Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

9 mars 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Les réactions au sommet UE/Turquie font les gros titres de la presse : « pour Mme Merkel, les perspectives d’un retour à une situation ordonnée sont tracées » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « le SPD complimente Mme Merkel, la CDU/CSU réagit froidement » (Süddeutsche Zeitung) ; « le gouvernement fédéral tempère les attentes turques » estime Die Welt qui met notamment en avant la prudence de plusieurs membres du gouvernement sur les perspectives d’adhésion à l’UE ; « veuillez attendre jusqu’au prochain conseil européen » (tageszeitung). Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une à la concurrence pour la Poste que représentent les livraisons d’Amazon (« attaque sur la Poste »).
  2. Allemagne 

Sommet UE/Turquie : « le SPD complimente Merkel, la CDU/CSU réagit froidement » (Süddeutsche Zeitung)

L’ensemble de la presse relaie les réactions de la classe politique allemande au compromis entre l’UE et la Turquie pour résoudre la crise migratoire. La FAZ consacre sa une aux propos de la chancelière qui a présenté l’accord comme « un pas très important » en matière de lutte contre l’immigration illégale vers l’Europe. La Süddeutsche Zeitung reprend les déclarations du chef du groupe parlementaire SPD, Thomas Oppermann, selon qui « tous ceux qui en Allemagne appelaient de leurs vœux une solution nationale et l’édification de frontières ont été contredits, une solution européenne avec la Turquie étant en vue », ce qui constitue « un succès de tout premier plan ». Le quotidien cite aussi le point de vue en revanche critique du chef de la CSU, Horst Seehofer, qui a fait état de ses « vives inquiétudes » compte tenu des exigences de la partie turque. Die Welt fait largement droit au point de vue du chef du SPD, Sigmar Gabriel, qui a mis en garde contre toute accélération du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, estimant qu’il ne faut pas lier la contribution turque pour résoudre la crise migratoire au dossier d’adhésion. « L’Union européenne ne se trouve pas dans un état lui permettant d’accueillir la Turquie et la Turquie ne se trouve pas dans un état lui permettant de devenir membre de l’UE », a-t-il fait valoir. Le journal conservateur indique aussi que des voix se sont élevées au sein de la CSU en faveur de l’inscription de la Turquie sur la liste des pays dits d’origine sûrs, comme préalable à l’assouplissement du régime des visas. La position de la CSU est la suivante, explicite Die Welt : « non à une adhésion de la Turquie et à la liberté totale en matière de visas ; oui au partenariat privilégié et à un assouplissement du régime de visas, notamment sur le plan économique ». Le tabloïd Bild publie un entretien avec le chef des libéraux allemands, Christian Lindner, pour qui le sommet ne signifie en rien une percée, l’Europe s’étant soumise sous l’impulsion de Mme Merkel au « chantage » exercé par la Turquie. « Voilà à présent le prix à payer pour une politique migratoire complètement ratée dont l’Allemagne porte l’essentiel de la responsabilité », déclare-t-il.

  1. Europe

Sommet UE/Turquie : « le scepticisme domine » à l’étranger (Handelsblatt)

Dans un article détaillant les réactions des partenaires européens à l’accord conclu avec la Turquie, le quotidien économique estime qu’en dehors de l’enthousiasme manifesté par le Premier ministre grec Alexis Tsipras, et du soutien de la France à l’accord en dépit des critiques, c’est le scepticisme qui l’emporte, seule une minorité d’Européens partageant le point de vue de la chancelière qui a évoqué une véritable percée. M. Renzi a parlé d’un « pas minuscule », relève le journal qui fait également état du scepticisme de Rome et de Vienne sur la volonté de la Turquie à lutter efficacement contre les passeurs.

