Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

20 mai 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung retient d’un entretien avec la secrétaire d’Etat à l’Intérieur Emily Haber que « le gouvernement fédéral veut rapidement en savoir davantage sur ce qui se passe dans les mosquées ». La Süddeutsche Zeitung relève que « Le Caire pense qu’il y a eu un attentat sur l’avion » d’Egyptair disparu hier lors de la liaison Paris-Le Caire. Die Welt publie un sondage montrant qu’ « une large majorité d’Allemands estime que les partis politiques sont déconnectés de la réalité ». Le Tagesspiegel indique que le ministre de la Santé H. « Gröhe défend les essais de médicaments sur les personnes atteintes de démence ». Le quotidien économique Handelsblatt titre pour sa part sur la volonté de l’industriel Bayer de reprendre Monsanto (« un pari risqué ») et consacre son dossier du week-end aux « cadeaux électoraux » que les partis de la grande coalition sont tentés de faire avant les élections fédérales de 2017 (« opération réélection »).
  2. Allemagne

« Le plan de la CDU pour 2017 : moins d’impôts, plus de policiers » (Bild)

Sous ce titre, le tabloïd évoque les grandes lignes du programme de campagne pour les élections de 2017 que la CDU/CSU s’apprête à adopter lors de son séminaire des 24 et 25 juin. Selon le journal, les questions de sécurité (avec la création de plusieurs milliers de postes supplémentaires dans la police et les services de renseignement) de fiscalité (avec des baisses d’impôts prévues pour les revenus moyens et modestes) et le thème de la famille avec un recentrage sur son modèle traditionnel devraient être les éléments dominants.

Sous le titre de Une « une grande majorité d’Allemands considèrent les partis politiques déconnectés de la réalité », Die Welt se fait l’écho d’une enquête de l’institut Emnid. Selon cette étude réalisée récemment sur un échantillon de 1 000 personnes, le fossé se serait considérablement creusé entre les responsables politiques et les électeurs. Le journal avance les arguments du politologue de l’université Humboldt de Berlin, Herfried Münkler, selon lequel les « décisions spontanées et arbitraires » prises par la chancelière sur l’abandon de la conscription, la sortie du nucléaire et l’accueil des réfugiés sont en partie responsables du phénomène. Le style de plus en plus présidentiel de Mme Merkel, qui se rapproche du modèle américain, donnerait l’impression aux électeurs qu’ils n’ont plus aucun moyen de peser sur les décisions.

Le dernier sondage Deutschlandtrend publié par la chaîne publique ARD confirme la stabilisation de l’AfD à 15% des intentions de vote au niveau fédéral. La CDU/CSU perd encore un point cette semaine à 32%, son résultat le plus bas dans cette enquête depuis 2011. Le SPD reprend pour sa part un point à 21%. Les Verts sont à 12% (-1), Die Linke à 9% (+1) et  les libéraux du FDP à 7% (+1). A la question de la tête de liste SPD pour les élections fédérales, les Allemands répondent à 58% qu’ils souhaitent que F.-W. Steinmeier porte les couleurs du parti (score qui monte à 69% chez les sympathisants SPD) nettement en tête devant Sigmar Gabriel à 31%, puis Martin Schulz, Olaf Scholz et Andrea Nahles. La chaîne de télévision rappelle toutefois que F.-W. Steinmeier, qui reste marqué par son échec électoral de 2009 en dépit d’une cote de popularité personnelle très élevée, ne semble pas intéressé pour concourir à nouveau en 2017.

« Bayer veut acquérir Monsanto » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) – « une offre délicate » (Süddeutsche Zeitung)

« En Allemagne, essentiellement à cause des OGM, Monsanto souffre d’une mauvaise réputation. Or c’est précisément tout ce qui fait cette mauvaise réputation auprès des défenseurs de l’environnement et des agriculteurs qui conduit Bayer à vouloir se rapprocher de Monsanto », souligne la Süddeutsche Zeitung. « Le calcul de Bayer est le suivant : être de la partie et gagner gros là où sont conçus les produits dont a besoin une agriculture moderne », commente le quotidien qui appelle les Allemands à se défaire d’une vision « romantique » de l’agriculture. « Le monde doit être en mesure de développer des stratégies afin de répondre aux besoins alimentaires d’une population qui ne cesse de croître », fait valoir la Süddeutsche Zeitung. Plus critique, la Berliner Zeitung insiste sur le risque de voir par l’émergence d‘un « géant de l’agrochimie » les agriculteurs de plus en plus pieds et poings liés, notamment dans les pays émergents. Alors que pour la tageszeitung le rachat de Monsanto par Bayer n’a rien d’un modèle d’avenir, la FAZ s’inquiète avant tout du coût élevé de l’affaire, la valeur boursière de Monsanto étant estimée à 37 milliards d’euros.

