Synthèse de la presse quotidienne
13 avril 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre sa une au début de polémique au sein de la grande coalition sur la possibilité d’utiliser l’armée allemande à des fins de sécurité intérieure (lutte contre le terrorisme notamment), une option actuellement à l’étude dans le cadre des délibérations sur le libre blanc de la défense 2016. La Süddeutsche Zeitung et la Berliner Zeitung titrent sur la volonté du ministre fédéral de la justice d’encadrer l’augmentation des loyers. Die Welt reprend les résultats d’une étude de l’OCDE montrant que l’Allemagne figure en tête des pays qui imposent (les revenus) et taxent le plus lourdement. Le Tagesspiegel donne la parole au vice-chancelier et président du SPD, Sigmar Gabriel, dont le parti est au plus bas dans les sondages (aux alentours de 20%) : « ma démission n’arrangerait en rien les choses ». Le Handelsblatt titre sur la lutte de l’énergéticien RWE pour sa survie financière.
- Allemagne
« Dispute au sujet de la contribution de l’armée allemande à la sécurité intérieure » (FAZ)
Après avoir fait état hier des réflexions en cours sur la possibilité d’avoir recours à l’armée allemande pour des missions de sécurité intérieure, une option bien accueillie par la CDU/CSU, la presse se fait aujourd’hui l’écho de l’opposition, voire du « veto » (FAZ) du SPD. Autant le chef du groupe parlementaire SPD, Thomas Oppermann, que le ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, ont fait part de leur refus de toute modification en ce sens de la Loi fondamentale, notent les quotidiens.
Dans ses réactions, la presse reflète largement ce clivage droite-gauche. Alors que la conservatrice FAZ juge légitime que l’on se demande si la Loi fondamentale est encore en phase avec les nécessités du moment (lutte contre le terrorisme), la presse de gauche se montre plus que réservée. « La République fédérale n’a fait que de bonnes expériences avec une sécurité intérieure du seul ressort de ses forces de police », marque ainsi la Süddeutsche Zeitung.
Affaire Böhmermann : « la chancelière s’exprime : les réfugiés sont une chose, la liberté d’expression en est une autre » (Handelsblatt)
Les journaux relèvent qu’interrogée lors de sa conférence de presse conjointe avec le président mexicain, la chancelière a réaffirmé hier son attachement aux libertés telles qu’elles sont définies par la constitution et indiqué que l’intérêt de l’Allemagne à coopérer avec la Turquie pour résoudre la crise migratoire était « totalement indépendant » de la question du respect de la liberté d’expression et de la presse. « Le despote Erdogan va-t-il obtenir ce qu’il veut ? » (à savoir des poursuites contre le satiriste en vertu du paragraphe 103 du code pénal allemand relatif à l’insulte faite à un chef d’Etat étranger), s’interroge Bild. Indiquant que la commission des affaires culturelles du Bundestag se penche aujourd’hui sur l’affaire, le tabloïd juge peu probable que le gouvernement fédéral accède à la demande des autorités turques d’ouvrir la voie à des poursuites.
« Indépendamment de l’issue judiciaire, l’affaire montre très clairement quel potentat et quel régime l’UE, conformément à la volonté de la chancelière, s’est choisi pour veiller sur ses frontières », critique la FAZ. De manière isolée, le Handelsblatt enjoint Jan Böhmermann à assumer jusqu’au bout une provocation que le journal juge à la fois inutile et déplacée.
Chute du SPD dans les sondages : « Gabriel se bat » (Süddeutsche Zeitung)
En réponse aux interrogations qui se sont fait jour sur le choix de Sigmar Gabriel comme candidat tête de liste du SPD pour les élections de 2017, les journaux notent qu’en réunion du groupe parlementaire hier, l’intéressé a devancé les critiques en déclarant que « quand un parti se situe à 19,5% dans les sondages, on est en droit de s’interroger sur son chef », avant d’ajouter : « je partirais si j’étais persuadé que ceci aiderait le SPD ». La presse note que son intervention a été applaudie et que pour enrayer sa chute dans les sondages, le parti envisage de se recentrer sur ses sujets propres, à savoir la justice et la cohésion sociale, l’égalité des chances ou encore la garantie d’un niveau de retraite décent.
