Le déploiement du très haut débit sera source de croissance dans les territoires.
On connaît les promesses technologiques de la fibre optique : des connexions plus rapides et un débit jusqu’à 100 mégabits par seconde (voire plus). Mais le déploiement de cette nouvelle technologie peut aussi être source de croissance et d’emplois. Le plan France très haut débit (THD), mis en place en 2013, prévoit la couverture de tout le territoire avec la fibre d’ici à 2022, grâce à une enveloppe de 20 milliards d’euros, dont deux tiers d’argent public. Si le déploiement est assuré sans peine par les opérateurs dans les grandes agglomérations, dans les campagnes il repose sur les collectivités locales, par le biais des réseaux d’initiative publique (RIP), en partenariat avec des acteurs privés. Elles mettent ainsi elles-mêmes la main à la poche. Et les opérateurs télécoms peuvent ensuite devenir clients de ces réseaux. Toute une filière industrielle gravite autour de ces infrastructures : opérateurs de gros, équipementiers, bureaux d’études, génie civil… Et elle ne cesse de grandir, comme le montre le dernier Observatoire des RIP, publié jeudi par la Fédération industrielle du secteur (Firip) et la Caisse des Dépôts.
En 2015, le chiffre d’affaires de la filière a bondi de 15 % par rapport à 2014, pour s’élever à 1,45 milliard d’euros (un doublement en trois ans). La croissance s’accompagne d’une hausse des emplois directs mobilisés : 6.000 en 2015 (+ 17 %). La dynamique ne devrait pas s’arrêter là. « Ce n’est que le début, prévient Etienne Dugas, le président de la Firip. Le gros de l’installation des prises très haut débit se fera entre 2016 et 2020. » Résultat : le chiffre d’affaires de la filière devrait atteindre 2 milliards en 2016, avec un bond de 50 % des emplois mobilisés.
Contrat de filière avec l’Etat
Pour faire face aux déploiements à venir, les industriels du secteur prévoient la mise en place d’un contrat de filière avec l’Etat, où ils s’engageraient sur la création de 10.000 emplois nouveaux et la formation de 30.000 personnes d’ici à 2020. Ce contrat, qui pourrait s’inscrire dans le plan de 500.000 formations annoncé par François Hollande en janvier, devrait être signé avant l’été avec Bercy.
Les besoins sont importants. A terme, c’est 43 % de la population qui sera raccordée au très haut débit grâce aux RIP, soit environ 15 millions de prises. A fin 2015, seules 2,2 millions de prises FTTH (fibre jusqu’à l’intérieur du logement) avaient été installées en zone peu dense, dont 30 % grâce à l’initiative publique. Il y a donc encore du chemin à faire. Les déploiements ont pris un peu de retard en 2015, compte tenu des nombreux changements de majorités dans les territoires (départementales et régionales) et des répercussions de la fusion entre SFR et Numericable (l’opérateur est un client important des RIP). La validation en suspens à Bruxelles du plan THD a aussi pu refroidir certaines collectivités, qui veulent s’assurer que les subventions promises par l’Etat seront bien allouées.
« Il y a de gros projets qui entrent en production », assure néanmoins Etienne Dugas. L’Alsace a officiellement lancé jeudi le déploiement de 380.000 prises fibre (l’un des plus gros RIP de France), en partenariat avec les entreprises NGE et Altitude Infrastructure. Un projet sur six ans qui mobilisera plus de 200 emplois et générera 350 millions d’euros de revenus. Signe de la dynamique actuelle dans la filière, « cela devient plus facile pour les collectivités de trouver des financements pour ces projets d’infrastructures, qui parlent aux investisseurs », explique Etienne Dugas, qui indique que la levée de fonds pour le RIP alsacien a été sursouscrite. Reste, pour les grands opérateurs, à commercialiser leurs offres sur ces réseaux.
Les Echos 21/04/2016