Synthèse de la presse quotidienne
11 mai 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin : la Frankfurter Allgemeine Zeitung met en avant que « Mme Von der Leyen veut étoffer les effectifs de la Bundeswehr » ; Der Tagesspiegel titre que B. « Obama écrit à nouveau l’histoire » en prévoyant de se rendre à Hiroshima ; Die Welt relève que l’office fédéral de surveillance des marchés financiers craint que « les taux bas [ne] mettent désormais en danger les retraites du secteur privé » ; la Süddeutsche Zeitung annonce pour sa part « plus de temps pour la déclaration d’impôt ». Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une au coût élevé de la scission de l’énergéticien Eon (« le coûteux divorce d’Eon »).
- Allemagne
« Von der Leyen veut étoffer la Bundeswehr » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
L’ensemble des journaux commentent les annonces, hier, de la ministre fédérale de la défense, Ursula von der Leyen (CDU), qui a fait part de la première hausse d’effectifs de l’armée allemande depuis la réunification, une décision qui, a-t-elle souligné, met un terme à une logique de coupes ininterrompues. D’ici à 2023, le nombre de soldats doit augmenter de 14 300 et les effectifs civils de l’armée de 4 400 pour atteindre un total de 194 000 hommes.
Pour la FAZ, qui évoque un « petit tournant », cette annonce est la suite logique des annonces faites par la ministre de la défense lors de la conférence sur la sécurité à Munich il y a deux ans et demi. Die Welt applaudit à une mesure « enfin réaliste » qui répond aux nécessités de la situation géopolitique actuelle marquée par « la menace russe, la guerre contre Daech en Syrie, en Iraq et peut-être bientôt en Libye ». Estimant qu’Ursula von der Leyen « dirige la Bundeswehr comme une grande entreprise », le Handelsblatt se félicite du « gain de flexibilité » que représente la mesure. Il s’agit d’une augmentation « plus symbolique que gigantesque », tempère la Berliner Zeitung, mais qui porte néanmoins la marque des temps : « le monde se trouve à nouveau engagé dans un processus de réarmement ».
« La gauche du SPD veut sortir de la grande coalition » (Bild)
Sous ce titre, le tabloïd indique que l’aile gauche du SPD fait pression sur la présidence du parti pour qu’une éventuelle reconduction de la grande coalition soit exclue au ledemain des élections de 2017. Le journal en veut pour preuve des propos de Matthias Miersch, représentant de l’aile gauche, qui a déclaré que « l’Autriche fournit l’exemple de ce qui se passe dès lors que la grande coalition devient l’état normal des choses ».
Les journaux évoquent par ailleurs l’échange entre Sigmar Gabriel et Susanne Neumann, une femme de ménage conviée à la « conférence sur les valeurs » organisée par le SPD à Berlin lundi, qui reprochait au SPD son manque d’action pour lutter contre les contrats de travail précaires. Au chef du SPD qui déclarait : « désolé, mais ce n’était pas faisable avec la CDU », son interlocutrice a rétorqué : « pourquoi alors restez-vous avec les conservateurs ? », s’attirant les cris d’enthousiasme de l’assistance, note la presse.
- Europe
« De Maizière menace : la libéralisation des visas pour les Turcs peut encore échouer » (Bild)
Selon des informations du tabloïd Bild, le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, aurait déclaré, lors d’une réunion du groupe parlementaire CDU/CSU, que le président turc « n’est pas disposé à satisfaire aux critères » exigés pour la libéralisation de l’obligation de visas pour les ressortissants turcs, et que « si c’est le cas, il n’y aura pas de libéralisation des visas ». « Au gouvernement fédéral aussi, on envisage à présent que l’accord entre l’UE et la Turquie sur les réfugiés puisse échouer », traduit Bild.
Après la décision hier du président du parlement européen et des coordinateurs des groupes parlementaires du PE de ne pas étudier ce dossier tant que la Turquie n’aura pas rempli la totalité des 72 critères exigés par l’Union européenne, « Martin Schulz menace Erdogan de stopper les négociations », annonce sur son site internet la radio publique Deutschlandfunk (DLF). Dans une interview matinale, le président du parlement européen réaffirme qu’il est « hors de question » que le parlement commence à étudier la proposition de loi de la Commission européenne tant que les conditions d’une libéralisation des visas ne sont pas remplies, et qu’elle n’a donc pas été transmise à la commission justice du PE. « Il ne s’agit pas de quantité mais de qualité, et les deux conditions essentielles, les réformes de la protection des données et des lois anti-terroristes, ne sont non seulement pas remplies, mais même pas entamées », critique Martin Schulz (SPD). De facto, l’adoption de la libéralisation des visas pour les Turcs avant juillet paraît exclue, en conclut DLF. Interrogé sur les dernières déclarations de R. T. Erdogan souhaitant que l’UE « tienne ses promesses et règle cette affaire au plus tard en octobre », le président du parlement européen critique à demi-mots la présidentialisation du régime turc et la main-mise du président turc sur ce dossier : « c’est quand même étonnant que ce soit un chef d’Etat aux fonctions représentatives qui décide au bout du compte quand le parlement doit statuer ou non ».
