Synthèse de la presse quotidienne
26 février 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Les difficultés de l’Union européenne à gérer la crise migratoire font les gros titres de la presse : « escalade dans la querelle entre Vienne et Athènes sur la politique des frontières » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « le tournant dans la politique migratoire s’approche » (Süddeutsche Zeitung) ; « l’Europe dérive vers le chaos » (Tagesspiegel). Die Welt cite le maire de Thessalonique « nous ne pouvons pas séquestrer les gens ». Le Handelsblatt met à sa Une le départ sur une série de succès du pdg de Bayer. Le quotidien économique consacre son dossier du week-end à la « classe moyenne allemande oubliée ».
- Allemagne
« La CDU/CSU et le SPD adoptent le second paquet législatif sur le droit d’asile » (FAZ)
La presse fait état de l’adoption hier à une large majorité (429 voix pour, 147 contre et 4 abstentions) d’une série de mesures décidées par la coalition fin janvier visant à durcir les conditions d’asile. Les mesures prévoient notamment de durcir les conditions du regroupement familial pour les migrants bénéficiant de la « protection subsidiaire » qui n’auront plus le droit pendant deux ans de faire venir leur famille.
« Gabriel s’attend à 3,6 millions de réfugiés d’ici à 2020 » (Die Welt)
Sous ce titre, le quotidien conservateur reprend des informations de la Süddeutsche Zeitung basées sur des prévisions internes émanant du ministère fédéral de l’économie. Selon ces calculs, entre 2016 et 2020, l’Allemagne pourrait être amenée à accueillir en moyenne 500 000 réfugiés par an. A l’instar de Bild qui écrit « il n’y a presque plus de réfugiés qui arrivent en Allemagne, mais qu’en est-il de l’UE ? », plusieurs journaux relèvent la forte diminution des entrées sur le territoire allemand (de l’ordre de 100 à 150 personnes par jour selon les chiffres communiqués par la police) en raison de la fermeture de la route des Balkans.
- Europe
« Escalade dans la querelle entre Vienne et Athènes sur la politique des frontières » (FAZ) – « l’Europe dérive vers le chaos » (Tagesspiegel)
Les quotidiens ne cachent pas leur inquiétude face à la montée des tensions entre la Grèce et l’Autriche suite à la convocation par l’Autriche d’une rencontre avec plusieurs pays des Balkans dont la Grèce a été exclue. Plusieurs journaux notent que la Grèce a provisoirement rappelé pour consultations son ambassadeur à Vienne, le Handelsblatt citant aussi le ministre grec de l’intérieur qui lors du conseil JAI a fait valoir que son pays « n’acceptera pas d’être le Liban de l’Europe ». Die Welt relève que le SPD a mis en garde les Européens contre le tentation de laisser la Grèce faire face seule à la crise migratoire. « Quand 11 millions de Grecs sont supposés résoudre la crise à laquelle sont confrontés 500 millions d’Européens, c’est une manière de reporter le problème sur le plus faible », a déclaré le président du groupe parlementaire SPD, Thomas Oppermann. Le président du SPD, Sigmar Gabriel, a de son côté insisté sur le fait qu’il fallait éviter une « noyade » de la Grèce. Le Tagesspiegel note qu’à l’adresse de son homologue autrichienne le ministre fédéral de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU) a mis en garde contre le recours à des mesures nationales « nuisibles pour tous ». Le tabloïd Bild évoque de son côté la volonté de Thomas de Maizière de coopérer plus étroitement avec son homologue suédois en matière de reconduite à la frontière par des vols charter communs vers l’Afghanistan.
Dans un entretien à Die Welt, l’ex-ministre-président bavarois Edmund Stoiber juge indispensable un changement de cap en politique migratoire européenne qui se traduirait par la fixation d’un plafond en matière d’accueil de réfugiés et des zones de transit aux frontières. « La politique d’ouverture des frontières a conduit au fait que pour beaucoup de pays européens, non seulement à l’Est, mais aussi par exemple en Italie ou en France, le problème migratoire a été compris avant tout comme un problème allemand », déclare-t-il en faisant état de sa « déception » face aux déclarations du Premier ministre français sur le fait que la France n’accueillerait pas davantage de réfugiés. « La situation actuelle en Europe a pour effet de renforcer les partis d’extrême droite », déplore-t-il en outre.
