Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

16 mars 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le retrait partiel de forces russes de Syrie fait les gros titres de la Süddeutsche Zeitung (« un nouvel espoir pour la Syrie ») et de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« doutes sur la retraite de Syrie des troupes de Moscou »). Die Welt met à sa Une une interview de Jürgen Trittin de l’aile gauche des Verts, qui évoque l’idée d’une participation de son parti à des coalitions avec des conservateurs au niveau national, l’arrivée de l’AfD dans le paysage politique rendant improbable la formation de coalitions majoritaires à gauche (« les Verts disent au revoir à une coalition de gauche au niveau fédéral »). Le Tagesspiegel titre sur l’« assassinat à la voiture piégée à Berlin », vraisemblablement lié à des règlements de compte au sein du milieu berlinois. Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une aux nouvelles difficultés judiciaires que pourrait rencontrer Volkswagen si le procureur américain demande une indemnisation des consommateurs européens (« un groupe industriel coincé »).
  2. Allemagne

« Les Verts disent au revoir à une coalition de gauche au niveau fédéral » (Die Welt)

Les suites des scrutins régionaux en Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat et Saxe-Anhalt continuent de dominer l’actualité, notamment sous l’angle des futures coalitions possibles et des premières consultations en ce sens. Die Welt publie un entretien avec Jürgen Trittin, représentant de l’aile gauche au sein des Verts, dans lequel celui-ci relève que le cas de la Saxe-Anhalt pourrait faire école au niveau fédéral dans la mesure où en raison du score élevé de l’AfD, la CDU pourrait être amenée à former une coalition avec le SPD et les Verts, ce qui ferait de ces derniers le partenaire de coalitions transversales. L’ex-président du groupe parlementaire des Verts exclut pour 2017 la possibilité d’une alliance SPD-Linke-Verts au niveau fédéral, faute de majorité suffisante, et estimant tout aussi peu probable une alliance entre la CDU/CSU et les Verts, il évoque la possibilité pour les Verts de participer à une grande coalition. Il envisage par ailleurs que Winfried Kretschmann, qui s’apprête à former une coalition avec la CDU dans le Bade-Wurtemberg, puisse être le candidat tête de liste des Verts pour les élections au Bundestag.

Sortie du nucléaire : « les énergéticiens exigent compensation » (FAZ)

Les journaux rendent compte du début de l’examen par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe de la plainte déposée par trois opérateurs de centrales nucléaires (EON, RWE et Vattenfall) portant non pas sur la constitutionnalité de la sortie du nucléaire, mais sur les indemnités que réclament les énergéticiens. Ceux-ci voient dans la décision de fermeture de leurs plus vieux réacteurs ordonnée par le gouvernement fédéral en 2011, après la catastrophe de Fukushima, une atteinte à la propriété. Si les juges leur donnaient raison sur le principe d’une indemnisation, les intéressés pourraient exiger de l’Etat allemand jusqu’à 20 milliards d’euros au total, indique la FAZ.

  1. Europe

Refoulement de migrants à la frontière macédonienne : « Tspiras indigné par l’action des activistes » (FAZ)

« La police grecque enquête contre des activistes probablement allemands ayant encouragé les migrants bloqués à Idomeni par des tracts en arabe avec cartes à l’appui, à forcer le passage vers la Macédoine », rapportent le Handelsblatt et la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une action dénoncée avec virulence par le Premier ministre grec, qui a accusé ces activistes de « jouer avec la vie humaine », mais aussi par le conseiller diplomatique du président macédonien, lequel a déclaré à la FAZ qu’il s’agissait d’une « action organisée ». Les signataires des tracts se réclament de l’ancien ministre allemand Norbert Blüm, qui vient de visiter démonstrativement le camp d’Idomeni mais récuse tout lien avec les activistes, explique le Handelsblatt. Ministre du travail et des affaires sociales d’Helmut Kohl pendant seize ans, N. Blüm publie dans le Tagesspiegel une tribune fustigeant une Europe « qui sauve les banques et laisse les gens se noyer » et les nations européennes « faisant la queue pour toucher de l’argent à Bruxelles mais disparaissant quand il s’agit d’aider », et rappelle son soutien à la politique migratoire d’Angela Merkel. Le quotidien alternatif tageszeitung (taz) n’hésite pas à dénoncer, dans un commentaire, l’action « cynique et sans scrupules » de ceux ayant « transformé des gens en objets » pour une action politique sans succès.

