Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

23 mars 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Les attentats terroristes à Bruxelles font les gros titres de toute la presse : « nous sommes en guerre » affiche en gros caractères le tabloïd Bild; la Frankfurter Allgemeine Zeitung insiste sur les « nombreux morts dans les attentats terroristes de Bruxelles » ; « terreur dans la capitale de l’Europe » titre la Süddeutsche Zeitung; le Tagesspiegel et le Handelsblatt déplorent une « attaque sur l’Europe » et Die Welt «  l’attaque au cœur de l’Europe ».
  2. Europe

Attentats terroristes de Bruxelles : « Bruxelles, la Belgique, l’Europe touchées en plein cœur » (Handelsblatt)

Les journaux rendent compte du bilan et de l’enquête en cours. Dans leurs commentaires, les quotidiens notent qu’après Paris, l’Europe a hier été touchée à son cœur, des attentats ayant eu lieu près des institutions européennes. Ils appellent à l’unité des Européens face au risque terroriste (Handelsblatt), et à l’instar de la FAZ ou de Die Welt, à une plus forte coopération entre les polices européennes. Plusieurs journaux appellent aussi ne pas sacrifier les valeurs de liberté et d’ouverture (Süddeutsche Zeitung, tageszeitung) malgré le choc des attentats, allant, pour la Berliner Zeitung, jusqu’à faire part de son scepticisme sur la notion même de « guerre contre le terrorisme ».

Les médias reprennent par ailleurs largement les déclarations des responsables allemands. Après s’être exprimé hier sur les télévisions, le ministre fédéral de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), réaffirme aujourd’hui dans Bild la détermination de l’Allemagne à lutter aux côtés de ses partenaires européens contre le terrorisme. La FAZ relève que l’on n’est pas encore en mesure de dire si des Allemands figurent parmi les victimes des attentats et que, selon le ministre allemand, il n’y aurait pas d’indice permettant d’établir des liens entre les terroristes et les milieux islamistes en Allemagne.

Dans un entretien à la Berliner Zeitung, Ralf Jäger (SPD), ministre de l’intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie (Land frontalier avec la Belgique), fait valoir que l’existence d’une scène salafiste était connue des autorités policières belges auxquelles il reproche d’avoir laissé cette « société parallèle » se développer pendant plus d’une décennie. Ses propos sont repris par plusieurs journaux qui notent qu’à l’émotion exprimée par plusieurs responsables politique se mêlent aussi des critiques envers les autorités belges (Tagesspiegel, Die Welt).

La FAZ cite le message de soutien exprimé par le président de la République depuis l’ambassade de Belgique en France ; le Handelsblatt met en exergue les propos du Premier ministre (« nous sommes en guerre ») et signale que la France a décidé de mobiliser 1600 policiers supplémentaires dans le but d’intensifier les contrôles à la frontière avec la Belgique, mais aussi afin de renforcer la sécurité dans les gares et aéroports. L’illumination de la tour Eiffel et de la porte de Brandebourg aux couleurs du drapeau belge est très largement reprise dans les médias.

Dans un article repris de l’hebdomadaire bruxellois Politico, Die Welt estime que si la France se montre solidaire de son voisin belge, « les critiques se sont accumulées envers la manière dont les autorités belges gèrent la menace terroriste ». Une frustration réciproque n’a cessé de croître ces derniers mois (…) et « à Bruxelles on en a assez des leçons que donne une France arrogante et autoritaire pour contrer la menace terroriste », écrit le journal avant d’ajouter qu’à Paris, « certains responsables politiques attribuent à un gouvernement belge incapable une coresponsabilité dans les attentats » survenus à Paris en novembre.

  1. Allemagne

Budget 2017 : « le gouvernement veut dépenser beaucoup plus » (FAZ)

Les journaux évoquent les grandes lignes du budget 2017 que le ministre des finances, Wolfgang Schäuble (CDU), présente aujourd’hui en conseil des ministres. Par rapport au budget 2016,les dépenses vont augmenter de 10 milliards d’euros, dont 5,6 milliards d’euros au titre des mesures sociales sur lesquelles MM. Gabriel et Schäuble se sont mis d’accord, souligne le Handelsblatt qui, comme la FAZ relève aussi que l’objectif de budget à l’équilibre est maintenu jusqu’à 2020.

Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeitung qualifie W. Schäuble de « social-démocrate » au motif que les dépenses sociales n’ont cessé de s’accroître ces dernières années. Pour le journal, le ministre des finances est pris en tenaille entre son objectif de maintien de l’équilibre budgétaire et son refus d’augmenter les impôts ou encore de réformer l’Etat providence. Le bilan de la grande coalition est qu’elle n’aura mis en place aucune réforme structurelle destinée à rendre l’Allemagne plus compétitive alors que qu’elle n’aura cessé d’exiger de telles mesures de ses partenaires européens, fait valoir la Süddeutsche Zeitung. Pour la FAZ, c’est grâce aux confortables rentrées fiscales de l’an dernier et non à une discipline de fer que l’Allemagne sera à nouveau en mesure de se prévaloir d’un budget à l’équilibre. A ceci vient s’ajouter le fait que « le gouvernement récolte aussi les fruits gâtés du jardin de Mario Draghi » : la politique des taux nuls de la BCE a pour effet de stabiliser la conjoncture et les rentrées fiscales tout en abaissant le coût du remboursement de la dette.

Elaboration par l’AfD de son programme

Dans la perspective du congrès qui doit se tenir le mois prochain, la presse fait état du programme du parti populiste AfD, par lequel, souligne la Süddeutsche Zeitung, le parti entend se démarquer à la fois des conservateurs de la CDU/CSU et des libéraux du FDP.

En matière économique, l’AfD revendique l’héritage de Ludwig Erhard et se nomme le « parti de l’économie de marché », souligne le journal. L’AfD se montre favorable aux traités internationaux de libre-échange, mais rejette le projet de TTIP. En matière européenne, l’AfD préconise un référendum sur le maintien de l’Allemagne dans la zone euro et réclame en Europe la fixation d’une limite stricte en matière de déficit. Jugeant que l’Union européenne est une « construction non démocratique », le parti souhaite mettre fin à l’Union politique et prône un retour à une communauté économique. Opposée à la PSDC, l’AfD réclame un siège permanent pour l’Allemagne au conseil de sécurité de l’ONU. En ce qui concerne, la politique intérieure, l’AfD exige la suppression de l’Agence nationale pour l’emploi dont les compétences devraient être confiées aux villes et communes, souhaite abolir la loi de financement des énergies renouvelables et, critique envers la politique climatique du gouvernement, favorise la prolongation de la durée d’activité des centrales nucléaires. Le parti se montre en outre favorable à un retour à la conscription.

  1. International

Déplacement du président fédéral en Chine

Le déplacement du président fédéral en Chine continue de bénéficier d’un bon écho dans la presse qui se réjouit du déroulement de cette visite, estimant que « Joachim Gauck a dépassé les attentes » (tageszeitung) en allant à la rencontre de défenseurs chinois des droits de l’homme. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le président fédéral réussit en Chine ce que d’autres représentants européens, français ou britanniques notamment, ne sont pas parvenus à faire en « faisant comprendre à ses hôtes qu’il est important pour lui d’écouter la voix des citoyens chinois », notamment en matière de droits de l’homme. Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung salue également la capacité de Joachim Gauck « à ne pas mâcher ses mots » et juge qu’il est « la bonne personne » pour s’adresser aux autorités chinoises à l’heure actuelle.

  1. France

« Augmentation des investissements étrangers en France » (FAZ)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rend compte de la présentation hier du rapport sur les investissements étrangers en France en 2015. Le quotidien souligne que ces investissements atteignent leur plus haut niveau depuis 2007 et relève que les emplois créés grâce aux investissements étrangers progressent de 27% en un an. Le journal indique que l’Allemagne se situe en deuxième position des pays qui investissent le plus en France, avec 15% des investissements, derrière les Etats-Unis, et cite l’installation par Siemens de son centre mondial pour les métros automatisés à Toulouse. La FAZ note encore que le « gouvernement français estime que les réformes montrent ainsi leurs effets, notamment les baisses de charges pour les entreprises ou les avantages fiscaux spécifiques pour les employés venant de l’étranger »./.