Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

7 avril 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes. La Süddeutsche Zeitung continue de titrer sur les Panama Papers avec les « perquisitions au siège de l’UEFA » à la suite des dernières révélations. La Frankfurter Allgemeine Zeitung indique qu’à nouveau, le ministre-président bavarois et président de la CSU Horst « Seehofer exige un changement de politique de la CDU/CSU » sur la crise migratoire. Der Tagesspiegel publie une interview de la ministre du Travail SPD dans laquelle le journal estime que « Mme Nahles entre en conflit avec M. de Maizière » sur le projet de loi sur l’intégration que doivent porter les deux ministres. Die Welt révèle pour sa part qu’un « meurtrier appartenant au parti néo-nazi NSU travaillait chez un agent infiltré des renseignements généraux [Office de protection de la Constitution] ». Le quotidien économique Handelsblatt reproche aux autorités fédérales compétentes un déni d’action sur le scandale Volkswagen (« des gardiens qui ne mordent pas »).
  2. Allemagne

Intégration et droit de séjour des réfugiés : « Nahles entre en conflit avec de Maizière » (Tagesspiegel)

Dans un entretien au Tagesspiegel, la ministre fédérale du travail, Andrea Nahles (SPD), s’oppose au projet du ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), visant à conditionner pour les réfugiés l’obtention du droit de séjour aux efforts entrepris pour s’intégrer. Mme Nahles fait valoir qu’exiger de la part de réfugiés originaires d’horizons culturels totalement différents du nôtre une maîtrise suffisante de l’allemand au terme de trois ans n’est pas réaliste. « Au final, nous aurions non pas un une loi favorisant l’intégration, mais une loi entravant l’intégration », juge-telle en insistant sur la nécessité pour l’Allemagne de se doter d’une loi générale encadrant l’immigration pour tous les migrants, une exigence de longue date de la part du SPD.

Par ailleurs, quelques journaux font état des conclusions rendues au terme d’un an de travaux par la commission d’experts sur la politique migratoire mise en place par la fondation Robert Bosch. En matière de politique d’accueil des réfugiés, les experts préconisent de nombreuses réformes, détaille la Berliner Zeitung qui cite notamment la simplification et l’accélération des procédures d’asile qui devraient être traitées en un mois, l’obligation étendue à l’ensemble des Länder de scolarisation pour les enfants de réfugiés au plus tard trois mois après le dépôt d’une demande d’asile, ainsi que l’accès dans ce même laps de temps à une formation ou un emploi pour les réfugiés. De manière à permettre l’intégration sur le long terme, les experts sont d’avis que les efforts doivent être portés avant tout sur l’enseignement et l’accès à l’emploi.

Bilan un an après la mise en place du salaire minimum universel : « quatre millions de bénéficiaires » (Berliner Zeitung)

La Berliner Zeitung et la Süddeutsche Zeitung se font l’écho des statistiques relatives au salaire minimum entré en vigueur le 1er janvier 2015. Parmi les 5,5 millions d’actifs rémunérés en-deçà du salaire minimum (8,50 euros) que l’Allemagne comptait avant le 1er janvier 2015, 4 millions bénéficieraient à présent du salaire minimum, surtout des femmes, des actifs exerçant de petits boulots, ainsi qu’en moyenne plus d’un salarié sur cinq dans les nouveaux Länder où le salaire minimum est venu combler l’absence de conventions collectives dans de nombreux secteurs d’emploi. « La preuve est donc faite des atouts du salaire minimum », se réjouit la Süddeutsche Zeitung.

Satire visant le président Erdogan/enquête du parquet de Mayence

L’ensemble de la presse indique que le parquet de Mayence, après avoir reçu une vingtaine de plaintes de particuliers, a ouvert une enquête visant un journaliste de la chaîne ZDF pour un poème volontairement insultant diffusé en réaction à la convocation par les autorités turques de l’ambassadeur d’Allemagne en Turquie sur l’affaire de la vidéo satirique de la chaîne NDR. Le Tagesspiegel révèle que dans un rapport interne, la direction juridique du ministère allemand des affaires étrangères a abouti à la conclusion qu’en voulant illustrer les limites entre satire et insulte, le journaliste s’est de fait rendu passible de sanctions pénales pouvant aller jusqu’à trois ans de prison pour le cas où les autorités turques entreprendraient une démarche en ce sens, une éventualité que le journal juge toutefois peu probable. Dans son éditorial de première page sous la plume de son rédacteur en chef, le journal s’insurge contre le gouvernement fédéral qui, dans cette affaire, donne l’impression que la liberté de la presse en Allemagne est négociable. Si M. Erdogan poursuit véritablement l’objectif d’une adhésion de son pays à l’Union européenne, il est plus que temps qu’il se familiarise avec les valeurs défendues par celle-ci, juge le journal de Berlin.

