Synthèse de la presse quotidienne
10 mai 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La démission du chancelier autrichien Werner Faymann fait les gros titres de la presse : « le FPÖ déclenche une crise gouvernementale à Vienne » (Tagesspiegel) ; « crise gouvernementale en Autriche » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « la démission de M. Faymann plonge l’Autriche dans la crise » (Süddeutsche Zeitung). Die Welt rend compte d’un sondage de l’institut britannique Ipsos Mori réalisé à l’échelle européenne qui montre que « les Français et les Italiens lorgnent vers une sortie de l’UE » en raison d’un nombre relativement élevé d’habitants souhaitant la tenue dans leur pays d’un référendum sur l’appartenance à l’UE, ainsi que d’une proportion notable de la population favorable à une sortie de l’UE. Le tabloïd Bild publie un bilan intermédiaire de la politique d’accueil des réfugiés en Allemagne (« toute la vérité sur les réfugiés »). Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une au poids des analystes financiers sur les marchés d’actions (« le pouvoir des analystes »).
- Allemagne
« Le nombre de réfugiés continue de diminuer » (Berliner Zeitung)
S’appuyant sur les chiffres communiqués par l’Office fédéral en charge des migrations, le quotidien de Berlin indique qu’avec 16 000 arrivées sur le territoire en avril (contre 20 600 en mars), le nombre de réfugiés a à nouveau baissé. Ceci étant, le nombre de dossiers de demande d’asile a augmenté (246 000 nouvelles demandes depuis le début de l’année), un phénomène qui s’explique par le fait que l’hébergement et l’enregistrement des réfugiés étant désormais satisfaisants, une demande d’asile peut être rapidement déposée. Le quotidien indique à ce propos que l’Office a fait part de son intention d’accélérer le traitement des dossiers de demande d’asile, son objectif étant de parvenir à en traiter un million cette année.
- Europe/Allemagne
Démission du chancelier autrichien : « la grande coalition est un poison » (Bild)
L’annonce de la démission du chancelier autrichien Werner Faymann est commentée par l’ensemble des quotidiens qui s’accordent à constater que son revirement en matière de politique migratoire marqué par un durcissement alors qu’il avait initialement défendu l’accueil des réfugiés n’est pas étranger à cette issue. « Les socialistes du SPÖ et les chrétiens-démocrates de l’ÖVP ont été confrontés à une perte continue de confiance de la part des électeurs – ce qui n’est pas sans rappeler un certain parallèle avec Berlin -, tandis qu’à droite le FPÖ était en mesure de se présenter aux électeurs comme la vraie alternative », fait valoir la FAZ. « Ce qui se passe actuellement chez nos voisins pourrait bien nous menacer à brève échéance », renchérit le tabloïd Bild qui en veut pour preuve le dernier sondage INSA qui crédite la grande coalition en Allemagne de seulement 50% d’opinions favorables et situe le parti de droite populiste AfD à 15% (en hausse de 1,5 point par rapport à la semaine passée, alors qu’avec 30,5% la CDU/CSU perd 1,5 point et que le SPD stagne à 19,5%). « Les grandes coalitions sont un poison mortel pour les partis qui s’y engagent (…) Depuis 2005, la CDU/CSU et le SPD se sont laissé aller par deux fois à la tentation. Ceci ne doit pas se reproduire en 2017 », met en garde Bild.
Le tabloïd signale par ailleurs que l’ancien ministre-président bavarois Edmund Stoiber (CSU) a appelé la CDU à davantage s’intéresser à son électorat conservateur de manière à regagner la frange des démocrates tentés par le vote AfD. Constatant que le fossé s’est creusé entre la CDU et la CSU sur de nombreux dossiers (politique migratoire, sécurité intérieure), Edmund Stoiber indique que faute de rapprochement la CSU se trouvera contrainte de faire campagne sur ses propres positions en 2017.