Dans leurs commentaires, la FAZ et la Berliner Zeitung interprètent l’initiative autrichienne d’une réunion avec plusieurs pays des Balkans comme l’illustration que le gouvernement de Vienne ne croit plus aux chances de réussite à moyen terme du plan que la chancelière appelle de ses vœux, à savoir un renforcement de la coopération avec la Turquie. Estimant que la démarche autrichienne constitue non seulement une « inconvenance protocolaire », mais encore une « lourde faute car la Grèce détient la clef de l’Europe méridionale », Die Welt s’inquiète de ce qui va suivre et juge que c’est à présent l’Europe qui est en jeu. Pour la Süddeutsche Zeitung qui évoque l’échéance du 7 mars, « la Turquie n’est certes pas le partenaire idéal, mais force est de reconnaître qu’il n’y a depuis longtemps plus de solution idéale pour l’Europe ». Estimant le temps du réalisme venu, le quotidien de Munich veut encore croire aux chances du plan turc pensé par Berlin, à condition toutefois que personne ne cède à la panique car cela va prendre du temps avant que la coopération avec Ankara ne porte ses fruits. « Celui qui, comme les Autrichiens, entre autres, cherche à fermer à toute vitesse ses frontières s’assure quelques voix électorales, mais ne fait que reporter le problème sur la Grèce et rendre un solution encore plus difficile », considère le quotidien.
- International
« Je suis fier de l’OTAN », tribune de Jens Stoltenberg dans Die Welt
Le secrétaire général de l’OTAN salue dans Die Welt l’implication de l’Alliance atlantique dans la gestion de la crise migratoire. L’OTAN combat depuis des années les racines de l’exode au travers de ses opérations de gestion de crise, estime J. Stoltenberg qui salue la grande réactivité des alliés face à la demande d’intervention en mer Egée de l’Allemagne, de la Turquie et de la Grèce. L’OTAN ne se substitue pas aux autorités nationales, n’arrête ni ne repousse les demandeurs d’asile, elle ne militarise donc pas la crise, insiste le secrétaire général de l’OTAN qui met en avant une coopération « plus rapide et plus étroite que jamais » avec l’UE, notamment l’agence Frontex.
Réunion des ministres des Finances du G20 à Shanghai
Dans un éditorial, la Süddeutsche Zeitung indique que Wolfgang Schäuble voudra mettre la question de la crise migratoire à la table du G20 de Shanghai. Il n’est pas certain que le ministre allemand convainque ses homologues, mais la crise des réfugiés en Europe, qui a une dimension mondiale, peut être l’occasion de relancer, voire de faire renaître le G20, juge le quotidien de Munich. Les pays du G20 qui rassemblent 90% de la population mondiale devraient se saisir collectivement du dossier des migrations économiques, alors que « l’Union européenne offre le triste exemple d’une alliance que l’on croyait stable et qui peut soudainement s’émietter quand de trop longues voies d’évitement nationales sont privilégiées ».
« J’ai confisqué les entreprises publiques aux oligarques », interview du Premier ministre ukrainien dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung
Arseni Iatseniouk commente, dans une interview à la FAZ, les difficultés de sa coalition, sa chute de popularité et ses relations avec le président Porochenko. Le premier ministre ukrainien estime « payer le prix » pour ses réformes, la lutte contre la corruption et la remise à flot budgétaire du pays et se juge seul crédible aujourd’hui pour discuter avec le FMI. Soulignant qu’il considère toujours le président ukrainien comme un partenaire, il reproche néanmoins à P. Porochenko et à certains de ses fidèles de tenter de bloquer des réformes.
Après Die Welt et la Frankfurter Allgemeine Zeitung hier, la Süddeutsche Zeitung relaie ce matin les affirmations du Monde sur la présence de forces spéciales françaises en Libye.
- France
« Les voisins radioactifs » (Handelsblatt)
« De nombreuses centrales nucléaires aux frontières de l’Allemagne sont source d’inquiétude. Une étude met en garde contre les déficits en matière de sûreté de la centrale de Cattenom », écrit le quotidien économique sur la base d’un rapport d’expert non public à ce stade rédigé à la demande du groupe parlementaire des Verts. Selon l’expert en sûreté nucléaire, Manfred Mertins, Cattenom ne satisfait pas aux standards européens en la matière. « En raison de leur proximité avec la France, en cas d’accident la Sarre et la Rhénanie-Palatinat en subiraient les premières les conséquences », écrit le journal qui cite aussi le co-président du groupe des Verts au Bundestag, Anton Hofreiter, selon qui « Cattenom n’est pas un cas isolé », de nombreux pays en Europe continuant de faire fonctionner de vieux réacteurs. Selon lui, « il est grand temps que le gouvernement fédéral plaide en faveur de mesures de sécurité contraignantes et pour la mise à l’arrêt des pires réacteurs ». Dans un commentaire, le Handelsblatt enfonce le clou : « le temps est venu de contrôles réguliers au niveau européen, couplés à des critères de sécurité contraignants et à la possibilité de mettre à l’arrêt les réacteurs les plus dangereux »./.