Synthèse de la presse quotidienne
1er juin 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note que « M. Erdogan menace le gouvernement allemand à cause de la résolution du Bundestag sur l’Arménie ». La Süddeutsche Zeitung titre que « le gouvernement fédéral se bat pour protéger le constructeur de robots Kuka » face au risque d’une reprise par un groupe chinois. Der Tagesspiegel consacre ses gros titres à la baisse du chômage en Allemagne (« le chômage baisse ; la pauvreté infantile reste élevée »). Le tabloïd Bild révèle le contenu d’un rapport interne du gouvernement allemand sur les difficultés d’exécution des mesures de reconduite à la frontière (« le scandale des reconduites à la frontière »). Die Welt énumère les grandes échéances de ce mois de juin et juge que « le mois de juin peut changer le monde ». Le Handelsblatt publie une interview du patron de l’énergéticien E.on qui plaide à nouveau pour son projet de scission du groupe.
- Allemagne / Europe
Robotique : Berlin lutte pour empêcher la vente du constructeur Kuka à un investisseur chinois
Selon les informations de la Süddeutsche Zeitung et du Handelsblatt, la chancellerie fédérale et les ministères des affaires étrangères et de l’économie s’activent en coulisse pour empêcher la mainmise d’un investisseur chinois sur un fleuron industriel allemand, le fabricant de robots Kuka, l’un des leaders mondiaux du secteur, atout clé de la stratégie de numérisation de l’économie lancée par le gouvernement allemand sous l’intitulé « Industrie 4.0 » et entreprise modèle montrée au président Obama lors de sa visite de la Foire de Hanovre, précisent les journaux. Le groupe chinois Midea a fait il y a deux semaines une offre de rachat élevée aux actionnaires de cette société typique du « Mittelstand » allemand, employant quelque 12 000 salariés, la plupart d’entre eux à Augsburg, en Bavière, rapporte la Süddeutsche Zeitung. Officiellement, le ministre de l’Economie, Sigmar Gabriel, s’est contenté de déclarer qu’il trouverait « bien sûr approprié qu’il y ait au moins une offre alternative allemande ou européenne », tout en ajoutant que la décision ne dépendait pas de la politique mais des actionnaires, indique la presse. Le commissaire européen à l’économie numérique, l’Allemand Günther Oettinger, a également souligné l’importance de cette entreprise « pour l’avenir numérique de l’industrie européenne » et déclaré espérer une solution européenne, note la Süddeutsche Zeitung. Selon le journal, qui cite des sources proches du gouvernement et des industriels, Siemens aurait décliné les sollicitations du ministère de l’Economie, qui tenterait à présent de mobiliser les constructeurs automobiles, lesquels auraient le plus à craindre d’une éventuelle mainmise du groupe chinois – et donc des autorités de Pékin, en déduit la presse – sur les données numériques des robots industriels de Kuka. Or ceux-ci seraient hésitants, ne voulant pas menacer leurs implantations en Chine, écrit encore la Süddeutsche Zeitung.
L’offensive protectionniste de Berlin est vue d’un mauvais œil par la Fédération allemande de l’industrie (BDI), qui rappelle que « fusions et acquisitions sont un élément de l’économie mondiale dont profite justement l’Allemagne, nation exportatrice », écrit le Handelsblatt. Dans un éditorial, la Süddeutsche Zeitung approuve ouvertement l’intervention du gouvernement, estimant qu’une reprise de Kuka par le groupe Midea « serait effectivement une menace » pour l’avenir numérique de l’industrie européenne : « Google, Facebook et Amazon dominant totalement le marché de l’internet grand public, les Européens, et surtout les Allemands, voient à présent leurs chances dans la seconde vague, celle de la numérisation de la production et des process, des machines intelligentes et des usines du futur », explique le quotidien : « au final, il s’agit de savoir si l’Europe va rater une fois de plus le train numérique et regarder les autres dominer le marché ». Pour la Süddeutsche Zeitung, il ne s’agit pas, pour Siemens ou les constructeurs automobiles, d’investir dans des entreprises d’avenir comme Kuka par pur patriotisme ou protectionnisme, mais par intérêt économique et industriel bien compris.
- Allemagne / International
« Erdoğan menace le gouvernement allemand à cause de la résolution du Bundestag sur l’Arménie » (FAZ)
Le porte-parole du gouvernement fédéral, Steffen Seibert, a sobrement confirmé que la chancelière allemande s’était entretenue hier midi avec le président turc pour aborder les questions de l’accord UE-Turquie et de la résolution du Bundestag sur le génocide arménien, indique la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui relève, comme le reste de la presse, que le président Erdoğan aurait déclaré aux médias turcs avoir exhorté Angela Merkel au « bon sens » avant le vote jeudi de cette résolution. « Si ce texte est voté et que l’Allemagne tombe dans ce piège, cela pourrait détériorer toutes nos relations, diplomatiques, économiques, commerciales, politiques et militaires avec l’Allemagne où vivent trois millions de Turcs et qui est notre alliée dans l’Otan », aurait-il déclaré selon la presse.
Le tabloïd Bild publie pour sa part un entretien avec le président arménien, Serge Sargsian, qui déclare ne pas comprendre l’inquiétude des dirigeants allemands face à la réaction du président Erdoğan au vote de la résolution par le Bundestag : « Allemagne est un pays puissant et la voix du Bundestag est entendue dans le monde entier, c’est pour cela que l’Allemagne a une responsabilité particulière et ne peut pas faire de compromis sur des questions morales », insiste-t-il. S’agissant de l’accord migratoire UE-Turquie, il juge qu’il repose de toutes façons « sur des pieds d’argile » et que s’il échoue, « cela n’aura rien à voir avec l’adoption de la résolution » sur le génocide arménien. Bild indique que lors d’un vote interne au sein du groupe conservateur hier, la chancelière Merkel, membre du groupe, s’est prononcée pour cette résolution. Lors du vote demain, Angela Merkel, Frank-Walter Steinmeier et Sigmar Gabriel seront absents pour cause de déplacement ou autre raison d’agenda, précisent le Tagesspiegel et Bild.
- Allemagne / France
« DCNS veut se rapprocher de ThyssenKrupp » (FAZ)
La Frankfurter Allgemeine Zeitung et la Süddeutsche Zeitung rendent compte d’un entretien avec la presse allemande du directeur stratégie et partenariats du groupe naval DCNS, Andreas Loewenstein, « un Allemand devenu citoyen français », précise la Süddeutsche Zeitung. Un mois après avoir emporté le contrat exceptionnel de construction et maintenance de 12 sous-marins pour l’Australie aux dépens de son rival allemand ThyssenKrupp, DNCS a proposé à ce dernier un rapprochement, rapportent ces journaux. « Ce n’est peut-être pas encore le moment idéal pour de telles discussions, mais une fois que la partie allemande aura digéré sa défaite, nous sommes prêts à en parler », a déclaré à la presse A. Loewenstein. Les journaux indiquent que ce n’est pas la première offre de rapprochement faite par le constructeur naval français au conglomérat allemand. ThyssenKrupp n’est pas fondamentalement fermé à une telle alliance, « mais les Français n’ont jamais fait d’offre concrète », indique la FAZ en citant des sources au sein du groupe allemand. La FAZ comme la Süddeutsche Zeitung se font un relais efficace du plaidoyer de la direction de DCNS en faveur d’un « Airbus des mer », terme employé par les deux quotidiens./.