Synthèse de la presse quotidienne
17 mars 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- L’intervention de la Chancelière devant le Bundestag avant le Conseil européen fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Mme Merkel appelle à résoudre la crise des réfugiés à l’échelle européenne ») et de la Süddeutsche Zeitung (« Mme Merkel complimente la Turquie » pour les efforts faits dans l’accueil des réfugiés). Le quotidien économique Handelsblatt publie à sa Une une interview du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (« la Turquie n’est pas mûre pour l’adhésion »). Die Welt titre sur les primaires américaines (« le Trump-Express roule – Mme Clinton peut-elle l’arrêter ? »).
- Europe
Conseil européen : « Merkel loue la Turquie » (Süddeutsche Zeitung) et « plaide pour une solution européenne » (FAZ)
Dans sa déclaration devant les députés allemands, la chancelière fédérale n’a pas dévié d’un iota de sa position sur la crise migratoire européenne et plaidé ardemment en faveur d’une solution européenne et du plan négocié avec la Turquie, constate l’ensemble de la presse qui met en exergue la phrase d’Angela Merkel selon laquelle « cela ne fait pas honneur à l’Europe, en tant que qu’union de 28 pays et 500 millions d’habitants, de faire autant de difficultés à répartir les charges » induites par la crise. Tout en jugeant, pour la plupart, que la proposition de la chancelière est actuellement la seule laissant envisager un début de solution, les quotidiens pointent un manque de clairvoyance politique « qui ont isolé dangereusement Angela Merkel en Europe » (Die Welt). « Non, je ne regrette rien », résume ironiquement le quotidien alternatif tageszeitung (taz) en estimant que la capacité d’autocritique ne fait pas partie des vertus de la chancelière. La FAZ estime que même si les partenaires européens de l’Allemagne se montraient plus solidaires, ce ne résoudrait pas tous les problèmes, le principal étant que les réfugiés devant être relocalisés ne veulent vivre ni en Pologne ni en Roumanie, mais bien en Allemagne ou en Autriche : « on ne va pas les transporter dans des wagons plombés au fin fond de nulle part et quand bien même, qui les empêcherait de reprendre la route après pour marcher vers l’Allemagne ? » s’interroge, désabusé, la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Selon un sondage réalisé par l’institut Forsa pour l’hebdomadaire Stern, le projet d’accord UT-Turquie suscite aussi des réticences chez une majorité d’Allemands : 67% des personnes interrogées rejettent toute concession de l’UE à Ankara sur les négociations d’adhésion à l’UE et 64% jugent que la Turquie n’arrivera pas à stopper l’afflux de migrants vers la Grèce. A une forte majorité (72%), les Allemands préconisent une aide financière plus importante pour la Turquie ;la question d’une libéralisation des visas pour les Turcs divise, 49% se prononçant contre l’entrée sans visa des Turcs dans les pays européens tandis que 44% y sont favorables.
« La Turquie ne remplit pas les conditions d’une adhésion à l’UE » (interview de Jean-Claude Juncker dans le Handelsblatt)
Dans un entretien au Handelsblatt, le président de la Commission européenne tente de calmer les esprits s’agissant des exigences de la Turquie dans ses négociations avec l’UE. Tout en se déclarant « prudemment optimiste » quant aux chances de trouver un accord avec la Turquie et en estimant que le Conseil européen « pourrait offrir pour la première fois la chance de trouver une solution paneuropéenne et durable de la crise des réfugiés », Jean-Claude Juncker souligne que la Turquie « n’obtiendra pas de rabais pour la libéralisation des visas. Elle doit remplir de nombreuses conditions, entre autre modifier neuf lois, et nous allons nous y tenir ». L’UE ne s’est en aucun cas engagée à accepter une adhésion de la Turquie à l’UE, insiste-t-il : « à l’heure actuelle, la Turquie ne remplit pas les conditions d’une adhésion, et je crois qu’elle ne les remplira toujours pas dans dix ans ».
Dans une interview à Die Zeit, Gerhard Schröder décoche une flèche contre sa successeure, lui reprochant un manque d’entente avec la France et l’isolement de l’Allemagne. « La relation franco-allemande me semble de toute façon perturbée depuis que le ministre des Finances allemand a balayé sans ambages les objections françaises contre la politique unilatérale d’austérité. Mais en Europe, rien ne marche sans la France. On ne peut pas non plus faire pression sur les pays est-européens si on n’a pas la France à ses côtés.
