Synthèse de la presse quotidienne
28 avril 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- L’annonce par le gouvernement allemand de subventions à l’achat de véhicules électriques et hybrides fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« l’Etat fédéral encourage l’électromobilité à hauteur d’un milliard d’euros ») et de Die Welt (« 4000 euros pour tout acheteur de véhicule électrique »). La présentation du rapport de la commission mandatée par le gouvernement fédéral pour trouver un compromis sur le financement du démantèlement du nucléaire, qui propose de décharger les énergéticiens du stockage de déchets nucléaires moyennant une contribution de plusieurs milliards d’euros à un fonds géré par l’Etat, est à la Une de la Süddeutsche Zeitung (« les sociétés du nucléaire devront payer 23 milliards d’euros »), du Tagesspiegel (« l’industrie nucléaire doit payer 23 milliards d’euros ») et de la Berliner Zeitung (« une facture en milliards d’euros pour les industriels de l’énergie »). Le quotidien économique Handelsblatt s’inquiète de l’augmentation des frais bancaires (« attaque sur les épargnants »).
- Allemagne
« Compromis pour le financement de la sortie du nucléaire » (FAZ) – « l’industrie du nucléaire va devoir payer 23 milliards d’euros » (Süddeutsche Zeitung)
L’ensemble de la presse fait état des conclusions présentées par la commission gouvernementale chargée de s’assurer que les provisions constituées par les opérateurs de centrales seront suffisantes pour financer la sortie du nucléaire. Sur les 40 milliards d’euros que les opérateurs allemands de centrales nucléaires (Eon, RWE, Vattenfall, EnBW) ont mis de côté à ces fins, la commission propose qu’ils versent 23,3 milliards d’euros destinés à couvrir les coûts de transport et de stockage des déchets à un fond public en guise de provisions. Sur ces 23,3 milliards, la commission demande aux énergéticiens une « prime de risque » de 6,3 milliards en échange de la garantie qu’ils n’auront pas à se préoccuper des déchets. En difficulté financière, les intéressés ont réagi en faisant savoir qu’ils ne peuvent accepter en l’état la proposition au motif qu’elle dépasse leurs moyens.
La presse conservatrice (FAZ, Die Welt, Handelsblatt) accueille favorablement cette proposition qu’elle juge « équilibrée » (FAZ) et « acceptable » (Handelsblatt), d’un « coût modéré » pour les opérateurs de centrales nucléaires et présentant de surcroît l’avantage de les débarrasser définitivement de la question du stockage définitif des déchets (Handelsblatt). Die Welt va même jusqu’à évoquer une « percée historique » et rend particulièrement hommage à l’ex-ministre de l’Environnement Jürgen Trittin (Verts), membre de la commission, pour avoir su contribuer à une « solution non idéologique ». La Süddeutsche Zeitung en revanche s’insurge contre le fait qu’en échange du versement de 23 milliards d’euros, l’Etat, c’est-à-dire le contribuable, prenne seul en charge la question des déchets alors que les opérateurs ont engrangé pendant des années des bénéfices colossaux. De l’avis du journal, le compromis présente l’unique avantage d’ouvrir la voie à une sortie du nucléaire et à terme à la recherche d’un centre de stockage définitif des déchets. De l’avis du quotidien alternatif de gauche tageszeitung, le fait que l’on soit si vite parvenu à un accord au sein d’une commission comprenant de farouches adversaires du nucléaire mérite d’être salué, même s’il est vrai que les opérateurs de centrales s’en tirent à trop bon compte. « Il y a fort à parier qu’au final c’est bien me contribuable qui devra supporter une grande partie du coût du stockage », convient le journal.
« Bruno Kahl, nouveau président des services allemands de renseignement (FAZ)
Les journaux couvrent abondamment la nomination de Bruno Kahl comme successeur à Gerhard Schindler à la tête des services allemands de renseignement (BND). Les quotidiens publient de nombreux portraits de l’intéressé, unanimement présenté comme un conservateur proche de Wolfgang Schäuble, mais aussi du chef de la chancellerie fédérale, Peter Altmaier. Si officiellement aucune raison n’a été avancée motivant le congé de Gerhard Schindler, le tabloïd Bild avance que la chancelière aurait mal vécu les révélations sur les écoutes de responsables politiques étrangers pratiquées par le BND alors qu’elle avait elle-même précédemment critiqué les écoutes effectuées par la NSA.