A la veille du Conseil européen, Chypre continue à bloquer une partie du projet d’accord UE-Turquie malgré l’intervention du président du Conseil Donald Tusk, rapportent par ailleurs la Süddeutsche Zeitung et la taz. « Les réserves contre l’accord souhaité par la chancelière avec la Turquie augmentent, après la Bulgarie, la France et l’Espagne, c’est à présent Chypre qui s’y oppose massivement », écrit la taz. Le journal rappelle que la France refuse la libéralisation des visas pour les Turcs, « or c’est l’exigence principale du gouvernement turc, donc le non français pèse lourd ». Quant à Chypre, elle espère profiter de la constellation actuelle entre l’UE et la Turquie pour faire évoluer la position turque sur la réunification du pays, écrit la SZ.

La présidente des députés CSU au sein du groupe conservateur au Bundestag, Gerda Hasselfeldt, a posé hier quatre conditions au soutien par la CSU du projet d’accord UE-Turquie voulu par la chancelière, rapporte la Süddeutsche Zeitung : pas de suppression complète de l’obligation de visa pour les Turcs, répartition réelle entre tous les Etats membres des réfugiés syriens de Turquie accueillis par l’UE, pas d’adhésion de la Turquie à l’UE, évocation des violations des droits de l’homme en Turquie lors des contacts bilatéraux au niveau gouvernemental. « Hasselfeldt, en général proche de Merkel, soutient ainsi les revendications du patron de la CSU Horst Seehofer », commente la Süddeutsche Zeitung. Le quotidien rapporte que lors de la réunion du groupe CDU/CSU à ce sujet, les divergences des deux partis ont persisté et qu’aujourd’hui, les directions des deux partis conservateurs vont essayer d’aplanir ces divergences.

Crise des réfugiés : appel conjoint des présidents du patronat allemand et français à une initiative commune de Paris et Berlin

Die Welt publie la teneur d’une déclaration conjointe de Pierre Gattaz (Medef), Ingo Kramer (fédération des patrons allemands BDA) et d’Ulrich Grillo (fédération allemande de l’industrie BDI), dont le journal indique avoir eu connaissance, appelant la chancelière fédérale et le président de la République à « prendre une initiative rapide, déterminée et exceptionnelle » pour sortir l’Europe du bourbier de la crise des réfugiés qui menace son intégrité. Rappelant les « conséquences politiques et économiques dramatiques » qu’aurait un démantèlement de l’espace Schengen, ils appellent à concrétiser et mettre en œuvre rapidement les mesures négociées entre l’UE et la Turquie, à élargir et renforcer les compétences et les moyens de l’agence Frontex. Les présidents du patronat appellent tous les Etats européens à prendre leur part en matière d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile, critiquant les Etats « qui le refusent ou pratiquent des cavaliers seuls », ce que Die Welt interprète comme une critique adressée non seulement aux pays d’Europe de l’Est mais aussi à la France : « en appelant ainsi à une solution européenne, l’économie soutient la chancelière », commente le journal. Parallèlement à la crise migratoire, les fédérations patronales appellent également à un renforcement de la zone euro et de la convergence économique au sein de l’UE, notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’économie numérique, indique encore Die Welt.

  1. International

« Un nouvel espoir pour la Syrie » (Süddeutsche Zeitung)

Le début du retrait de l’équipement militaire russe de Syrie bénéficie d’un large écho dans la presse allemande qui espère que ce retrait permettra de faciliter une solution politique. La presse ne tait pas pour autant ses inquiétudes sur la « tactique » (FAZ) de Vladimir Poutine. Les éditorialistes spéculent sur le calcul du président russe. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung Vladimir Poutine « a obtenu ce qu’il voulait – et c’était moins que ce que l’Occident pensait : mettre un pied en Syrie », peser sur les négociations et obtenir « de belles images pour sa propagande » en interne. Pour Die Welt, les objectifs militaires et géopolitiques de Moscou étaient de « réussir à placer [la Russie] diplomatiquement comme médiateur au cœur des négociations » sans s’enliser pour autant dans une guerre coûteuse. Selon le Tagesspiegel, Moscou cherchait à obtenir un point d’appui en Méditerranée. Le quotidien de Berlin, tout comme le Handelsblatt, regrette en tout cas un « double jeu de Vladimir Poutine » qui a permis à Moscou de maintenir en place Bachar el-Assad tout en pouvant désormais largement peser sur les négociations. Pour la plupart des commentateurs, le vrai test sera celui de l’engagement du régime dans la négociation. A cet égard, la F.A.Z souligne que le président russe « laisse ouverte la question de savoir ce que l’on va faire avec Assad ». Dans un éditorial du chef de son service international, la Süddeutsche Zeitung met par ailleurs en garde contre la tentation de redessiner la carte du Levant et invite à respecter l’intégrité territoriale des Etats. Le quotidien de Munich se demande avec prudence, comme d’autres journaux, si le retrait russe aura une influence sur l’afflux de réfugiés syriens./.