Aujourd’hui en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

12 mai 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse : la Süddeutsche Zeitung s’inquiète d’un « pacte [UE/Turquie] sur les réfugiés en danger » après le refus de révision de la loi antiterroriste turque exprimé par le président Erdoğan. La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie pour sa part une interview du ministre-président vert de Bade-Wurtemberg Winfried Kretschmann selon lequel « il faut faire des distinctions parmi les électeurs de l’AfD » entre les extrémistes et les mécontents. Die Welt titre qu’un groupe de « députés CDU râlent contre la ‘dérive vers la gauche’ de Mme Merkel ».  Der Tagesspiegel note que « la voie est libre en Allemagne pour un WiFi ouvert » avec la levée des derniers obstacles juridiques qui s’y opposaient. Le quotidien économique Handelsblatt regrette la recommandation du conseil de surveillance de Volkswagen aux actionnaires du groupe d’exprimer leur satisfaction sur la gestion de l’entreprise pour l’année écoulée, malgré les scandales (« auto-absolution »).
  2. Allemagne

« Des parlementaires CDU râlent contre la ‘dérive à gauche’ de Merkel » (Die Welt)

Die Welt ouvre son édition du jour sur les critiques exprimées dans un manifeste par une quinzaine de députés CDU représentants de l’aile droite et libérale et membres du « cercle berlinois », un groupe fondé en 2012 qui plaide en faveur d’un recentrage de la CDU sur ses valeurs traditionnelles. « Ce que l’on qualifie de ‘modernisation’ de la CDU crée de la place pour un nouveau parti à sa droite », font valoir les signataires qui se défendent de chercher à donner un coup de barre à droite au parti, mais affirment vouloir mettre un terme à sa dérive à gauche. La politique migratoire de la chancelière est le « sujet d’inquiétude numéro un », relève Die Welt, les signataires du manifeste critiquant l’accord entre l’Union européenne et la Turquie qui revient, selon eux, à rendre l’Union européenne dépendante d’un pays tiers pour la protection de ses frontières extérieures. Le Handelsblatt signale que les membres du « cercle berlinois » bénéficient du plein soutien de Horst Seehofer, le chef de la CSU. Qualifiant le « cercle berlinois » de « troupe médiocre », Die Welt critique dans un commentaire le manque de courage et d’envergure de ses membres qui se défendent d’appeler à la relève de la chancelière. Pour le journal conservateur, la faiblesse du mouvement n’a « même pas de quoi ramener dans le giron de la CDU un seul électeur de l’AfD ».

Accord sur une limitation des contrats intérimaires et davantage de flexibilité pour les retraités désireux de reprendre une activité

L’ensemble de la presse fait état de l’accord intervenu mardi soir au sein du gouvernement fédéral portant sur deux projets défendus par la ministre en charge du travail et des affaires sociales, Andrea Nahles (SPD). Le premier projet porte sur l’encadrement du travail intérimaire qui sera désormais limité à un contrat de 18 mois et ouvrira droit pour les travailleurs intérimaires en mission pendant plus de neuf mois dans la même entreprise au même salaire que les employés maison dans les mêmes fonctions. Le second projet vise à permettre aux personnes ayant atteint l’âge de la retraite de continuer à travailler en déchargeant l’employeur de certaines cotisations (chômage notamment) et à permettre aux retraités désireux de de reprendre une activité une rémunération plus attractive que ce n’était le cas jusqu’à présent.

Si Bild applaudit à ce second projet au motif qu’il prend enfin en compte le vieillissement de la population et fournit une réponse appropriée aux nombreux retraités aptes à travailler, le tabloïd n’en souligne pas moins que le caractère coûteux des projets de la ministre de tutelle (le 3ème d’envergure depuis 2013 avec l’adoption du salaire minimum). Le Tagesspiegel se déclare peu convaincu par les mesures destinées à limiter les contrats de sous-traitance.

  1. Europe

« Le pacte sur les réfugiés de l’UE avec Ankara en danger » (Süddeutsche Zeitung)

Suite au refus de la conférence des présidents du Parlement européen d’étudier la proposition d’exemption de visas pour les Turcs tant que l’ensemble des conditions ne seront pas remplies, la presse se fait l’écho de l’escalade verbale côté turc : « Ankara fulmine, un ministre d’Erdogan menace l’UE », souligne la Berliner Zeitung. Die Welt se félicite, dans un commentaire, du « réveil de Bruxelles » face au « despote du Bosphore » et juge que l’accord UE-Turquie n’est pas sans alternative ; face aux chantages permanents d’Ankara, « c’est à l’UE d’agir et de protéger ses frontières, au pire par des missions militaires multinationales », écrit le quotidien.

