Synthèse de la presse quotidienne

25 février 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin

1. La réunion hier à Vienne de l’Autriche et de pays des Balkans sur la crise migratoire fait les gros titres de la presse : « l’Autriche et les pays des Balkans veulent considérablement réduire le flux migratoire » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « le sommet Balkans de Vienne divise l’Europe » (Süddeutsche Zeitung) ; « les pays des Balkans mettent fin à la politique du ‘laisser passer’ » (Die Welt). Le Tagesspiegel consacre sa Une au fait que « les Länder sont favorables à davantage de fermeté contre l’extrême-droite » dans la perspective de la réunion Etat fédéral-Länder organisée par le ministre fédéral de la Justice Heiko Maas le 17 mars prochain à Berlin.
2. Allemagne

« La CDU divisée sur la politique migratoire : certains entrevoient des signes annonciateurs d’un changement de cap de la chancelière » (Tagesspiegel)

Evoquant l’atmosphère confuse dans laquelle s’est déroulée la réunion hebdomadaire du groupe parlementaire CDU/CSU mardi, le Tagesspiegel rapporte que des réserves ont été émises dans les rangs conservateurs sur le choix de la chancelière de miser sur la Turquie pour résoudre la crise migratoire en Europe. Alors que le ministre des Finances Wolfgang Schäuble plaidait pour une réduction à tout prix du flux migratoire, y compris par la coopération avec Ankara, le président de la commission des affaires étrangères Norbert Röttgen a affirmé que la Turquie ne saurait être considérée comme un partenaire en raison de la manière dont elle traite les chrétiens et les Kurdes. Le débat a été attisé par un projet de mention relançant le débat sur la reconnaissance du génocide arménien relève le journal. « Si le sommet extraordinaire avec la Turquie du 7 mars ne permet pas d’avancées concrètes, ce sont des temps difficiles qui vont s’ouvrir pour Mme Merkel au sein de sa majorité », conclut le quotidien.

« Seehofer bloque des réformes importantes de la coalition » (Süddeutsche Zeitung)

« C’est à nouveau une grande dispute qui secoue la coalition parce que la CSU a créé la surprise en faisant barrage à deux projets de loi qui semblaient faire l’objet d’un consensus au sein du gouvernement : le projet de loi réformant les droits de succession et celui destiné à réguler le travail en intérim et les contrats de tâche. La ministre en charge du travail, Andrea Nahles (SPD), a reproché à la CSU de se livrer à des jeux tactiques », souligne la Süddeutsche Zeitung, tandis que la FAZ note que sur fond de crise migratoire, le climat au sein du gouvernement se fait de plus en plus délétère. Dans un commentaire, le quotidien de Francfort juge qu’une fois de plus le chef de la CSU, Horst Seehofer, « met en cause la capacité de la chancelière à gouverner ». Alors que son parti se présente volontiers comme l’allié des entreprises, cette fois il « prend ces dernières en otage » à des fins de politique politicienne.

3. Europe

« Le sommet des Balkans organisé par Vienne divise l’Europe » (Süddeutsche Zeitung)

La réunion ministérielle à Vienne de l’Autriche et des pays des Balkans se situant sur la route des migrants suscite une abondante couverture de presse. « Les pays des Balkans disent stop au transit des réfugiés », titre Die Welt à la Une ; pour le tabloïd Bild, « dix pays forgent un pacte anti-réfugiés ». Dans leurs commentaires, les quotidiens se gardent toutefois de condamner de façon univoque les participants, même si l’organisation de la réunion par Vienne suscite des craintes. « Il y a déjà eu de nombreuses tentatives de diviser l’Union européenne, vieille Europe/nouvelle Europe lors de la guerre d’Irak par exemple, ou encore l’Union de la Méditerranée voulue par l’ancien président français Sarkozy ; à présent, c’est l’Autriche qui s’y met », déplore la Süddeutsche Zeitung, tandis que Die Welt voit même le retour de la « monarchie danubienne », par opposition à Bruxelles et Berlin misant sur la Turquie et la Grèce. Tandis que la Süddeutsche Zeitung estime que « seule l’ensemble de l’UE peut apporter des réponses satisfaisantes à la crise migratoire », la Frankfurter Allgemeine Zeitung fait valoir que « Vienne a fait un pas dans la bonne direction en portant assistance à des pays politiquement et économiquement fragiles ». A l’instar de la tageszeitung, les commentateurs soulignent que c’est la Grèce qui risque d’être définitivement déstabilisée si les réfugiés sont bloqués sur son territoire.

