Synthèse de la presse quotidienne
26 mai 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Divers sujets se partagent les Unes de la presse berlinoise (N.B. : ce jour étant férié dans une partie de l’Allemagne, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Süddeutsche Zeitung et le Handelsblatt ne paraissent pas aujourd’hui). Die Welt titre sur la conférence de presse de clôture du séminaire du gouvernement allemand pendant laquelle le vice-chancelier Sigmar Gabriel (SPD) s’est montré provocateur vis-à-vis de son partenaire de coalition conservateur (« c’est parti : le SPD et la CDU/CSU engagent la bataille électorale » pour 2017). Le Tagesspiegel relève que « le plan d’urgence pour ouvrir le nouvel aéroport de Berlin dès 2017 tombe à l’eau ». La Berliner Zeitung titre que « la justice fédérale diminue le salaire minimum », une décision de justice ayant autorisé un employeur à modérer le montant du salaire minimal en raison du versement de primes par ailleurs.
- Allemagne
Séminaire gouvernemental à Meseberg : « c’est parti : le SPD et la CDU/CSU engagent la bataille électorale » (Die Welt)
Sous ce titre de Une, Die Welt indique que lors de la conférence de presse qui a clôturé le séminaire du gouvernement, le vice-chancelier a monopolisé la parole presque deux fois plus longtemps que la chancelière afin de souligner notamment à quel point les aspects du projet de loi sur l’intégration relatifs au marché du travail portent la marque du SPD. Selon lui, dans quelques années le projet de loi sur l’intégration pourra être considéré comme le premier pas vers une « loi sur l’immigration 1.0 ». Cette formule, fait valoir Die Welt, s’apparente à une provocation envers le partenaire CDU/CSU hostile à une telle loi, la CSU l’interprétant comme un appel à davantage d’immigration.
Dans un commentaire, le Tagesspiegel se félicite que bon nombre de points du projet de loi « vont dans la bonne direction », mais déplore le caractère, selon lui, « illusoire » du projet en ce sens que l’intégration n’est pas du ressort de l’Etat ou du gouvernement qui cherche à sanctionner les récalcitrants, mais de tout un chacun. « C’est une mission avant tout culturelle et de société », estime le journal. De l’avis du quotidien alternatif de gauche tageszeitung, le projet intervient bien trop tard et n’est pas exempt des erreurs du passé car il envoie le message qui est le suivant : « nous doutons que vous ayez vraiment l’intention de vous intégrer ». Certains points constituent davantage un frein qu’une incitation à l’intégration », déplore le journal pour qui, contrairement à ce que certains prétendent, le projet est « loin d’être historique ».
- Europe
Accord UE-FMI sur la Grèce : « autant donner aux Grecs un chèque en blanc ! » (Bild)
Le tabloïd Bild marque son indignation face à l’accord intervenu sur le déblocage d’un versement à la Grèce d’un montant total de 10,3 milliards d’euros. « De nombreuses conditions ne sont pas réunies, alors pourquoi les Grecs s’en sortent-ils à si bon compte ? », s’interroge le journal avant d’avancer trois raisons : « parce qu’au moment où tout le monde a peur de ce qui va se passer en Grande-Bretagne le 23 juin, l’UE n’a pas envie d’en rajouter avec un débat sur l’avenir de la Grèce dans la zone euro, parce qu’au moment où le deal avec la Turquie menace de capoter, l’UE a grand besoin de la Grèce pour contenir la crise migratoire et parce que le gouvernement fédéral n’a aucune envie de relancer un débat sur l’euro qui ne ferait que renforcer en Allemagne l’AfD ».
Soulignant que l’accord est intervenu au terme de onze heures d’âpres négociations, Die Welt relève que c’est avant tout au ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble (CDU), que l’on doit l’accord du FMI à une participation au plan d’aide. De l’avis du journal, ceci s’apparente néanmoins à un « désastre moral » et à une « humiliation » pour le FMI qui, dans la crise grecque, apparaît comme « pieds et poings liés ». Ceci a pour effet que le FMI donne par son action raison à tous ceux qui lui reprochent d’être le représentant des intérêts de l’Occident, ce qui n’augmente pas sa crédibilité envers les pays émergents et en développement », juge sévèrement Die Welt. Egalement critique, la tageszeitung estime qu’aucun problème n’est réglé et que l’Allemagne demeure le principal obstacle à un allègement de la dette grecque. « Ce nouveau deal repose sur l’idée irréaliste et économiquement insensée que la Grèce serait en mesure de dégager sur le long terme des excédents budgétaires colossaux. En réalité, le pays demeure sous perfusion vis-à-vis de ses créanciers », écrit le quotidien.
BCE : « les maîtres de la politique monétaire capitulent » (Die Welt)
Une semaine avant la réunion du conseil de la BCE à Vienne, Die Welt croit déceler une inflexion dans le discours de plusieurs banquiers centraux influents de la zone euro. Alors que tout au long du sauvetage de l’euro et de l’économie européenne « les banquiers centraux ont constamment souligné que leur arsenal de mesures était encore loin d’être épuisé », voici que les gouverneurs des banques française, espagnole et néerlandaise déclarent que la politique monétaire atteint ses limites et appellent les responsables politiques à prendre le relais, juge le quotidien. Le journal mentionne les propositions du gouverneur de la Banque de France en faveur d’une plus forte intégration de l’UEM, jugeant toutefois que l’idée d’un ministre des finances européen disposant de son propre budget et de services coordonnant des politiques budgétaires et structurelles nationales « est encore plus controversée » que la politique monétaire de la BCE. Gardant son ton critique habituel à l’encontre de cette dernière, le quotidien de Berlin rappelle que la Cour de Karlsruhe doit se prononcer fin juin sur une nouvelle plainte visant le programme d’opérations monétaires sur titre de la BCE et estime que les PME allemandes s’inquiètent que le programme de rachats d’obligations d’entreprise qui sera lancé en juin leur bénéficie peu au détriment notamment d’entreprises françaises de plus grande taille.
- International
Entretien du Premier ministre estonien avec Die Welt : « la dissuasion doit devenir la nouvelle normalité »
Dans un entretien à Die Welt, le Premier ministre estonien, invité du séminaire du gouvernement fédéral, plaide en faveur du maintien des sanctions visant la Russie, moyen, selon lui, de « signifier à la Russie que nous ne tolérons pas l’usage de la force militaire come moyen d’intervention dans des Etats souverains ». Il appelle également à un renforcement de la présence de l’OTAN en Europe orientale : « nous avons besoin de la présence continue d’un bataillon de l’OTAN dans chaque pays, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. « Ces troupes pourraient être amenées à tourner afin d’éviter un stationnement permanent mais il faut qu’elles soient constamment présentes. La dissuasion doit devenir la nouvelle normalité », déclare-t-il.
Libération de la pilote ukrainienne Nadia Savtchenko
Die Welt se demande dans un commentaire si le geste de Moscou n’est pas un cadeau empoisonné. Au terme de près de deux ans de captivité, elle est accueillie dans son pays en héroïne nationale et en martyre, mais alors que sa libération apparaît pour le président ukrainien comme une victoire politique, il y a fort à parier qu’elle va devenir pour lui une élue peu commode, endurcie par la guerre, la prison et les grèves de la faim, fait valoir le journal. Elue au parlement en son absence, « cette patriote ardente appelle les choses par leur nom, qu’il s’agisse de la guerre ou de la corruption, et elle est strictement opposée à tout compromis envers la Russie », s’inquiète Die Welt./.