Conseil européen / tribune collective de parlementaires allemands et français
La tribune conjointe parue dans Les Echos et signée notamment des parlementaires Norbert Röttgen (CDU), Elisabeth Guigou, Thomas Oppermann (SPD), Hervé Gaymard, de Daniel Cohn-Bendit et d’autres personnalités politiques, est publiée parallèlement dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung sous le titre « L’Europe doit agir ».
« Poings serrés, colère rentrée : la France ulcérée par la politique des réfugiés de l’Allemagne » (Süddeutsche Zeitung)
Sous ce titre, le correspondant à Paris de la Süddeutsche Zeitung Christian Wernicke se fait l’écho de réactions attribuées à des conseillers à l’Elysée et à des diplomates à « la découverte du deal germano-turc (…) dont plusieurs éléments n’auraient pas été évoqués deux jours avant à Paris ». Bien que dans l’entourage du président, on temporise en soulignant qu’il ne s’agit que de « rumeurs » et que la France « cherche des solutions en Europe, pas des conflits », en coulisses, l’exaspération est à son comble, écrit la Süddeutsche Zeitung. Citant « un spécialiste des affaires européennes au Quai d’Orsay » qui, « sous strict anonymat », aurait qualifié l’initiative d’Angela Merkel de « trahison pure et simple », le quotidien note que lors de la réunion des sociaux-démocrates européens samedi dernier à l’Elysée, « les oreilles de Sigmar Gabriel ont sifflé », les participants français fustigeant le « cavalier seul » d’Angela Merkel. Le quotidien indique que dans son entretien mardi à BFMTV et RMC, le Premier ministre a réaffirmé clairement son opposition à la politique migratoire de la chancelière, malgré le recadrage du président de la République « qui n’a d’autre choix que de continuer son alliance de fortune avec Mme Merkel, faute de quoi la France perdrait encore plus d’influence en Europe ».
- Allemagne
« Les consultations sur le budget 2017 traînent en longueur » (Bild)
Le tabloïd Bild signale que l’adoption en conseil des ministres du budget 2017, à l’ordre du jour de mercredi prochain, va probablement être reportée en raison de désaccords entre conservateurs et sociaux-démocrates sur le coût de l’intégration et le paquet de mesures sociales exigées par le SPD en parallèle des fonds alloués à l’intégration des réfugiés.
La presse se fait par ailleurs l’écho de l’entretien accordé par Gerhard Schröder à l’hebdomadaire Die Zeit. L’ancien chancelier invite le ministre des finances Wolfgang Schäuble à abandonner son objectif de budget à l’équilibre au motif que l’intégration des réfugiés doit l’emporter sur des considérations purement budgétaire compte tenu notamment du risque de délitement de la société allemande si l’intégration venait à échouer.
- International
« La France veut stationner des gendarmes au Burkina Faso pour des missions de lutte contre le terrorisme » (FAZ)
Dans un article faisant état de l’attentat perpétré dans une mosquée de Maiduguri au Nigeria, la FAZ rend compte des annonces de M. Cazeneuve depuis Abidjan sur le pré-positionnement d’une dizaine d’hommes du GIGN à Ouagadougou, afin d’épauler les forces de la région en cas d’attaque.
Dans un article centré sur la situation en RCI, la Süddeutsche Zeitung fait valoir que par l’attentat perpétré en Côte d’Ivoire, Al Qaida cherche à fournir la preuve de son influence et à s’imposer face à Daech.
- France
« Le déficit social français en baisse » (FAZ)
Dans une correspondance de Christian Schubert, la FAZ reprend les déclarations de M. Sapin sur l’amélioration du déficit de la Sécurité sociale en 2015 et le fait que le gouvernement est parvenu à ramener le déficit public à 3,8% du PIB en 2015 et s’est fixé l’objectif de 3,3% pour cette année. Sans commenter ces annonces, le quotidien souligne que le ministère des finances se montre « décontracté » face aux nouvelles dépenses publiques qui devraient intervenir cette année telles la revalorisation des salaires des fonctionnaires, de nouvelles mesures en faveur de l’emploi et pour soutenir les agriculteurs, sans compter le renforcement des mesures de sécurité depuis les attaques terroristes de novembre./.