le dossier iranien. Sous le titre « Jérusalem donne une réponse négative à Paris depuis Berlin », le quotidien alternatif de gauche tageszeitung indique que B. Netanyahou a déclaré que le plan de pourparlers de paix sur le conflit israélo-palestinien et le projet de conférence internationale, que propose par la France pour aboutir à une solution à deux Etats, ne donneraient pas de résultat : « ces négociations ne peuvent mener à rien et cette conférence est d’avance vouée à l’échec », a-t-il affirmé avant de conclure que la seule possibilité pour progresser vers la paix réside dans « des négociations sans condition préalable ».
« Grave crise gouvernementale en Ukraine » (Süddeutsche Zeitung)
Tout en prenant acte du fait que le Premier ministre ukrainien est parvenu à échapper à une motion de censure, les journaux marquent leur inquiétude face à la crise politique en Ukraine. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, « deux ans après la victoire de Maïdan, la révolution ukrainienne fait face à une crise qui est tout aussi existentielle que les défis posés par l’agression russe sur le front oriental », car il s’agit de savoir si le pays, à la croisée des chemins, va « poursuivre sur la voie des réformes ou retomber dans une situation qui l’a mis au bord du précipice ». Le quotidien appelle la majorité parlementaire et l’opposition à travailler ensemble « pour que la stabilité intérieure relative du pays ces deux dernières années soit préservée ». Die Welt et la Süddeutsche Zeitung insistent sur la nécessité de mettre en œuvre « de vraies réformes »./.