Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

27 mai 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le sommet du G7 à Ise-Shima fait les gros titres de la Süddeutsche Zeitung (« la croissance contre les causes de l’exode ») et de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui retient que la Chancelière « Merkel se montre défavorable tout assouplissement des sanctions visant la Russie ». Der Tagesspiegel écrit à sa Une que « la France est paralysée à la veille de l’Euro ». Die Welt titre pour sa part sur le projet de résolution du Bundestag reconnaissant le génocide arménien qui doit être examiné la semaine prochaine (« le Bundestag ignore Erdoğan »). Le quotidien économique Handelsblatt indique que les experts prévoient des turbulences boursières et consacre son dossier du week-end aux grandes métropoles (« villes du futur »).
  2. Allemagne / International

Rencontre du G7 : « Merkel contre tout assouplissement des sanctions visant la Russie » (FAZ)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève qu’en marge de la rencontre du G7 la chancelière a jugé « prématuré » un assouplissement des sanctions visant la Russie, opposant une fin de non-recevoir au vice-chancelier et président du SPD, Sigmar Gabriel, qui s’était déclaré favorable à une levée progressive des sanctions, susceptible de commencer après un accord sur la loi électorale et sur l’envoi d’observateurs électoraux de l’OSCE en Ukraine. S. Gabriel avait critiqué à cette occasion l’attitude de l’UE consistant selon lui en la formule « application à 100 % de Minsk puis levée à 100 % des sanctions ». « Nous savons tous d’expérience que l’isolement sur le long terme n’apporte rien », avait-il ajouté. Le Handelsblatt indique que la position défendue par la chancelière d’un maintien des sanctions devrait se retrouver dans la déclaration finale que publiera le G7 aujourd’hui.

Sous le titre « les Ukrainiens déçus par Gabriel », le Tagesspiegel souligne que les propos tenus par le vice-chancelier ont déplu aux autorités ukrainiennes et causé « déception » et « amertume » à Kiev, l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne ayant indiqué avoir demandé à l’Auswärtiges Amt de faire savoir si la position de S. Gabriel reflétait celle du gouvernement fédéral.

Rencontre du G7/crise des réfugiés : « Merkel étouffe l’espoir d’aides concrètes de la part des pays du G7 » (Handelsblatt)

Le quotidien économique rapporte que si le gouvernement allemand est parvenu à mettre la crise migratoire à l’ordre du jour de la rencontre du G7, les espoirs en matière d’engagements financiers concrets ne devraient toutefois pas se concrétiser. Le journal cite la chancelière qui a déclaré que les pays du G7 sont d’accord sur l’importance de tout mettre en œuvre pour lutter contre les causes de l’exode des populations, avant d’ajouter qu’elle n’attendait toutefois pas de décision sur des engagements concrets. « En appeler à la conscience internationale sur la crise des réfugiés ne peut certes pas nuire », estime dans un commentaire la FAZ, « mais l’Union européenne s’est-elle jusqu’ici comportée autrement que les pays qu’elle appelle désormais à la rescousse ? ». Le gouvernement fédéral ne saurait se payer le luxe d’une réédition de 2015, surtout pas à l’approche des élections au Bundestag », fait valoir le journal pour lequel « le leadership de l’Allemagne sera désormais jugé à l’aune non pas de ses exigences morales, mais de sa capacité à accepter la communauté européenne telle qu’elle est, avec les limites qui sont les siennes ».

Rencontre du G7/relance de la conjoncture ; « Obama, Hollande & Co. demandent à la chancelière d’ouvrir son portemonnaie pour sauver la conjoncture mondiale. Surtout pas ! » (Handelsblatt)

La Süddeutsche Zeitung indique qu’en dépit de l’opposition de l’Allemagne aux mesures monétaires et fiscales préconisées par le Japon pour relancer la croissance, un compromis serait en vue. Dénonçant le « cas douteux d’autosuggestion » préconisé par les partenaires du G7 qui consiste à relancer les dettes pour stimuler la conjoncture internationale, le Handelsblatt appelle de son côté Mme Merkel et M. Schäuble à rester sourds à de tels appels. « Les problèmes qui se posent ne sauraient être résolus par des programmes conjoncturels », fait valoir le journal, « la plupart des pays en difficulté doivent faire le ménage dans leur système bancaire, rendre leur marché du travail plus flexible et améliorer les conditions propices à l’investissement ».

