Synthèse de la presse quotidienne
8 juin 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung estime que « la recherche d’un successeur au président Gauck devient un fardeau pour la grande coalition ». La Süddeutsche Zeitung indique que l’office fédéral des migrations évalue que plusieurs centaines de milliers de Syriens supplémentaires pourraient venir en Allemagne au titre du regroupement familial (« de nombreux réfugiés attendent des membres de leur famille »), avec un ratio d’une personne bénéficiant du regroupement familial par demandeur d’asile, ce qui est, note le journal, une proportion inférieure à celle estimée jusqu’à présent (3 personnes par demandeur d’asile). Der Tagesspiegel reprend à sa Une l’évaluation des Nations Unies selon laquelle « 10 000 réfugiés se seraient noyés en Méditerranée depuis 2014 ». Die Welt commente une étude qui conclut que « les Allemands ont moins peur de la vieillesse ». Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une à la France « France – pays en état d’urgence » et publie une interview de la ministre du Travail Myriam El Khomri.
- Allemagne / International
Turquie : « La chancelière se positionne clairement » (Bild)
Le tabloïd se félicite de ce qu’Angela Merkel ait ouvertement dénoncé les attaques verbales du président turc contre des députés du Bundestag d’origine turque ayant voté en faveur de la résolution reconnaissant le génocide arménien, non seulement par la voix de son porte-parole, mais aussi en répétant hier qu’elle jugeait « incompréhensibles » les propos et accusations formulées par Recep Tayyip Erdogan. « Ces derniers temps, on avait plutôt l’impression qu’elle évitait toute confrontation parce qu’elle avait besoin de la Turquie comme partenaire dans l’accord migratoire avec l’UE. Cet accord est important pour l’Europe et l’Allemagne, mais il n’est pas une raison pour jeter ses principes par-dessus bord et d’accepter n’importe quelle attaque grossière et propos injurieux d’Erdogan », martèle Bild. Le quotidien tageszeitung juge que « l’escalade verbale d’Erdogan » et sa rhétorique raciale ont pour objectif de se rallier les électeurs proches de l’extrême-droite et assoir son pouvoir présidentiel, et craint que les conflits intérieurs turcs ne débouchent sur de graves tensions entre les communautés turque et kurde d’Allemagne, « les Kurdes allemands ayant aussi tendance à renchérir sur la polémique au lieu d’apaiser les relations », déplore la taz. Le journal de gauche alternative estime dans ce contexte que la priorité du gouvernement fédéral devrait être de rappeler les deux communautés à leurs responsabilités pour la paix sociale en Allemagne, les affrontements entre groupes de migrants faisant le jeu de l’AfD.
- Europe
« L’Europe veut des ‘partenariats migratoires’ avec neuf pays » (FAZ)
Le plan présenté hier par la Commission européenne pour tenter d’une part de freiner l’afflux de demandeurs d’asile vers l’Europe et d’autre part encourager la migration légale par une réforme de son système de « carte bleue » est diversement accueilli par la presse. « Cela va dans la bonne direction », considère la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui met toutefois en garde contre le risque de dépendance de l’UE envers des autocrates ou dictateurs avec lesquels elle nouerait ces « partenariats migratoires » : « les Européens manquent du pragmatisme et du sens de la realpolitik nécessaires pour négocier avec de tels gens », estime la FAZ. « Ce plan est bon en ceci qu’il veut agir à la source des mouvements migratoires en proposant de soutenir l’économie des pays coopératifs », considère également le Tagesspiegel. « Viser l’Afrique est juste sur le principe mais les plans de Bruxelles consistent essentiellement à se barricader contre la migration et non à combattre vraiment les causes des mouvements migratoires », déplore pour sa part la Süddeutsche Zeitung pour qui en s’alliant aux dictatures et Etats autoritaires d’où fuient les migrants, l’UE ne fera qu’amplifier le mouvement.
- France
Situation du pays à la veille de l’Euro de football
Les correspondants à Paris décrivent une situation « toujours chaotique » en France à la veille du championnat d’Europe de football, entre mouvements sociaux, affrontements de rue, grèves des transports et crainte d’attaques terroristes. La Frankfurter Allgemeine Zeitung explique en Une que la France est dans une « crise identitaire collective » et que dans ce contexte l’Euro 2016 est attendu comme une « thérapie de groupe » pour retrouver une certaine unité. Die Welt et Bild rapportent que ce contexte troublé, ajouté à des prix touristiques prohibitifs dans certaines villes d’accueil du tournoi, freine les réservations et la fréquentation touristique. Bild note que pour la première fois, les policiers allemands intervenant en renfort de leurs homologues français ont été autorisés par les autorités françaises à porter leurs armes en France, ce qui était prohibé jusqu’ici depuis l’Occupation, indique le tabloïd.
Malgré sa Une quelque peu accrocheuse (« La France – pays en état d’urgence »), le Handelsblatt se fait un relais efficace du principal message de la ministre du Travail, Mme El Khomri, en soulignant que « le gouvernement veut rester ferme sur la réforme du travail » et que le président de la République « n’entend pas céder » à ce sujet. Sous le titre « il nous manque une culture du compromis », cet entretien, illustré d’un portrait lumineux de la ministre, réaffirme la détermination de Mme El Khomri à imposer les principales dispositions du projet de loi sur le travail, notamment les accords d’entreprise, « ligne rouge » du gouvernement face aux syndicats./.