Aujourd’hui en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

13 mai 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin : la Süddeutsche Zeitung révèle que le cabinet « Roland Berger va passer le BND à la loupe », dans un audit inédit des services secrets par un cabinet privé. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur la suspension de la présidente brésilienne « Dilma Rousseff [qui] appelle à suspendre les manifestations » Die Welt note que « le pape François dit pouvoir imaginer que des femmes occupent des fonctions ecclésiastiques ».  Der Tagesspiegel titre que « pour Jean-Claude Juncker, la libéralisation des visas est le problème de M. Erdogan ». Le quotidien économique Handelsblatt décrit le « piège turc » sur la question des réfugiés et consacre son dossier du week-end au patron de la Deutsche Bank, le Britannique John Cryan (« sauveur ou fossoyeur » ?).
  2. Allemagne

« Roland Berger va passer au crible le BND » (Süddeutsche Zeitung)

La Süddeutsche Zeitung consacre sa une au fait que la société de conseil Roland Berger a été choisie pour remédier aux dysfonctionnements internes au BND, les services allemands de renseignement. Ce sont les services chargés des écoutes et de la cyber-menace qui vont être passés au peigne fin, les consultants de Roland Berger ayant pour mission de proposer à l’automne prochain des solutions pour améliorer le fonctionnement de ces services mis en cause dans le scandale des écoutes visant plusieurs pays européens.

Soulignant la nouveauté que constitue pour les services allemands de renseignement le recours à une société privée, le quotidien de Munich estime que cette décision montre « à quel point la détresse doit être grande pour que se justifie le recours à une aide extérieure ».

  1. Europe

« Merkel défend le pacte migratoire UE-Turquie » (Süddeutsche Zeitung)

La presse allemande se fait l’écho du durcissement des positions de la Turquie et de l’Union européenne sur la question de la libéralisation des visas pour les Turcs, élément central du « pacte UE-Turquie » conclu pour freiner les flux migratoires vers l’Europe. « Erdoğan a accusé l’UE de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Turquie », titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Si la stratégie d’Erdoğan est de refuser aux Turcs la libéralisation des visas, c’est son problème, pas le mien », a rétorqué le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, présent hier à Berlin dans le cadre de la conférence annuelle sur l’Europe organisée par la chaîne régionale publique WDR et de la réouverture de la représentation allemande de la commission européenne. Il a également insisté sur le fait que l’UE avait négocié le pacte migratoire avec le gouvernement turc et non son président.

Lors du Forum Europe qui se tenait à l’Auswärtiges Amt, la chancelière fédérale a souligné que le pacte UE-Turquie avait permis de sauver des vies en évitant des noyades de migrants en Méditerranée, rapportent les quotidiens. « Les Européens ont un intérêt durable à ce que ce pacte migratoire ne s’effondre pas », a également déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier (SPD), lors de cette conférence. S’agissant du dossier des visas, il a toutefois souligné que « la balle est dans le camp de la Turquie », note le Tagesspiegel. « Il ne peut y avoir de ‘Lex Turquie’, la Turquie doit remplir les critères d’une exemption des visas comme tout autre pays », a renchérit le vice-chancelier et président du SPD, Sigmar Gabriel, rapporte encore la Süddeutsche Zeitung.

Le président de la BCE « subitement défendu par tous les dirigeants allemands » (Süddeutsche Zeitung)

Dans un article teinté d’ironie, la Süddeutsche Zeitung s’étonne que Mario Draghi, « bête noire des épargnants allemands » dont la politique monétaire était encore récemment ouvertement critiquée en Allemagne, notamment par les conservateurs, reçoive à présent pour son action le soutien de la chancelière fédérale, de son vice-chancelier et du ministre des Finances, après celui, remarqué, du président de la Bundesbank. « Les dirigeants de la grande coalition défendent publiquement et de manière concertée la politique monétaire de la BCE, voilà qui est nouveau », constate la Süddeutsche Zeitung. « Cela n’aide personne de faire de la BCE un bouc-émissaire simplement parce qu’elle remplit son mandat », déclare ainsi Sigmar Gabriel à la Süddeutsche Zeitung en estimant que c’est aux gouvernements de donner à la banque centrale européenne les moyens de sortir de sa politique monétaire expansive en prenant les mesures économiques nécessaires à un retour de l’investissement. Dans un entretien avec le Handelsblatt lors d’un dîner de gala, Wolfgang Schäuble (CDU), se défend d’avoir critiqué Mario Draghi et précise que les taux d’intérêts très bas avec une inflation proche de zéro posent un problème davantage politique qu’économique. La chancelière fédérale, pour sa part, est « sortie de son silence », relève la SZ, pour déclarer hier que la BCE avait pour mission d’assurer la stabilité des prix et que « l’Allemagne et tous les autres pays de la zone euro devaient veiller à dégager à nouveau des potentiels de croissance afin de faire remonter le taux d’inflation ». La Süddeutsche Zeitung ne peut que spéculer sur les raisons de ce revirement soudain des dirigeants allemands, notamment conservateurs, dans leurs déclarations publiques, et envisage même un calcul électoraliste, l’objectif pouvant être de chercher à amadouer la BCE pour qu’elle infléchisse sa politique monétaire avant les législatives allemandes en 2017, écrit le journal.

  1. International

« Moscou entend apporter une réponse militaire au bouclier de l’OTAN » (FAZ)

Evoquant les « menaces » de Moscou après la mise en service du système antimissile américain de Deveselu, au sud de la Roumanie, la FAZ fait valoir dans un commentaire que c’est chaque fois la même chose, la Russie considérant chaque avancée de l’OTAN comme dirigé contre sa propre dissuasion nucléaire. « Ceci étant, la question de savoir si l’OTAN a réellement besoin de ce bouclier antimissile mérite d’être posée », estime le quotidien. « L’accord sur le nucléaire iranien a considérablement diminué la menace potentielle en provenance du Proche-Orient et l’on est en droit de se demander si l’argent mis dans ce projet n’aurait pas été plus judicieusement investi ailleurs, du côté des forces conventionnelles de l’Alliance, notamment »./.