  1. Europe

Protection des investissements / « non-papier » de cinq pays européens

Après l’hebdomadaire Die Zeit hier, Die Welt évoque la proposition informelle faite au niveau européen par les gouvernements allemand, français, autrichien, néerlandais et finlandais pour remplacer les accords bilatéraux de protection des investissements entre Etats membres de l’UE par un accord général au niveau de l’UE, un « non-papier » téléchargeable au demeurant sur le site du ministère fédéral de l’économie. « Les opposants au TTIP interprètent cette proposition comme la volonté du gouvernement fédéral de préserver les juridictions d’arbitrage privées au niveau européen, alors même qu’il les combat avec force dans les négociations sur le TTIP », écrit Die Welt. Interrogé par le quotidien, le secrétaire d’Etat à l’Economie Matthias Machnig (SPD), en charge de ces négociations, récuse une telle intention : « il s’agit d’une nouvelle agitation non justifiée dans la discussion sur les accords commerciaux ; le fait est que ce papier n’a rien à voir avec le TTIP et qu’il ne pose pas l’exigence de procédures d’arbitrage privées, bien au contraire », déclare M. Machnig en soulignant la nécessité de « moderniser la protection des investissements en Europe ».

  1. International

Désignation par l’AKP de Binali Yildirim comme nouveau président

Les journaux voient dans cette nomination une confirmation de concentration du pouvoir dans les mains du président Erdogan. La désignation de ce compagnon de route d’Erdogan comme nouveau chef de parti et futur premier ministre consacre l’avènement d’un « technocrate loyal qui ne fera que gérer les affaires courantes alors que la politique sera définie par le président », considère la FAZ qui, comme elle le répète depuis plusieurs semaines, entrevoit des temps difficiles pour l’Union européenne dans sa gestion avec la Turquie de la crise migratoire.

  1. France

Crash du vol d’Egypt Air / risque terroriste lors de l’Euro 2016

La couverture médiatique du crash du vol Paris-Le Caire ne diffère pas des comptes rendus d’accidents aériens précédents, les médias en ligne soulignant ce matin que malgré les déclarations et spéculations de responsables et experts hier, rien ne permettait à ce stade de conforter la thèse d’un attentat. Les quotidiens rappellent tous que l’Egypte et la France ont été tout particulièrement visées récemment par des attaques terroristes (« A nouveau la France. A nouveau l’Egypte. Comme si ces deux pays n’avaient pas déjà assez subi de crashs aériens et d’attentats ! », compa tit la Westfälische Nachrichten).

Sur la base des déclarations d’hier privilégiant la piste terroriste – coïncidant avec la publication des analyses alarmistes du BKA (hier dans Bild) et du DGSI (relayées aujourd’hui dans les médias) – les éditorialistes sont à la fois pessimistes et fatalistes sur le risque terroriste lors de l’Euro 2016 et s’accordent à constater que malgré un déploiement exceptionnel de forces de sécurité et la prolongation de l’état d’urgence, il faut s’attendre à des attaques isolées ou des attentats en marge de la compétition européenne. « La question se pose, compte tenu des scénarios de menaces terroristes, de savoir si des festivités normales sont possibles à Paris et dans toute la France. Mais même si la piste terroriste [pour le crash] se confirmait, la réponse ne peut être que oui. La peur de la catastrophe sera présente, mais ce n’est pas en ne faisant rien qu’on la surmontera », écrivent ainsi la Berliner Zeitung et la Frankfurter Rundschau. « La probabilité que cet Euro se déroule sans incident terroriste est faible, il va sûrement se passer quelque chose. (…) Pourtant, les deux-tiers des spectateurs vont affluer de l’étranger, les gens bravent la menace par la joie. Et aussi absurde que cela paraisse, c’est un signe encourageant : c’est mieux que de rester figé par la peur », commente également la Mitteldeutsche Zeitung./.