Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

18 février 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le discours au Bundestag de la chancelière sur les enjeux du Conseil européen fait les gros titres de la presse : « Mme Merkel confirme les orientations de sa politique sur les réfugiés devant le Bundestag » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Mme Merkel appelle de ses vœux un accord entre Européens » (Tagesspiegel). A cette occasion, le tabloïd Bild publie « un bulletin de notes intermédiaire de la chancelière » soulignant forces et faiblesses de sa politique migratoire. Die Welt appelle à regarder positivement les évolutions qui affectent l’Europe à l’occasion du conseil européen : « l’Europe se transforme à toute vitesse – et nous pouvons y prendre notre part ». La tageszeitung, au contraire, se demande si « la fin de la liberté de circulation » n’est pas devenue une réalité. Le quotidien économique Handelsblatt constate pour sa part une « fuite vers l’or », alors que des signaux inquiétants apparaissent sur les marchés financiers. La Süddeutsche Zeitung titre sur l’attentat d’hier en Turquie (« de nombreux morts dans un attentat à Ankara »).
  2. Allemagne/Europe

Conseil européen/déclaration de la chancelière devant le Bundestag : « Merkel confirme les orientations de sa politique sur les réfugiés devant le Bundestag » (FAZ)

Le tabloïd Bild et le Handelsblatt font état du plan en trois points pour résoudre la crise migratoire que la chancelière a présenté hier devant les parlementaires allemands. Ce plan comprend la lutte contre les causes de l’exode, la sécurisation des frontières extérieures de l’UE et la répartition des demandeurs d’asile au sein de l’UE. Concernant ce dernier point, le Handelsblatt précise que « la chancelière et ses conseillers ont abandonné l’illusion d’y parvenir » et qu’en conséquence la priorité va à la sécurisation des frontières, surtout entre la Grèce et la Turquie. Bild indique que faute de progrès substantiels en ce sens avec la Turquie, la chancelière n’exclut pas la nécessité de fermer la frontière entre la Grèce, la Macédoine et la Bulgarie, « avec toutes les conséquences que cela comporterait pour la Grèce et pour l’UE ».

Au total, selon le tabloïd, les chances du plan en trois points de Mme Merkel ne sont pas si mauvaises car plusieurs pays du sud de l’Europe le soutiennent, à commencer par la Bulgarie et l’Italie, qui craignent que les réfugiés empruntent leur territoire si jamais la Macédoine venait à fermer ses frontières.

Sous le titre « le nombre de réfugiés doit diminuer au plus vite », le Tagesspiegel observe dans un commentaire qu’il a peut-être échappé à ses partenaires européens que la position de la chancelière a évolué depuis septembre 2015. Elle n’est plus favorable à ce que n’importe qui trouve refuge en Europe, fait valoir le journal pour qui il ne s’agit pas de faire de l’UE une forteresse hermétique, mais de parvenir à faire baisser l’afflux de migrants de manière responsable. « Il faut que l’Europe arrive à s’entendre là-dessus, afin que la paix intérieure soit préservée », exhorte le journal « car une Union européenne qui s’étrille sur les questions migratoires ne sera pas non plus en mesure d’avancer sur d’autres sujets, ce qui ne rend service à personne ».

Conseil européen/Brexit

La Frankfurter Allgemeine Zeitung juge que les négociations avec la Grande-Bretagne devraient dominer le Conseil européen, bien davantage que les questions migratoires. Dans une tribune que publie le Handelsblatt, le président de la fondation Bertelsmann, Aart de Geus,  met en garde contre la perte considérable pour l’UE et pour l’Allemagne que constituerait une sortie de la Grande-Bretagne. Appelant à faire preuve d’ouverture et de compréhension envers les revendications britanniques, au motif que le désamour de l’Europe déborde largement les frontières du Royaume-Uni, il encourage aussi les Européens à se libérer du joug de l’intégration pour privilégier l’approfondissement au moyen de l’instrument des coopérations renforcées qui devrait selon lui être davantage mis en œuvre. La FAZ publie pour sa part une tribune de Matthias Wissmann, président de la fédération de l’industrie automobile allemande, qui appelle également les Européens à « faire tout leur possible pour conserver la Grande-Bretagne dans l’UE ». Outre le risque économique, M. Wissmann attire l’attention sur le risque politique que constituerait pour l’UE la perte d’un partenaire muni d’une telle expertise diplomatique et militaire, membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU et indispensable pour la conduite de la politique étrangère et de sécurité européenne.