- Europe
Interview de Mario Draghi (BCE) dans Bild
Dans une interview à la tonalité plus pédagogique que politique, le président de la Banque centrale européenne réitère, à l’intention de l’opinion publique allemande, les arguments avancés la semaine passée pour répondre aux critiques de dirigeants allemands contre la politique monétaire de la BCE. Il explique ainsi à nouveau que les taux d’intérêt très bas actuels ne sont pas plus pénalisants pour les épargnants, compte tenu de l’inflation nulle, qu’à l’époque où taux d’intérêts et inflation étaient plus élevés. Il recommande dans ce contexte de diversifier les placements pour obtenir de meilleurs rendements, citant l’exemple des Etats-Unis « où le taux directeur a été proche de zéro pendant sept ans sans paralyser pour autant les banques et les assurances ». A la question – convenue pour un média allemand – de savoir si la politique de la BCE évite aux pays endettés tels que l’Italie ou la France de subir une pression réformatrice plus grande, le président de la BCE juge que ce n’est pas le cas – « même si les réformes entreprises par la plupart des gouvernements vont trop lentement à mon goût » – et se récrie que « ce n’est pas le rôle de la BCE, ce ne serait pas démocratique si une banque centrale dictait son action à des gouvernement élus ». Interrogé enfin sur le danger d’un « Brexit », Mario Draghi « refuse de croire que les Britanniques votent en faveur d’une sortie de l’UE. Nous sommes plus fort ensemble. Mais s’ils le font, ils doivent le faire en toute connaissance de cause : ils perdront tous les avantages du marché intérieur ».
Entretien de Werner Hoyer (BEI) avec la Berliner Zeitung
Le président de la Banque européenne d’investissement se félicite de ce que le programme européen d’investissement adopté fin 2014 (« plan Juncker ») se soit concrétisé « en un temps record : nous avons, fin mars, atteint le quart du volume d’investissement total de 315 milliards d’euros prévu, et de surcroît, pour des projets dans quasiment tous les pays européens, y compris ceux du Sud, et qui bénéficient surtout à des PME ». Werner Hoyer, ancien secrétaire général du FDP et ex-secrétaire d’Etat à l’Auswärtiges Amt, déplore l’existence en Europe, « et surtout en Allemagne, d’une énorme aversion des investisseurs pour la prise de risque » et pointe aussi une certaine arrogance des Allemands, forts de leurs succès économiques : « nous sommes champions du monde des donneurs de leçons de réformes alors même que chez nous, c’est la stagnation sur le plan structurel et le courage manque pour s’attaquer soi-même aux réformes ».
« Nahles restreint l’aide sociale pour les ressortissants de l’UE » (Berliner Morgenpost)
Les quotidiens du groupe Funke Medien font état d’un projet de loi du ministère allemand du Travail prévoyant de restreindre massivement l’accès des ressortissants communautaires à l’aide sociale en Allemagne, l’obtention d’une telle aide devant être conditionnée à cinq ans de résidence sans recours aux subsides de l’Etat, ou à l’acquisition de droits dans le cadre d’un emploi. Par cette initiative, actuellement en cours de concertation interministérielle, « la ministre du Travail Andrea Nahles (SPD) réagit rapidement aux récents jugements du tribunal fédéral des Affaires sociales » selon lesquels les ressortissants de l’UE ont actuellement le droit à l’aide sociale allemande au bout de six mois seulement de résidence. Mme Nahles elle-même s’était récemment prononcée, dans une interview à la Berliner Morgenpost, contre le tourisme social au sein de l’UE, rappelle le journal. Le projet de loi prévoit que les ressortissants de l’UE ne bénéficiant pas de l’aide sociale puissent prétendre à une allocation exceptionnelle pendant 4 semaines maximum et obtenir un crédit pour couvrir les frais de retour dans leur pays d’origine, précise encore le quotidien./.