Synthèse de la presse quotidienne
24 mai 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- A l’exception du quotidien des affaires Handelsblatt qui titre sur « la fuite en avant » de Bayer qui fait une offre de 55 milliards d’euros pour acquérir Monsanto, l’ensemble des journaux consacrent leur Une à la courte victoire du candidat des Verts à l’issue du second tour des élections présidentielles autrichiennes : « Van der Bellen devient le nouveau président autrichien » (Süddeutsche Zeitung, Frankfurter Allgemeine Zeitung), « une surprise verte pour l’Autriche » (Die Welt), « sensation en Autriche : Van der Bellen devient président » (Berliner Zeitung), « Alpes verdoyantes » (Frankfurter Rundschau), « le président autrichien : un Vert » (Tagesspiegel).
- Allemagne/Turquie
Déplacement de la chancelière en Turquie et entretien avec le président Erdogan : « une rencontre sans progrès » (Handelsblatt)
« Le déplacement de la chancelière en Turquie s’est achevé sans permettre de rapprochement entre Ankara et Berlin sur le conflit entourant l’accord migratoire », note la Süddeutsche Zeitung qui résume la tonalité de l’ensemble de la presse. Le quotidien de Munich indique que lors de son entretien avec la chancelière, le président turc a refusé de modifier dans le sens voulu par l’Union européenne sa loi destinée à lutter contre le terrorisme et que Mme Merkel a fait valoir qu’une exemption de visa pour les ressortissants turcs voulant se rendre en Europe est « improbable » d’ici au 1er juillet. Au-delà de l’accord portant sur la politique migratoire, la Süddeutsche Zeitung indique également que la chancelière a fait part au président Erdogan de ses inquiétudes au sujet de la situation intérieure en Turquie. « Nous avons besoin d’une justice indépendante, de médias indépendants et d’un parlement fort », a-t-elle déclaré avant d’ajouter : « les questions que j’avais jusqu’ici n’ont trouvé que partiellement réponse ».
A l’instar de la FAZ qui écrit « pas de rabais pour Erdogan », les quotidiens approuvent dans leurs commentaires la fermeté de la chancelière face au président turc. Tout en faisant valoir que des « erreurs » ont été commises de part et d’autre de la Méditerranée et qu’en matière de politique migratoire, il serait erroné de croire que « les bons se trouvent dans l’UE et les mauvais en Turquie », la Süddeutsche Zeitung juge également que face à l’impulsivité et à l’imprévisibilité d’un responsable politique tel qu’Erdogan, « il faut savoir faire preuve d’assurance et de clarté ». Visiblement agacée par le durcissement des positions côté turc et côté allemand, la Berliner Zeitung appelle à davantage de « pragmatisme » dans les relations avec la Turquie. « Au lieu de se focaliser sur ce que le président turc pense de l’UE, ne vaudrait-il pas mieux s’intéresser aux ressortissants turcs pour lesquels les valeurs de liberté que nous défendons comptent bien plus que la politique pratiquée par leur président ? », interroge le journal.
- Europe
« Rien n’est OK en Autriche » (Bild)
A ce stade, la victoire sur le fil de l’écologiste Alexander Van der Bellen au second tour des élections présidentielles autrichiennes ne suscite pas de réactions des principaux dirigeants allemands dans les médias. Die Welt se fait l’écho de la satisfaction exprimée par le ministre-président Vert du Bade-Wurtemberg, Winfried Kretschmann, estimant qu’il s’agit d’un « signal fort en faveur de l’intégration européenne ». Dans la Berliner Zeitung, le président du groupe conservateur au parlement européen, Manfred Weber (CSU), se félicite d’un résultat « bon pour l’Autriche et bon pour l’Europe », considère que la quasi-victoire du candidat du FPÖ « a avant tout des raisons intérieures », reconnaissant toutefois que la montée des populistes est un « phénomène européen et pas seulement autrichien ». Bild publie pour sa part une interview avec le ministre autrichien des Affaires étrangères, Sebastian Kurz, lequel assure que l’Autriche « est et reste un partenaire fiable en Europe » et considère que si quasiment la moitié des électeurs a voté pour Norbert Hofer, « ce ne sont pas tous des électeurs de droite, ces votes exprimant une insatisfaction face au système et au style politique et naturellement face à l’afflux massif de réfugiés et de migrants illégaux l’année dernière ». L’Autriche va donc poursuivre sa politique actuelle restrictive en la matière, souligne-t-il.
Dans leurs commentaires, les quotidiens font le constat que pour l’Allemagne et l’UE, le pire a certes été évité – « notre voisin reste pour l’instant un partenaire fiable, l’Autriche reste pro-européenne, ne bascule pas dans le camp des eurosceptiques comme la Hongrie et la Pologne » (Bild), « la moitié de l’Autriche respire, tout comme une grande partie du gouvernement allemand et de nombreux responsables à Bruxelles » (FAZ) – mais que cela ne change rien à la montée inexorable de l’extrême-droite en Autriche et en Europe. « Tout est bien qui finit bien en Autriche ? Mais non, rien n’est OK en Autriche. La victoire de Van der Bellen fait figure de dernier recours mais ne stoppera pas l’ascension des populistes de droite. Cet échec sur le fil préfigure la prochaine victoire », s’alarme le tabloïd Bild. Les journaux déplorent une « Autriche déchirée » (Handelsblatt), aux prises avec une « guerre civile froide » (Tagesspiegel).
Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la « révolution bleue » s’est essentiellement nourrie de la politique d’ouverture de la coalition viennoise au début de la crise des réfugiés : « comme en Allemagne, la ‘culture de la bienvenue’ a poussé massivement des électeurs de toutes les couches de la population dans les bras des populistes ne se retrouvant plus dans le discours sur l’immigration des partis établis », analyse le quotidien de Francfort en appelant la grande coalition allemande à tirer les enseignements de ce scrutin avant les prochaines législatives. Observant « l’érosion du centre » dans tous les pays européens, Die Welt en appelle à revenir en Allemagne à la polarisation politique gauche-droite pour offrir aux électeurs de vraies alternatives lors des prochains scrutins./.