Interview de Viktor Orban dans Bild

S’expliquant dans le tabloïd Bild sur les raisons qui le poussent à organiser un référendum sur le plan européen de relocalisation des réfugiés au sein de l’UE, le Premier ministre hongrois reproche à l’Allemagne son ton « abrupt, grossier et agressif » dans la crise migratoire, estimant que Berlin s’est lancé dans une « expérience » non recommandable pour les autres Etats européens (« quand on attire en masse dans son pays des migrants du Proche-Orient non enregistrés, on importe aussi le terrorisme, la criminalité, l’antisémitisme et l’homophobie »). « La politique allemande des réfugiés n’est pas sans alternative », insiste-t-il. Viktor Orban fustige « la culture de rupture des traités » tolérée par la commission européenne : « critères de Maastricht, Schengen, Dublin, rien n’est plus respecté. Si nous ne respectons pas les traités, l’Europe va se désintégrer ». Il considère par ailleurs « ne rien devoir à l’Allemagne », contributeur net du budget européen dont bénéficie largement la Hongrie : « nous avons remboursé prématurément nos emprunts européens et ouvert notre marché à l’UE, nous sommes quittes ». Le Premier ministre hongrois déplore enfin le fait que l’Union européenne adopte une attitude de « mendiante » implorant la protection de la Turquie pour ses frontières extérieures contre des promesses d’argent : « nous remettons la sécurité et l’avenir de l’Europe entre les mains de la Turquie ».

Projet de fusion de Deutsche Börse et London Stock Exchange

Le Handelsblatt applaudit, dans un éditorial, le projet de rapprochement des bourses de Francfort et de Londres, estimant que « ce sont eux les vrais Européens » et qu’une telle fusion s’impose dans un contexte international toujours plus concurrentiel, « où la Deutsche Börse pourrait éventuellement survivre mais LSE en aucun cas ». « C’était pour le patron français de LSE une question de survie de sa société », approuve le quotidien en espérant que les autorités européennes de la concurrence ne se mettront pas en travers du projet d’un « groupe financier européen puissant et rayonnant au niveau mondial ». La Süddeutsche Zeitung estime également que ce rapprochement serait un « signal pour l’Europe » ayant une « grande signification à plusieurs égards » : « à court terme, comme signal contre le Brexit, et à long terme pour concrétiser une union des marchés de capitaux en Europe ».

4. International

Libye/France : « des troupes d’élite chassent l’EI en Libye » (Die Welt)

 

La Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Welt rapportent les affirmations du Monde, selon lesquelles la France conduirait des opérations spéciales en Libye. « Des troupes d’élite françaises aident, selon un journal, à pourchasser des combattants de la milice extrémiste Etat islamique en Libye ; des unités des forces spéciales et de la DGSE, participent aux côtés des Etats-Unis et du Royaume-Uni, à des opérations couvertes contre les islamistes radicaux dans ce pays d’Afrique du Nord », écrit Die Welt, qui précise que « le président François Hollande aurait autorisé des actions militaires non-officielles pour freiner l’extension de la milice dans ce pays en proie à la guerre civile. […] L’engagement au sol des unités françaises aurait notamment pour objectif de préparer des actions ciblées contre des commandants de Daech ». Le quotidien de Berlin indique que d’après des blogueurs spécialisés, des unités françaises auraient été aperçues sur le terrain depuis la mi-février. La FAZ relaie par ailleurs l’annonce par les autorités libyennes de la libération de la ville de Benghazi qui était jusqu’à présent occupée par le groupe djihadiste. Le journal de Francfort salue la libération de la ville en mettant en garde contre une « victoire à la Pyrrhus » dans l’hypothèse où un gouvernement d’union nationale ne serait pas rapidement mis en place.

 

COP21 : « à la recherche de nouveaux soldats du climat » (tageszeitung)

 

Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung consacre un article au renouvellement de l’équipe dirigeante des négociations internationales sur les dérèglements climatiques avec l’arrivée de Ségolène Royal à la présidence de la COP21, le départ prochain de la secrétaire exécutive de la CCNUCC Christiana Figueres et la fin du mandat du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon en décembre 2016. La taz souligne que « la mise en œuvre de l’accord de Paris repose maintenant sur une nouvelle génération de diplomates et d’hommes politiques ». Le journal note en outre que l’actuel directeur général du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Achim Steiner, quittera prochainement ses fonctions et que plusieurs candidats sont pressentis pour lui succéder : le co-président du comité de négociation de la COP21 Ahmed Djoghlaf, le ministre péruvien de l’Environnement Manuel Pulgar Vidal, et le secrétaire d’Etat allemand à l’Environnement Jochen Flasbarth./.