Aujourd’hui en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

4 mars 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’appel lancé depuis Athènes par Donald Tusk fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung et de la Süddeutsche Zeitung (« Tusk aux migrants économiques : ‘ne venez pas en Europe !’ »). Die Welt met à sa Une un sondage qui montre que « les Allemands ne considèrent plus que l’Europe est unie » dans le contexte de la crise migratoire. Le Tagesspiegel juge qu’à Karlsruhe, « les juges doutent de la dangerosité du NPD », le parti néo-nazi qui fait l’objet d’une procédure d’interdiction. Le tabloïd Bild révèle pour sa part qu’une adolescente de 15 ans radicalisée a agressé au couteau un policier à Hanovre le 27 février dernier.
  2. Allemagne

« Soldat de Dieu à 15 ans ? «  (Die Welt) – « un signal d’alarme adressé à tous » (Bild)

La presse fait état de l’arrestation d’une mineure germano-marocaine de 15 ans qui, lors d’un contrôle de routine à la gare de Hanovre, le 27 février, a agressé au couteau un policier. Près d’une semaine après les faits, le parquet de Hanovre a confirmé la motivation politique et religieuse de cette agression, indique Die Welt qui fait état de la fréquentation par la jeune femme de la scène salafiste. Le tabloïd saisit cet incident pour appeler les forces de police et les services secrets à la plus grande vigilance et à la détermination dans la lutte contre l’islamisme. « C’est aussi un signal d’alarme qui s’adresse aux responsables politiques et à l’ensemble de la société », poursuit Bild : « accueillir des centaines de milliers de réfugiés ne suffit pas ; le vrai défi demeure celui de l’intégration, y compris pour les 2ème et 3ème générations ».

  1. Europe

Crise migratoire : « Tusk en appelle aux migrants économiques : ‘ne venez pas en Europe !’ » (FAZ)

La presse se fait largement l’écho de l’appel lancé depuis la Grèce par le président du Conseil européen aux migrants économiques. Les journaux soulignent aussi que Donald Tusk a fait valoir que l’Union européenne ne laisserait pas tomber la Grèce. Dans un commentaire, la FAZ salue le « langage clair » du président du Conseil européen que les responsables politiques allemands devraient, selon le journal, eux aussi adopter.

Dans un entretien au quotidien Die Welt, le commissaire européen aux affaires intérieures, Christos Avramopoulos, fait état des premiers résultats positifs observés dans la coopération entre la Grèce et la Turquie, la Turquie ayant ces derniers jours repris à la Grèce 300 migrants illégaux, souligne-t-il. « La Grèce a jusqu’au 12 mai pour assurer la protection des frontières extérieures de l’UE. Ensuite, nous ferons le bilan et si aucun progrès substantiel n’a été constaté, nous envisagerons sans hésitation des mesures destinées à prolonger en Europe les contrôles aux frontières », fait-il valoir. Dans un entretien à la Süddeutsche Zeitung, le Premier ministre néerlandais et président en exercice de l’UE, fait état de ses attentes à l’égard du sommet de lundi. Selon lui, la Turquie est en mesure de faire davantage, notamment en matière de lutte contre les passeurs en Méditerranée, ce qui contribuerait à une baisse significative de l’afflux de réfugiés.

Dans un commentaire, le Handelsblatt qualifie la rencontre de lundi de « sommet de la dernière chance » pour la chancelière désireuse de pouvoir présenter au moins une petite avancée sur la voie de la solution européenne qu’elle appelle de ses vœux. Les perspectives de succès sont loin d’être au beau fixe, Erdogan risque d’exiger le prix fort et même si Mme Merkel est prête à payer, le problème demeure qu’une majorité de pays européens refusent de la suivre. « Sa coalition des volontaires est en train de s’effriter et son partenaire le plus important, la France, la laisse en plan ». Pour le quotidien, il y a fort à parier que la rencontre d’aujourd’hui entre le président de la République et la chancelière ne servira qu’à « réaffirmer poliment l’importance de la coopération franco-allemande car Hollande n’est pas disposé à prendre en charge une partie des réfugiés de Merkel ». Dans son éditorial de première page intitulé « des partenaires dépourvus de plan » et centré sur la rencontre d’aujourd’hui à Paris entre le président et la chancelière, le Tagesspiegel se montre lui aussi peu optimiste sur les chances du sommet de lundi de déboucher sur davantage qu’un consensus a minima qui consisterait à permettre aux seuls migrants méritant protection de franchir les frontières extérieures de l’UE. « Ce serait vraiment peu pour deux partenaires (la France et l’Allemagne) qui ont fait preuve dans le passé de leur capacité à gérer une crise telle que celle de la dette » et « l’ironie du sort a voulu que Mme Merkel se rende en France au moment où le recul de la France, longtemps premier partenaire commercial de l’Allemagne, est confirmé par des chiffres ». La rencontre de ce jour intervient certes à point nommé pour une chancelière qui, à peu de temps de scrutins régionaux importants, s’efforce de montrer à l’opinion publique qu’elle n’est pas isolée en Europe, mais le fait que la France soit disposée à prendre en charge uniquement 30 000 réfugiés dans le cadre du plan européen est « tout sauf glorieux », juge le journal.

