Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

 27 avril 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La Süddeutsche Zeitung révèle que la chancellerie fédérale s’apprête à mettre un terme aux fonctions du chef des services secrets Gerhard Schindler (« le patron du BND contraint au départ »). Les questions de liberté de la presse et la proposition du président du parlement turc de donner un caractère islamique à la constitution de ce pays font les gros titres du Tagesspiegel (« la Turquie s’éloigne de l’Europe ») et de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui note que « des responsables de la CDU/CSU critiquent la chancelière Merkel » sur le calendrier d’abrogation des dispositions pénales ayant permis les poursuites contre la ZDF pour un sketch anti-Erdoğan. Die Welt commente une étude sur la jeunesse allemande montrant que « les adolescents perdent leur désir de rébellion ». Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une à une interview du patron de BASF Kurt Bock qui justifie sa politique de rachats d’autres sociétés (« grand, plus grand, BASF »). Le choix par l’Australie de la France et de DCNS comme partenaires pour la construction  de 12 sous-marins figure en bonne place des Unes allemandes.
  2. Allemagne

Electromobilité : « le groupe parlementaire CDU/CSU contre la prime à l’achat d’un véhicule électrique » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Sous ce titre, le quotidien de Francfort cite le président du groupe parlementaire CDU/CSU, Volker Kauder, qui a évoqué les « grandes réserves » des parlementaires conservateurs à l’égard des mesures envisagées par le gouvernement fédéral pour encourager l’achat de véhicules électriques. Selon le tabloïd Bild, qui précise que les plus fortes réserves émanent des experts économiques et budgétaires du parti, le ministre des finances, Wolfgang Schäuble (CDU), au départ peu favorable à la prime, ne s’y serait résolu qu’après le ralliement de Horst Seehofer (CSU) à cette idée défendue par le SPD. A l’exception du Tagesspiegel qui accueille plutôt favorablement le projet, les quotidiens se montrent majoritairement critiques. La Süddeutsche Zeitung estime qu’une fois de plus la connivence entre lobby automobile et sphère politique éclate au grand jour. « C’était déjà cette étroite proximité qui a rendu possible le scandale de la fraude aux émissions des véhicules diesel », déplore le quotidien pour qui c’est une erreur de chercher à protéger une industrie en mutation car cela ne conduit qu’à freiner sa modernisation. Même écho de la part du Handelsblatt pour qui « déjà la prime à la casse en 2009 était un programme conjoncturel douteux ». Il est du devoir de l’Etat de créer les conditions favorables à l’essor des véhicules électriques, notamment en investissant dans la recherche et le développement, mais pas en intervenant en faveur des chiffres de vente, fait valoir le journal.

« Le patron du BND va devoir s’en aller » (Süddeutsche Zeitung)  

Plusieurs quotidiens reprennent les informations de la Süddeutsche Zeitung selon laquelle le chef de la chancellerie fédérale, Peter Altmaier (CDU), devrait annoncer aujourd’hui le départ de Gerhard Schindler, chef des services allemands de renseignement (BND) depuis 2012, et son remplacement par un fonctionnaire du ministère fédéral des finances, réputé proche de Wolfgang Schäuble. La Süddeutsche Zeitung indique qu’aucune information n’a filtré sur les motifs du congé donné à G. Schindler, mais précise que c’est la chancellerie fédérale qui l’aurait poussé vers la sortie en raison des conclusions de la commission d’enquête sur les écoutes de la NSA, lesquelles auraient notamment révélé de nombreux dysfonctionnements internes et la nécessité d’une refonte de l’administration. Marquant son étonnement face à une décision qui intervient tardivement, « au moment où le scandale des écoutes de la NSA et les révélations sur les écoutes pratiquées également par le BND n’intéressent plus grand monde », la Berliner Zeitung doute qu’un pur produit de l’administration et fidèle de W. Schäuble soit la personne adéquate pour garantir un fonctionnement plus transparent du BND.