  1. Europe

Crise migratoire

La crise des réfugiés continue de dominer le débat politique tant sur le plan intérieur qu’européen, avec d’une part la question des contrôles aux frontières nationales, notamment à la frontière germano-autrichienne, et d’autre part la présentation par la commission européenne de son projet de réforme des procédures de demandes d’asile en Europe, favorablement accueilli par la presse. Les quotidiens se font l’écho de l’indignation du ministre-président de Bavière, Horst Seehofer (CSU) après l’annonce par le ministre fédéral de l’Intérieur, Thomas de Maizière (CDU), d’une levée temporaire des contrôles frontaliers le 12 mai si le flux de migrants continue de diminuer, déclaration faite non seulement à la télévision autrichienne mais également, s’insurge H. Seehofer, sans la moindre concertation avec son administration ni son parti. Au ministère fédéral de l’Intérieur, rapporte la Süddeutsche Zeitung, on estime sans fondement la colère du gouvernement bavarois, étant établi que les règles de Schengen ne permettent pas, dans l’état actuel des choses et compte tenu de la baisse du nombre de réfugiés se pressant à la frontière allemande, de prolonger les contrôles au-delà de la date butoir fixée. Une annonce saluée au demeurant par le quotidien de Munich dans un vibrant plaidoyer pour le retour aux frontières ouvertes dans l’espace Schengen.

Pour la presse, la baisse du nombre de migrants à la frontière germano-autrichienne n’est pas la conséquence de l’accord UE-Turquie, trop récent pour avoir un quelconque impact, mais uniquement du blocage de la route des Balkans, lequel ne change rien à la pression migratoire internationale ; or, souligne la Süddeutsche Zeitung à l’instar de plusieurs journaux cette semaine, « les passeurs ont déjà trouvé des accès de substitution ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung alerte dans ce contexte sur l’augmentation du transit illégal via la Libye et l’Italie. Pour le Handelsblatt, « le blocage des frontières voulu par les Seehofers et Orbans fait certes baisser la pression migratoire à court terme, mais au prix d’une crise humanitaire en Grèce » et sans résoudre le vrai problème, celui d’une immense pression migratoire sur l’Europe « aussi longtemps que, globalement, 60 millions de personnes fuient de chez eux ». L’initiative de l’UE pour mieux réguler les flux migratoires est donc opportune, considère le Handelsblatt. La FAZ salue également toute tentative pour harmoniser les conditions d’accueil des demandeurs d’asile dans l’UE.

  1. International

« Poutine fonde une garde nationale directement placée sous ses ordres » (FAZ)

L Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre un article en Une à la nouvelle garde nationale russe placée directement sous les ordres du président Poutine et chargée de maintenir l’ordre public, de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme, ainsi que de contribuer à la défense nationale. Le quotidien de Francfort déplore « une nouvelle preuve que la priorité de M. Poutine ne va pas à la modernisation de son pays, mais à la préservation de son pouvoir », pouvoir qui se concentre « de plus en plus dans ses mains et dans celles de son cercle rapproché ».

Déplacement de la ministre fédérale de la Défense au Mali

Les journaux continuent de rendre compte du déplacement de la ministre fédérale de la Défense, Ursula von der Leyen (CDU), au Mali et en particulier à Gao, où elle a rencontré les quelques 200 soldats allemands déployés dans la MINUSMA. Rappelant qu’il s’agissait déjà de la troisième visite au Mali de la ministre depuis sa prise de fonctions, Die Welt rapporte qu’Ursula von der Leyen a insisté sur le fait que l’engagement allemand au Mali vise à contribuer à stabiliser le pays et non pas à conduire des opérations de lutte contre le terrorisme. Le journal note à cette occasion (à l’instar d’une grande partie de la presse allemande) que le président de la République a remercié hier, dans son interview à Bild, l’Allemagne pour son engagement militaire au Mali et en Syrie et qu’il a appelé nos deux pays à consentir un effort en matière de dépenses de défense et d’interventions extérieures.

Affaire des « Panama papers »

La révélation des « Panama papers » bénéficie toujours d’un écho important dans la presse allemande qui continue de rapporter les appels à la lutte contre les paradis fiscaux et à la condamnation des pratiques des sociétés écrans. Dans un entretien avec l’hebdomadaire Die Zeit, le ministre des Finances de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Norbert Walter-Borjans (SPD) – qui a fait de la lutte contre l’évasion fiscale sont cheval de bataille – réclame plus de transparence, estimant qu’il est nécessaire de savoir qui a recours à des sociétés écrans, notamment en Allemagne, même s’il s’interroge sur l’efficacité d’une éventuelle interdiction de telles sociétés. Dans un commentaire, le Handelsblatt juge que l’affaire des « Panama papers » est un tournant dans le partage de données à l’échelle internationale et craint que la publication de ces données puisse avoir plus d’ « effets secondaires » que d’avantages au regard de l’utilisation qui pourrait en être faite et des alternatives d’évasion fiscale qui pourraient être utilisées. Dans une tribune publiée par le Handelsblatt, le vice-président Vert de la commission des Finances du Bundestag, Gerhard Schick, reproche au gouvernement fédéral de faire preuve d’activisme sur les paradis fiscaux, qui contraste avec son laisser-aller, juge-t-il, sur le plan intérieur face au fléau du blanchiment d’argent. La Berliner Zeitung appelle pour sa part à la prudence dans cette affaire, estimant qu’il est difficile d’en mesurer véritablement l’ampleur./.