Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

7 mars 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Les enjeux du sommet UE/Turquie font les gros titres de la presse : la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« le parti kurde de Turquie prévient l’Europe du risque d’une nouvelle vague de réfugiés ») et la Berliner Zeitung (« les responsables politiques de l’UE prennent leur distance avec la Turquie ») mettent en avant les risques liés à la politique d’Erdogan ; Der Tagesspiegel croit savoir qu’à l’occasion du sommet, « l’UE ne veut pas rouvrir la route des Balkans ». Die Welt, sous le titre « l’Europe, union des égoïstes » dresse un portrait sombre des divisions de l’Europe à sa Une. Les dernières informations sur le scandale Volkswagen montrant que la direction de l’entreprise avait été informée très tôt des faits incriminés sont à la Une de la Süddeutsche Zeitung (« l’explication qui traîne ») et du Handelsblatt (« le cas Winterkorn »).
  2. Europe

Crise migratoire/avant-papiers sur le sommet UE/Turquie : « l’UE ne veut pas rouvrir la route des Balkans » (Tagesspiegel)

A l’instar du quotidien berlinois Tagesspiegel qui s’appuie sur des sources diplomatiques européennes, plusieurs journaux avancent que la décision de fermer la route des Balkans aux demandeurs d’asile devrait figurer dans le communiqué final à l’issue de la rencontre d’aujourd’hui.

Outre cet aspect la presse se fait largement l’écho des appels de plusieurs responsables politiques allemands et européens à se montrer critique envers la Turquie en raison de la mise sous tutelle par les autorités turques du quotidien Zaman. Dans un entretien au Tagesspiegel d’hier, le président du parlement européen Martin Schulz a appelé à un « langage clair », estimant que la Turquie « est en passe de rater une chance historique de rapprochement avec l’Union européenne ». Dans des propos recueillis par la Berliner Zeitung de ce jour, le député européen Manfred Weber qualifie d’« inacceptable » la démarche des autorités turques et fait valoir que « même si la Turquie est un partenaire important pour résoudre la crise migratoire, ceci ne signifie pas que l’on ferme les yeux ». Dans un entretien à la FAZ, Cem Özdemir, co-président des Verts, critique en outre l’absence de stratégie de la chancelière envers la Turquie. « Mme Merkel ne s’est jamais vraiment intéressée à la Turquie, mais maintenant que le pays évolue dans la mauvaise direction et que nous en avons urgemment besoin dans la crise migratoire, elle ne parvient pas à trouver le ton approprié entre aide nécessaire et fermeté à l’égard des dérapages turcs en politique intérieure », déclare-t-il avant d’appeler à un renouveau radical dans les relations entre l’UE et la Turquie afin d’éviter que le pays ne s’éloigne encore davantage de l’Occident. Consacrant ses gros titres aux mises en garde du parti kurde HDP contre le risque d’exode massif des populations kurdes en raison des atteintes aux droits de l’homme dans les territoires kurdes de Turquie, la FAZ signale que dans des propos au quotidien bavarois Passauer Neue Presse, le ministre fédéral de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), met l’accent sur les efforts déployés jusqu’ici par la Turquie dans la crise migratoire et estime que « nous ne devons pas chercher à jouer les arbitres pour le monde entier en matière de droits de l’homme ».

Dans son commentaire du jour, le tabloïd Bild fait le constat que la Turquie « détient la clef de la crise » qui se joue actuellement et que le sommet d’aujourd’hui montre sans fard l’état de faiblesse de l’Union européenne. « Bruxelles et les Etats membres sont dépendants du bon vouloir d’Ankara qui peut ouvrir ou fermer les frontières vers l’Europe. L’UE en position de quémandeuse et non de global player, ce n’est pas une perspective enviable mais dans la crise migratoire, c’est la dernière chance », écrit le journal. Estimant déjà suffisamment grave la faiblesse de l’UE et sa division en raison de cavaliers seuls successifs, le Handelsblatt appelle de son côté les Européens à ne pas « sacrifier leurs valeurs » face au « partenaire difficile » qu’est la Turquie. Pour le Tagesspiegel, la crise actuelle ne saurait être résolue que là où elle a pris sa source, à savoir au Moyen-Orient et le sommet d’aujourd’hui ne saurait donc apporter de vraie solution, mais tout au plus permettre un petit pas en avant.