- Europe
TTIP : recours des Verts allemands contre la Commission européenne
Alors que depuis début février, les députés allemands peuvent consulter – sous étroite surveillance, dans un bureau sécurisé du ministère de l’Economie – les documents confidentiels de négociation du traité de libre-échange UE-Etats-Unis, le président du groupe parlementaire des Verts au Bundestag, Anton Hofreiter, a déposé un recours auprès de la CJUE contre la Commission européenne pour obtenir que ce droit de consultation soit élargi aux collaborateurs parlementaires et aux secrétariats des groupes, rapporte la Berliner Zeitung. « En notre qualité de députés, nous voulons obtenir les mêmes droits que nos homologues du parlement européen », déclare Anton Hofreiter, qui a déposé ce recours en commun avec deux autres membres du groupe parlementaire. Les dispositions actuelles interdisent aux députés ayant accès aux documents de négociation du TTIP d’en parler avec leurs proches collaborateurs, précise l’article.
Plan de l’UE pour lutter contre l’évasion fiscale : « la transparence totalitaire » (Handelsblatt)
La presse rend compte sur un mode factuel de la présentation par la Commission européenne de son plan visant à obliger les multinationales à la transparence fiscale, les journaux relayant les critiques émises par la fédération allemande de l’industrie (BDI), qui craint que les dispositions prévues n’entraînent des désavantages concurrentiels pour les entreprises allemandes et européennes. Dans son éditorial, le Handelsblatt fait écho à un certain scepticisme des quotidiens depuis le début des annonces allemandes et européennes en matière de lutte contre la fraude fiscale et le blanchiment d’argent s’agissant de la « transparence totale » actuellement prônée par les dirigeants politiques. De deux choses l’une, argumente le journal économique : ou la création et l’utilisation de sociétés-écrans à des fins d’optimisation fiscale sont légales, et dans ce cas il convient de respecter la protection de la confidentialité du patrimoine individuel ; ou ces sociétés-écrans servent effectivement, dans neuf cas sur dix, à frauder le fisc ou à blanchir de l’argent, et alors il faut les interdire. Comme ses confrères, le Handelsblatt estime aussi que le plan en dix points de Wolfgang Schäuble gagnerait en crédibilité si l’Allemagne faisait davantage sur le plan national pour lutter efficacement contre l’optimisation fiscale.
- International
Entretien du président de la République turque de Chypre du Nord dans la FAZ
Dans une interview à la FAZ, le président de la République turque de Chypre du Nord fait part de son optimisme sur l’obtention d’un accord de paix permettant de régler le statut de Chypre. M. Akinci affirme qu’il est désormais nécessaire d’aboutir à une solution acceptable pour les deux parties et se montre favorable à une « fédération bizonale », soit « un Etat fédéral avec deux Etats membres sur un pied d’égalité ». Il ajoute souhaiter mettre fin à « une relation mère-enfant entre Ankara et Chypre » et espérer qu’un accord puisse être conclu dès cette année à condition qu’ « après les élections dans le sud de l’île, les discussions se poursuivent avec la même détermination, sans accusation mutuelle et en regardant vers l’avant ».
- France
Mouvement « Nuit debout » : « la nuit appartient à la contestation » (Die Welt) – « les nouveaux veilleurs de nuit de la France » (taz)
Dans des reportages, Die Welt et le quotidien alternatif de gauche tageszeitung rendent compte des manifestations organisées par le mouvement « Nuit debout » à Paris depuis le 31 mars. Les deux quotidiens décrivent avec bienveillance ces manifestations, en insistant notamment sur leur caractère « pacifique ». La taz ajoute qu’environ 100 Français se sont rassemblés le week-end dernier dans le quartier de Kreuzberg à Berlin en solidarité avec les manifestations organisées à Paris et qu’un nouveau rassemblement est prévu aujourd’hui. Dans un éditorial intitulé « le contraire de Pegida », le quotidien estime pour s’en féliciter que « l’aspect positif pour la France de ce nouveau mouvement réside dans le fait que la contestation contre la politique du gouvernement, l’économie et les conditions sociales ne dérive pas vers la droite comme dans d’autres pays » (cf. les rassemblements à l’appel de Pegida en Allemagne). Pour la taz, ce mouvement « prouve même qu’en France, la gauche n’est pas morte mais se renouvelle »./.