- International
Turquie / entretien du président du Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kiliçdaroğlu, dans Bild : « Erdoğan est un dictateur »
Dans une interview au tabloïd Bild, le président du Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kiliçdaroğlu, dénonce l’attitude du président turc et justifie son choix de le qualifier de « dictateur ». « [Recep Tayyip Erdoğan] est persuadé que lui seul connaît et dit la vérité ; il veut diriger et contrôler seul son parti ; il méprise la Constitution, le pouvoir législatif et judiciaire, le fondement de toute démocratie », s’alarme K. Kiliçdaroğlu. Le président du CHP défend toutefois le choix de la chancelière de promouvoir l’accord UE-Turquie du 18 mars, jugeant qu’Angela Merkel « s’en est tenue aux règles démocratiques et a négocié, conformément à la Constitution, avec le premier ministre Davutoglu ». Selon lui, l’éviction du premier ministre ne fait pas voler en éclat l’accord sur les réfugiés car « l’accord a été conclu avec l’Etat turc, et non pas avec une seule personne » en ajoutant que « Erdoğan n’est pas la Turquie et ne le sera jamais ». Interrogé sur la capacité de la Turquie à remplir les conditions préalables à la libéralisation des visas par l’UE, le chef du CHP juge que « la majorité des parlementaires est favorable aux réformes » et que « ce serait une grande contradiction que les députés veuillent d’une part que la Turquie devienne membre de l’UE, mais qu’ils n’approuvent pas d’autre part les standards européens ». Kemal Kiliçdaroğlu accuse par ailleurs le président turc d’« utiliser le combat contre le terrorisme pour imposer ses propres intérêts et se présenter comme le seule sauveur possible de la nation » et affirme que Recep Tayyip Erdoğan « ne gagnera pas » dans son projet d’établir une république présidentielle et qu’il ne parviendra pas à nuire à l’héritage de Kemal Atatürk.
Ukraine / avant-papiers sur la réunion des ministres des Affaires étrangères en format Normandie : « Steinmeier en appelle à Moscou et à Kiev » (FAZ)
En lever de rideau de la rencontre des ministres des Affaires étrangères en format Normandie aujourd’hui à Berlin sur la crise ukrainienne, la Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Tagesspiegel insistent sur les difficultés dans le règlement du conflit et rendent compte des déclarations d’hier de Frank-Walter Steinmeier. La FAZ souligne que le ministre fédéral a notamment regretté que les progrès dans la mise en œuvre des accords de Minsk n’avancent qu’à une vitesse d’« escargot », notamment en ce qui concerne la préparation des élections locales dans l’Est de l’Ukraine. Le quotidien de Francfort revient en outre sur les discussions au sujet d’un possible déploiement d’une mission de police armée sous l’égide de l’OSCE et rappelle le scepticisme du gouvernement allemand sur la question.
- France
Recours à l’article 49-3 pour réformer le droit du travail : « une réforme minuscule pour un prix élevé » (FAZ)
Dans un commentaire de son correspondant économique parisien Christian Schubert, la FAZ se montre critique envers le gouvernement français qui « n’est parvenu à convaincre ni la majorité, ni l’opinion publique du bien-fondé de la réforme » du droit du travail, recourant à « l’étau » du 49-3, qui n’est autre qu’un « aveu de faiblesse ». « Même si la réforme du marché du travail est d’une impérieuse nécessité, un gouvernement ne saurait passer outre la volonté populaire », juge le quotidien. « Le deuxième plus grand pays de la zone euro se voit doter d’une mini-réforme pour laquelle elle paie le prix fort », conclut le journal.
« Les start-ups françaises et allemandes veulent intensifier leur coopération » (FAZ)
Sous ce titre, la Frankfurter Allgemeine Zeitung rend compte de l’événement « French-German EUnicorns Day Berlin » organisé hier conjointement par l’ambassade de France, la société de conseil Roland Berger et le quotidien, et d’un entretien croisé avec l’ambassadeur de France en Allemagne, Philippe Etienne, et le président de Roland Berger, Charles-Edouard Bouée. L’article souligne le dynamisme des start-ups françaises et le rôle important joué par les mesures politiques en France, notamment le développement des infrastructures numériques./.