Dans leurs réactions éditoriales, les journaux se montrent à nouveau majoritairement critiques. Die Welt qualifie la Turquie de « profiteur de la guerre civile » qui fait rage en Syrie. « La crise des réfugiés est en passe de devenir une sorte de 1989 pour Erdogan car des évolutions impensables sans la pression migratoire ont subitement pris un coup d’accélérateur », considère le journal qui met en garde l’Union européenne contre le sentiment qu’elle pourrait faire naître dans l’esprit du président turc qui se verrait soudain en leader d’une communauté européenne divisée et éclatée. Estimant qu’il est encore trop tôt pour dire si la Turquie a réellement sorti l’UE de l’impasse, la FAZ pointe du doigt le gros potentiel de conflit interne que représente le dispositif de réadmission des migrants. « Cet accord qui semble si humanitaire et raisonnable suppose que les Européens soient en mesure de s’accorder sur le nombre de Syriens en provenance de Turquie qu’ils seraient disposés à accueillir », souligne le journal pour qui rien n’est moins sûr si l’on en juge d’après les vives dissensions auxquelles a donné lieu la question de la répartition de 160 000 migrants actée l’an dernier. Pour la Berliner Zeitung, qui se saisit elle aussi de cette question, le plan turc est tout aussi « raffiné » que « perfide ». Un accord entre les Européens sur ce dispositif « relève quasiment du miracle », estime le journal pour lequel il est permis de penser que la Turquie d’ores et déjà « spécule sur les dissensions » à venir. Si l’Europe ne s’avère pas en mesure de reprendre des migrants légaux et de les répartir, la Turquie ne se trouvera pas non plus dans l’obligation de réadmettre les illégaux, mais pourra tirer son épingle du jeu en rejetant la faute sur les Européens, fait valoir le quotidien. Se déclarant « choqué du deal peu reluisant » accepté par les Européens, le quotidien alternatif de gauche tageszeitung juge que l’UE a fait le choix de « délocaliser en Turquie sa politique migratoire ». L’échange supposé avoir lieu entre migrants légaux et illégaux ne signifie rien d’autre que l’abandon du droit d’asile, fait valoir le journal pour qui la démarche est « douteuse sur le plan juridique et insupportable sur le plan moral ». Si le Handelsblatt met ouvertement en garde les Européens contre l’entrée dans l’Union européenne d’une Turquie « immature » et « partiellement incontrôlable » sous la férule d’un président autoritaire, le tabloïd Bild veut voir dans la coopération qui se dessine « une opportunité de jeter des ponts » entre la Turquie et l’UE qui se sont ces dernières années grandement éloignées l’une de l’autre, à condition bien entendu que « le gouvernement turc fournisse la preuve de sa fiabilité dans la gestion de la crise migratoire et qu’il prouve également dans ses relations avec ses propres citoyens qu’il partage les valeurs occidentales ».

Conseil ECOFIN : « l’Europe s’endette à nouveau » (Süddeutsche Zeitung)

La presse relaie la déception exprimée par Wolfgang Schäuble (CDU) à l’issue de la réunion des ministres des finances de l’UE hier. Les discussions « vont clairement dans la mauvaise direction » sur les questions budgétaires aux yeux du ministre fédéral des Finances, insiste la Süddeutsche Zeitung, qui indique que le « front de ceux qui veulent faire des économies s’effrite », avec le Portugal, l’Espagne, l’Italie et « même la France qui n’aurait rien contre [l’idée italienne d’abandonner la règle d’or du pacte budgétaire alors que] le gouvernement s’efforce de réformer et est sous la pression de l’extrême-droite – ce qui n’est pas une surprise à un an des élections ». Wolfgang Schäuble a appelé ses collègues à ne pas relâcher leur effort budgétaire et avait préparé pour sa part une série de contre-arguments face à la demande de la Commission que l’Allemagne augmente des dépenses d’investissement, note le quotidien de Munich. Tout comme la FAZ, la Süddeutsche Zeitung relève par ailleurs que Wolfgang Schäuble a rappelé son opposition à tout nouvel allègement de la dette grecque car il « n’avait pas de bon argument à présenter au législateur allemand et à l’opinion publique allemande », quitte à se trouver en décalage avec l’intention du président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem d’inscrire ce sujet à l’ordre du jour.

  1. International

« M. Steinmeier constate des progrès en Syrie » (FAZ)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rapporte que le ministre fédéral des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier (SPD), fait le constat que le cessez-le-feu est globalement respecté en Syrie. Il a indiqué y voir « des premières nouvelles vraiment positives de Syrie depuis cinq ans » et un signe de bon augure dans la perspective de la reprise des pourparlers sur la paix à Genève./.