Par ailleurs, le tabloïd Bild publie une photo d’un camp vide d’une capacité d’accueil de 3 000 places à une vingtaine de kilomètres d’Idomeni, où se massent actuellement des réfugiés.  Pour justifier le récent changement de ton de la chancelière, qui a insisté sur les capacités d’accueil en Grèce, Bild souligne que contrairement à la situation d’urgence à laquelle a été confrontée la Hongrie cet été, des capacités d’hébergement existent en Grèce, mais les migrants, désireux de poursuivre leur route vers le nord, les délaissent. Le Handelsblatt attire de son côté l’attention sur le fait que la fermeture de la route des Balkans conduit passeurs et migrants à chercher une autre voie, celle qui longe la mer adriatique et partirait de Grèce pour aboutir en Italie, via l’Albanie. Le journal indique que selon l’agence Frontex les franchissements de la frontière albanaise sont en augmentation, ce qui constitue une source d’inquiétude étant donné les faibles capacités d’accueil du pays économiquement aux abois.

« Les Allemands perdent foi en l’Europe » (Bild)

Le tabloïd Bild fait état du dernier sondage YouGov  selon lequel seuls 33% des Allemands envisagent avec optimisme l’avenir de l’Europe, 60% se montrant pessimistes. Ceci est le plus mauvais résultat enregistré depuis 2012, indique le journal qui souligne que parmi les 7 pays européens sondés, seuls les Français se montrent encore plus pessimistes (65%), seuls 26% des personnes interrogées se montrant confiantes.

Dans un article se basant sur un sondage Emnid, Die Welt fait valoir qu’une large majorité d’Allemands (79%) ne croient pas à la solution européenne préconisée par la chancelière pour résoudre la crise migratoire. a la question « que doit faire l’Allemagne si le sommet échoue ? », une majorité de 56% se déclarent favorables à une réduction des fonds alloués aux Etats membres.

« Paris menace Londres d’ouvrir les frontières » – « Londres promet à Paris des millions pour le tunnel sous la Manche » (FAZ)

La France a mis en garde la Grande-Bretagne contre les conséquences d’une sortie de l’UE », rapporte la FAZ sur la base des propos du président de la République. Le journal ajoute qu’en amont de la rencontre d’hier à Amiens, dans un entretien au Financial Times, M. Macron s’était montré plus explicite en suggérant que la France pourrait cesser de retenir les migrants à Calais. Le quotidien rapporte également que David Cameron a promis une aide de 22 millions d’euros à la France pour assurer la sécurité de l’entrée du tunnel sous la Manche et celle du port de Calais.

Dans un commentaire, la FAZ s’interroge sur la pertinence de la démarche de M. Macron qui cherche à influencer le vote du 23 juin au Royaume-Uni, même si, estime le journal, il est nécessaire de rappeler aux partisans d’un Grexit qu’une telle opération n’est pas sans coût. Interprétant également les propos du ministre de l’économie comme une manière de faire pencher la balance en faveur du maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE, la Berliner Zeitung considère néanmoins que le financement britannique destiné à empêcher les migrants de franchir la Manche est une « mesure symbolique et inefficace ».

  1. International

Ukraine : réunion des ministres des Affaires étrangères en format Normandie à Paris

En raison de l’heure tardive de la rencontre, la presse écrite ne rend pas encore compte de la réunion ministérielle en format Normandie hier à Paris. Les déclarations du ministre fédéral des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qui a mis en garde contre le risque d’une « nouvelle escalade en Ukraine » et qui a pointé du doigt un « manque de sérieux » de la Russie et de l’Ukraine dans les négociations, est mis en avant dans les médias en ligne et audiovisuels. L’édition en ligne de la Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que le Ministre a mis en avant l’entente entre les parties sur la nécessité d’organiser des élections dans l’Est de l’Ukraine d’ici la fin du premier semestre 2016.

  1. France

Incident de la centrale nucléaire de Fessenheim

La chaîne ARD et la Süddeutsche Zeitung affirment que l’Autorité de sûreté nucléaire et EDF auraient minimisé la gravité d’un incident survenu à Fessenheim en avril 2014, qui aurait pu être « l’un des plus graves incidents nucléaires en Europe occidentale », le contrôle du réacteur ayant été momentanément perdu. La Süddeutsche Zeitung indique tenir ses informations d’une lettre envoyée par l’ASN au chef de la centrale à l’époque qui met en avant « le déroulé des défaillances et du chaos technique » de l’incident. Après avoir constaté que l’eau de refroidissement débordait, le personnel de la centrale « aurait alors essayé de mettre en mouvement des barres de commande du réacteur numéro 1 qui sont des tubes contenant du liquide d’absorption, (…) [mais] ces barres auraient été alors apparemment impossibles à actionner ». « Il aurait été en même temps constaté que l’eau contenue dans les armoires électriques de sécurité aurait provoqué l’arrêt de l’un des deux systèmes de sécurité et l’équipe de crise qui avait été appelée aurait alors décidé d’arrêter le réacteur et de le stopper avec une injection de bore dans le système de refroidissement », rapporte le quotidien, qui révèle que ce dernier élément n’a pas été mentionné dans le rapport sur l’incident et que même le système d’arrêt d’urgence via l’injection « n’aurait pas été complètement fonctionnel ». Dans le même quotidien, la co-présidente des Verts, Simone Peter, déclare que cet incident de 2014 montre « une nouvelle fois que la situation actuelle des centrales nucléaires n’est pas acceptable »./.