  1. Europe / International

« La Turquie s’éloigne de l’Europe » (Tagesspiegel)

Plusieurs journaux s’inquiètent des propos controversés du président du parlement turc qui s’est déclaré favorable à l’adoption d’une constitution religieuse. Ce « pavé dans la mare » ne fait qu’alimenter les soupçons chez ceux qui attribuent au président Erdoğan un « agenda caché » visant à islamiser la Turquie, juge la FAZ qui soupçonne également une tentative du président du parlement turc d’affaiblir le Premier ministre Davutoğlu, soucieux de bonnes relations avec l’Union européenne, sur fond de rivalité grandissante entre le président Erdoğan et son Premier ministre. « Toujours est-il que le chemin sur lequel s’engage la Turquie ne mène pas vers l’Europe », conclut le quotidien. Pour la tageszeitung qui voit la Turquie « sur la voie de la charia », de sérieux doutes sont permis sur l’intention de la Turquie de devenir un jour membre de l’Union européenne. Déplorant un débat qui ne fait qu’attiser les tensions dans un pays qui aurait avant tout besoin de paix intérieure, la Süddeutsche Zeitung s’interroge sur les raisons de tels propos visant à « briser un tabou ». Pour le quotidien une chose est sûre : « la transformation de la Turquie pour la période d’après Erdoğan a commencé, voilà le message réellement inquiétant ». Le tabloïd Bild fait le constat d’un président turc qui accumule les provocations destinées à tester les limites et engage les Européens et la chancelière à ne pas céder aux pressions turques, notamment sur la question de la libéralisation des visas tant que toutes les conditions pour ce faire n’auront pas été réunies.

  1. France

« La France jubile après le contrat historique de sous-marins en Australie » (FAZ)

Le choix par l’Australie de la France et de DCNS comme partenaires pour la construction de 12 sous-marins est présenté par la presse allemande avant tout comme un sérieux revers industriel pour son concurrent allemand TKMS : « Thyssen-Krupp perd le contrat de sous-marin » (FAZ), « Echec allemand dans la course au contrat de sous-marins » (Die Welt), « Mission ratée » (Handelsblatt), « Les sous-marins allemands indésirables » (Süddeutsche Zeitung). Tous les articles, illustrés d’une photo du sous-marin de type Barracuda construit par DNCS, considèrent que cet échec – alors même que Thyssen-Krupp avait engagé des moyens considérables dans la bataille – sonne probablement le glas des espoirs de l’industriel allemand de vendre au prix fort sa division de construction navale dont elle souhaite se débarrasser.

La politique industrielle de la France est considérée comme un élément de premier plan dans cette décision mais, en tout état de cause, n’est pas critiquée en tant que telle. Même si Die Welt insiste à plusieurs reprises sur le fait que « la France soutient politiquement son industrie d’armement beaucoup plus offensivement que l’Allemagne », cette remarque tient plus du constat que de la polémique et la plupart des médias prennent acte d’une différence de culture politique majeure entre les deux pays en matière de contrats d’armement : « alors qu’en France, l’Etat a quasiment le devoir de faire la promotion de ses produits et de promettre des investissements dans le pays dont il espère des contrats d’armement, en Allemagne, beaucoup considèrent cela comme impensable », écrit encore Die Welt. Un engagement public dont les milieux allemands de l’armement aimeraient bénéficier davantage, relève le journal.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Handelsblatt mettent quant à eux l’accent sur les atouts technologiques et géostratégiques d’une entreprise « que les Allemands qualifient souvent d’un ton un peu méprisant de chantiers navals étatiques », comme le remarque le correspondant à Paris de la FAZ, Christian Schubert, qui présente DNCS comme un constructeur « agissant depuis longtemps à l’international » et disposant d’une « grande expertise technique » même si « réaliser des bénéfices n’est pas le point fort de l’entreprise ». Plusieurs journaux soulignent, à l’instar de la FAZ, que TKMS n’a pas encore l’expérience de la construction de sous-marins de l’envergure du Barracuda, « de plus les Français sont considérés comme leader pour la construction de sous-marins extrêmement silencieux », ajoute le quotidien de Francfort.

« Les atouts techniques de DNCS sont incontestables, et ses exportations profitent de l’ambition politique mondiale et de la vision géostratégique de la France », estime encore Ch. Schubert ; même analyse dans un commentaire de la FAZ signé d’un autre rédacteur, qui note que « dans les milieux militaires allemands, on attribue l’échec de Thyssen-Krupp aussi à son manque de connaissance du contexte géostratégique impliquant de coopérer davantage avec les puissances militaires en présence, tels que les Etats-Unis ». « Il faut savoir accepter le succès des autres », résume la FAZ en légende de la photo du sous-marin français./.