  1. Europe

« Schäuble se passe du Bundestag sur l’aide à la Grèce » (FAZ)

Pour les quotidiens allemands, l’accord trouvé entre l’UE et le FMI pour permettre le versement d’une prochaine tranche d’aide à la Grèce ne résout rien sur le fond : « Athènes reçoit des milliards, et la querelle continue », résume le Handelsblatt. « L’Eurogroupe a appliqué la méthode Coué en enjolivant la situation financière de la Grèce », déplore le quotidien économique. Certes, « le ministre allemand des Finances s’est imposé et des allègements substantiels de la dette grecque ne devraient pas intervenir avec 2018 », soulignent les journaux à l’instar de la Süddeutsche Zeitung, mais sur le fond, la presse est loin d’approuver sans réserve la position de Berlin dans les négociations sur la Grèce : « Wolfgang Schäuble a atteint son objectif et repoussé à nouveau les exigences du FMI sur la viabilité de la dette grecque, cette fois à après les législatives allemandes. Le ministre prend des poses d’avocat des contribuables. En réalité, il se contente d’ajourner en les augmentant les charges qu’ils devront supporter », juge sévèrement la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Le FMI a raison de douter du retour de la stabilité financière en Grèce, le thème d’une remise de dettes n’est que reporté », considère aussi le Handelsblatt.

  1. France

« La France paralysée à la veille de l’Euro » (Tagesspiegel)

Le durcissement du mouvement des grèves et des blocages en France commence à alerter la presse allemande, y compris la presse régionale, alors que l’échéance de l’Euro 2016 se rapproche. Le fait qu’après les raffineries, les centrales nucléaires soient désormais dans le viseur des grévistes n’est pas pour rassurer les correspondants, qui tiennent par ailleurs à faire œuvre de pédagogie sur les conflits sociaux en France, évoquant fréquemment les grandes grèves des présidences précédentes : « en France, les conflits sociaux se règlent plus souvent dans la rue qu’en Allemagne, grèves et manifestations, assortis de pneus brûlés et d’interventions policières plutôt martiales aux yeux allemands, sont le pain quotidien de la politique », explique Die Welt à ses lecteurs sur un ton didactique. Même remarque convenue au détour du commentaire de la FAZ, qui note que dans un pays « marqué par l’héritage de la Révolution française », « les confrontations politiques se jouent directement entre l’Etat et l’individu, aucune instance médiatrice n’étant reconnue », ceci « expliquant le caractère éruptif et agressif des affrontements actuels ». « La France aurait besoin d’un dialogue social permanent, mais quand engager un tel dialogue fait déjà figure de trahison d’un côté comme de l’autre, c’est extrêmement difficile », constate aussi, désabusé, le Tagesspiegel.

Les éditorialistes considèrent que le président de la République et le gouvernement sont dans une impasse. La FAZ relève que « Hollande et Valls restent fermes sur la réforme, alors que le ministre des Finances Sapin envisage des modifications ». Die Welt juge que « Paris est prêt à céder » et écrit que le Premier ministre a marqué sa disposition à discuter d’améliorations et de modifications du projet de loi. A Berlin, devant l’association de la presse étrangère, le ministre fédéral des Finances, Wolfgang Schäuble, s’est toutefois montré confiant sur la capacité de la France à se réformer malgré les grèves et manifestations, déclarant que les propositions du gouvernement français étaient justes et nécessaires et que la France, démocratie forte, pouvait vivre avec de tels mouvements sociaux, rapporte Die Welt. Sur le fond, l’ensemble des éditorialistes, toutes tendances confondues, jugent opportune la réforme du droit du travail : « malgré la colère et la frustration qui explosent, le pays a besoin de cette réforme, même au prix d’un suicide de la gauche », écrit ainsi la Süddeutsche Zeitung. « C’est bien joli d’être radical, mais les protestations sociales n’ont pas apporté plus au salarié moyen en France qu’en Allemagne, au contraire. Rester figé dans le statu quo ne peut donc pas être le mot de la fin en France », commente le quotidien de gauche tageszeitung en concluant sur la remarque que le chômage des jeunes en banlieue, « beaucoup plus élevé qu’en Allemagne », fait le lit de la radicalisation islamiste. La Süddeutsche Zeitung reproche « aux vieux syndicats de gauche » de compenser un nombre « désespérément faible d’adhérents par des cris d’orfraie ». Die Welt tire à boulets rouges sur la CGT, « syndicat le plus borné de France » qui « n’a d’autre but que d’empêcher tout changement en France ». « François Hollande va être le prochain président à avoir échoué à ramener son pays à la réalité d’une économie mondialisée. C’est très triste », conclut sur un ton pessimiste Die Welt en français./.