Brexit/tribune de Wolfgang Schäuble dans Die Welt am Sonntag

Dans une tribune parue hier dans Die Welt am Sonntag, le ministre fédéral des finances plaide en faveur du maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE. Selon Wolfgang Schäuble (CDU), la Grande-Bretagne a besoin de l’UE pour continuer à jouer dans le monde le rôle de premier plan qui est le sien et l’Europe a besoin de la Grande-Bretagne pour se réformer, mais aussi en raison de l’expérience irremplaçable dont peut se prévaloir la Grande-Bretagne en matière diplomatique et sur le plan de la politique étrangère et de sécurité.

  1. Allemagne

« Victoire de l’AfD lors des élections communales en Hesse » (FAZ)

Même si le résultat définitif du scrutin ne sera connu que jeudi, une partie de la presse signale déjà les scores supérieurs à 10% (voire 15%) réalisés par le parti AfD dans plusieurs villes de Hesse, dont notamment Wiesbaden et Kassel, sur fond de faible participation au scrutin (moins de 40%). A Francfort, la CDU, avec 24%, se situerait juste devant le SPD et les Verts (14%) auraient essuyé de lourdes pertes. Die Linke obtiendrait 8%. Dans leurs premiers commentaires en ligne, les journaux estiment que le succès de l’AfD a valeur de signal pour les élections de dimanche dans trois Länder. « Le score de l’AfD révèle que les électeurs se sont prononcés sur la politique migratoire du gouvernement », fait valoir la FAZ dans son édition locale.

4 International

Ukraine : réunion des ministres des Affaires étrangères en format Normandie à Paris

Dans un commentaire de son édition de samedi, la Frankfurter Allgemeine Zeitung dénonce « le jeu de mistigri » entre Russes et Ukrainiens pour savoir qui passera pour responsable, aux yeux de l’opinion, des délais dans la mise en œuvre de l’accord de Minsk à l’Est de l’Ukraine. Le quotidien appelle Berlin et Paris « à formuler, après les discussions de jeudi dernier, leurs prises de position de manière à ce que Moscou ne puisse pas donner le sentiment que c’est l’Ukraine qui freine », reprochant à F.-W. Steinmeier de trop s’exprimer comme un « arbitre » d’un « mauvais jeu », qui sert les seuls intérêts de Moscou. Dans un entretien avec la Berliner Zeitung, le co-président du dialogue germano-russe de Saint-Pétersbourg, Ronald Pofalla (CDU), s’inquiète de la « perte de confiance » entre Moscou et l’Occident et estime que l’Occident devra envisager une levée des sanctions si la Russie pousse les séparatistes à respecter le cessez-le-feu.

  1. France

« Nouvelle querelle sur l’incident de la vieille centrale nucléaire de Fessenheim » (FAZ)

Les éditions de ce week-end se sont fait l’écho des « révélations » de la Süddeutsche Zeitung et de la chaîne WDR vendredi sur l’incident qui a lieu en avril 2014 dans la centrale de Fessenheim. Les journaux indiquent que la ministre fédérale de l’Environnement, Barbara Hendricks (SPD), a rappelé qu’elle avait demandé la fermeture de la centrale et que la ministre-présidente de Rhénanie-Palatinat candidate à sa réélection dimanche prochain, Malu Dreyer (SPD), a écrit avec sa ministre de l’Environnement, Eveline Lemke (Verts), au président de la République pour lui demander la fermeture immédiate de la centrale. Quatre députés ont également écrit à Mme Royal indique la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les médias relaient par ailleurs l’appel des Verts allemands à organiser un sommet européen sur le nucléaire afin de fermer les centrales en Europe. Si la plupart des commentaires sont inquiets à l’égard de l’incident et fustigent le poids du « lobby nucléaire » en France (Berliner Zeitung), la FAZ, de façon isolée, ironise sur l’indignation que provoque chez les Verts et au SPD « cette vieille histoire, une semaine avant l’anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima et une semaine avant les élections régionales en Rhénanie-Palatinat et en Bade-Wurtemberg ».

Ce matin, la presse écrite et les médias audiovisuels mettent en avant l’annonce par la ministre du Logement et de l’Habitat durable, Emmanuelle Cosse, de la fermeture de la centrale dès 2016 « ce qui contredit » ce qu’avaient dit jusqu’à présent le président de la République et Mme Royal, qui avaient parlé de 2018, relèvent les journaux/.