Les avis sont partagés sur les rapports de force : « Erdogan a besoin des Européens bien plus que l’inverse et Merkel et les autres devraient enfin faire preuve de plus d’aplomb vis-à-vis d’Ankara », estime ainsi Die Welt ; « l’UE a besoin de la Turquie car Erdogan menace de renvoyer les réfugiés sur la route de l’Europe », tempère la Frankfurter Rundschau ; « la chancelière a besoin de l’aide d’Erdogan pour éviter un échec de sa politique migratoire et le paie au prix fort », affirme le Handelsblatt. Bild chiffre à 3,8 millions d’euros une concession faite dans ce contexte par l’Allemagne à la Turquie, sous la forme de la construction d’un pavillon à l’Expo horticole internationale d’Antalya – après 15 ans d’absence de l’Allemagne à cette manifestation – décidée à la dernière minute « en raison de la situation politique actuelle », selon des sources proches du gouvernement fédéral citées par Bild.

Dans un entretien avec Die Welt, l’ambassadeur russe auprès de l’UE, Vladimir Chizhov, met en garde l’Union européenne contre un soutien aux exigences turques d’instauration de zones tampons en Syrie, estimant que de telles zones d’exclusion aérienne seraient probablement utilisées comme zones de repli et d’armement pour les combattants islamistes. « Il ne faut pas que les Européens soutiennent l’aménagement de zones d’exclusion aérienne en échange de l’aide d’Ankara à stopper les flux migratoires vers l’UE », insiste-t-il.

« Gabriel voit le TTIP sur la corde raide » (Handelsblatt)

Lors d’une séance de questions d’actualité au Bundestag, le vice-chancelier et ministre de l’Economie, Sigmar Gabriel (SPD), a réaffirmé sa position sur les négociations du traité transatlantique de libre-échange – déjà exprimée lors des récents débats à ce sujet à la Foire de Hanovre et dans une interview au Handelsblatt – « en décalage avec celle de la chancelière Merkel », relève la Berliner Zeitung. « Il n’y aura pas de TTIP tel que se l’imaginent les Américains », a déclaré S. Gabriel tout en plaidant pour une poursuite des négociations et la « lutte pour un bon accord commercial » profitable à la nation exportatrice qu’est l’Allemagne. Evoquant la volonté de la chancelière de conclure cet accord avant la fin de l’année, il a à nouveau déclaré « ne pas imaginer comment cela pourrait être possible », ajoute la Berliner Zeitung.

  1. International

Ukraine / réunion des ministres des Affaires étrangères en format Normandie : « A l’Est, rien de nouveau » (FAZ)

La presse rend compte de manière factuelle de la rencontre des ministres des Affaires étrangères en format Normandie hier à Berlin, rapportant les propos du ministre fédéral des Affaires étrangères qui a souligné le caractère « difficile » des négociations et a fait part d’un bilan « au mieux mitigé ». Ils retiennent également que Frank-Walter Steinmeier (SPD) a néanmoins évoqué « une atmosphère améliorée » et qu’il a indiqué que « des pas significatifs vers l’avant » avaient été effectués sur les questions de sécurité. A l’instar de la FAZ, les journaux regrettent l’absence de progrès sur l’organisation d’élections locales dans l’est de l’Ukraine et rappellent la tenue d’un sommet européen dans six semaines lors duquel « des décisions devront être prises ». La Süddeutsche Zeitung se montre particulièrement pessimiste sur l’avancée des négociations, s’inquiétant d’un risque d’échec des accords de Minsk et de nouvelles tensions entre Kiev et Moscou.

Entretien du chef économiste de la Maison blanche, Jason Furman, avec le Handelsblatt : « L’Allemagne n’est pas un modèle pour le monde »

Dans une interview au Handelsblatt, le chef économiste de la Maison blanche, Jason Furman, salue une économie allemande « très impressionnante », mais juge que « le reste du monde ne peut pas suivre le modèle allemand » rappelant les critiques américaines à l’égard de la balance des paiements en Allemagne et invitant Berlin à accroître les investissements et augmenter les salaires. Jason Furman rappelle par ailleurs le souhait de la Maison Blanche d’une signature rapide du partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), estimant que celui-ci aidera la croissance mondiale et encouragera l’innovation et l’amélioration de la productivité sur les deux rives de l’Atlantique.

  1. France

Recours à l’article 49-3 pour réformer le droit du travail : « à Paris règne la défiance » (Süddeutsche Zeitung)

Dans un commentaire de son correspondant économique parisien Christian Wernicke, la Süddeutsche Zeitung dénonce la manière « brutale » à laquelle recourt le gouvernement pour faire passer son projet de réforme. Pour le journal, par un dialogue insuffisant avec les opposants, le Premier ministre est l’une des raisons du blocage, l’autre étant l’aile gauche des frondeurs, « une minorité qui ne cherche en rien le compromis, mais à faire capituler la majorité ». Si le gouvernement passera sans problème le cap de la motion de censure, « la fin est proche, en l’occurrence celle du président de la République qui, au vu des divisions de la gauche, ne saurait caresser le rêve d’une réélection en 2017 », affirme le quotidien de Munich./.