- Europe
« Bonnes nouvelles pour la Grèce » (Handelsblatt)
Au lendemain de la rencontre de l’eurogroupe consacrée à la Grèce, tous les journaux soulignent que la question d’un allègement du fardeau de la dette grecque a été pour la première fois abordée par les ministres des finances de la zone euro. Le Handelsblatt relève que Wolfgang Schäuble n’a pas souhaité s’exprimer sur cette question ni avant ni après la réunion, se contentant d’évoquer un possible accord de la Grèce avec ses créanciers sur le troisième paquet d’aide avant la fin du mois. « Les partenaires européens d’Athènes n’ont pas envie d’une réédition de la crise de l’année passée, surtout avant le référendum sur le ‘Brexit’ et en pleine crise migratoire, et un compromis est possible », observe le Tagesspiegel. Plusieurs journaux évoquent à nouveau « l’éternel dilemme » de l’Allemagne, ayant conditionné son aide à la participation du FMI, lequel exige un allègement de la dette grecque jusqu’ici rejeté par Berlin.
« Les Français et les Italiens lorgnent vers une sortie de l’UE » (Die Welt)
Le quotidien Die Welt ouvre sa Une sur un sondage de l’institut britannique Ipsos-MORI – qui passe au demeurant inaperçu dans le reste de la presse – montrant qu’inspirés par le référendum britannique sur une sortie du Royaume-Uni de l’UE, 45% des électeurs de huit pays européens, au premier rang desquels l’Italie et la France, aimeraient être eux aussi interrogés directement sur une telle option pour leur pays. Selon cette enquête, 58% des Italiens et 55% des Français sont favorables à un référendum sur leur appartenance à l’UE, et si tel était le cas, ils seraient 48% en Italie et 41% en France à vouloir quitter l’UE, rapporte Die Welt en rappelant que ces deux pays sont parmi les fondateurs de l’Union européenne. Dans une moindre mesure, ce rejet est présent aussi dans la population allemande (40% pour un référendum et 34% pour une sortie de l’Allemagne de l’UE), s’étonne Die Welt, qui s’alarme de ces chiffres « qui promettent à l’AfD un avenir rose ».
- International
« Plus d’investissements ! Le FMI invite l’Allemagne à dynamiser son marché du travail » (Süddeutsche Zeitung)
La Süddeutsche Zeitung et le Handelsblatt consacrent des articles au rapport du Fonds monétaire international appelant l’Allemagne à conduire de nouvelles réformes économiques et à investir davantage dans ses infrastructures. La Süddeutsche Zeitung met surtout en avant la recommandation faite à l’Allemagne d’accroître ses efforts structurels pour faciliter l’intégration des réfugiés sur le marché du travail. Le quotidien de Munich précise que le secrétaire d’Etat parlementaire au ministère fédéral des Finances, Jens Spahn (CDU), a accueilli positivement ce rapport, jugeant qu’ « il s’agit d’une bonne opportunité pour bénéficier d’un regard extérieur sur la situation économique allemande ».
- France
Interview du gouverneur de la Banque de France dans la Süddeutsche Zeitung
Dans un entretien avec la Süddeutsche Zeitung, François Villeroy de Galhau – qui ne manque pas de souligner qu’en tant que Sarrois d’origine, il entend jouer un rôle de passerelle entre l’Allemagne et la France – déplore les critiques allemandes à l’égard du président de la Banque centrale européenne : « ce n’est pas la politique monétaire de Mario Draghi, mais celle décidée par les 25 membres du conseil de la BCE. Cette personnalisation est vraiment excessive ». Défendant les interventions de la BCE, il plaide pour une meilleure compréhension par l’opinion publique allemande de la mission de celle-ci de garantir la stabilité des prix. Interrogé sur le déficit français, F. Villeroy de Galhau déclare qu’il attend du gouvernement français qu’il respecte son engagement d’abaisser le déficit sous la barre des 3% du PIB en 2017. Il plaide en outre pour un approfondissement de l’union monétaire : « les modifications nécessaires des traités européens pourraient être engagées après les élections de 2017 en France et en Allemagne, elles ont besoin d’une légitimation démocratique mais on ne peut rester figé dans le statu quo »./.