  1. Allemagne

« L’AfD à 17% dans les sondages » (FAZ) – « l’AfD devant le SPD lors des élections ? » (Bild)

La presse fait état du dernier sondage Infratest-dimap qui crédite l’AfD de 17% des intentions de vote lors du scrutin régional en Saxe-Anhalt, le 13 mars. Selon cette enquête, le parti obtiendrait jusqu’à 30% d’opinions favorables auprès des électeurs de moins de trente ans. D’après Infratest-dimap, créditée de 32%, la CDU reste le premier parti dans le Land, son actuel partenaire de coalition SPD étant crédité de 18%, derrière Die Linke (20%). Les Verts se situeraient aux alentours de 5%. Le tabloïd Bild ajoute qu’en Bade-Wurtemberg (où des élections ont également lieu le 13 mars), l’AfD est créditée de 10,5% et que les sociaux-démocrates sont descendus à 15%. Comme d’autres journaux, le tabloïd indique que les scrutins régionaux pourraient conduire à une déroute du SPD.

  1. International

Proposition française de conférence internationale sur le conflit israélo-palestinien : « offensive et prompt revers de fortune » (Süddeutsche Zeitung)

Dans une correspondance de Tel Aviv, la Süddeutsche Zeitung fait part des réserves du gouvernement israélien sur notre projet de conférence internationale sur le processus de paix. « Le gouvernement d’Israël ne veut pas prendre part au jeu », écrit le quotidien de Munich qui met en avant que rapidement après la présentation de cette initiative à Jérusalem, le premier ministre israélien l’a qualifiée d’« énigmatique ». Le journal regrette que la perspective d’une reconnaissance de l’Etat palestinien en cas d’échec de la conférence puisse conduire les autorités palestiniennes à faire obstacle aux négociations : « il n’est pas surprenant que les Palestiniens aient accueilli très positivement le projet de conférence, y compris son possible échec [car] une reconnaissance de la Palestine par le gouvernement français serait un énorme succès pour les autorités palestiniennes […] et pourrait avoir un effet domino au sein de l’Union européenne », fait valoir la Süddeutsche Zeitung.

Crise politique en Ukraine : « à bout de patience » (Süddeutsche Zeitung)

La presse continuer de s’alarmer de la crise politique en Ukraine qui vient s’ajouter au conflit sur son front oriental. Dans leurs commentaires, les journaux craignent que le pays ne soit au bord d’une nouvelle révolution et s’interrogent sur les perspectives d’avenir du président Petro Porochenko. « Plus de dix ans après la fameuse révolution orange, Kiev se trouve à nouveau dans l’impossibilité de répondre aux espoirs de démocratie et de stabilité de sa population », déplore la Süddeutsche Zeitung qui s’inquiète également de la persistance d’une corruption endémique dans le pays. Regrettant le manque de réformes en Ukraine, le journal conclut que « Porochenko n’ayant plus beaucoup de crédit, que ce soit auprès des Européens ou auprès de sa population, il pourrait être une nouvelle fois un président de l’échec s’il ne remporte pas de succès politique dans les prochains mois ». Le Handelsblatt juge également que l’Ukraine est au bord du précipice, non seulement sur le plan politique, mais sur le plan économique en raison des fortes baisses des investissements dans le pays.

  1. France

Compte-rendu d’interview du président du groupe Atos, Thierry Breton, dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung : « nous avons besoin d’un fonds pour la sécurité »

Dans un compte rendu d’entretien, la Frankfurter Allgemeine Zeitung indique que le président du groupe Atos et ancien ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Thierry Breton, a présenté un plan pour le financement d’un fonds européen pour la sécurité et la défense, qui devrait parallèlement conduire à un désendettement massif des budgets nationaux en mutualisant une partie de la dette. Le quotidien de Francfort ajoute que ce fonds devrait aussi permettre de financer de nouveaux projets européens pour la sécurité et la défense, notamment « les centres de réfugiés aux frontières de l’Europe, la lutte contre le terrorisme et des projets militaires communs ». Indiquant avoir déjà présenté son plan au gouvernement français, T. Breton affirme vouloir également convaincre le gouvernement allemand « car [ce projet] ne peut avoir véritablement une chance de réussir que s’il s’agit d’une proposition franco-allemande ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung estime que ce serait la France qui profiterait le plus de ce fonds, contrairement à l’Allemagne dont les dépenses en matière de défense sont plus faibles. T. Breton en appelle à la responsabilité européenne, note le journal./.