Synthèse de la presse quotidienne
13 juin 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- L’attaque à Orlando fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « au moins 50 morts dans un attentat à Orlando » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « massacre à Orlando » (Süddeutsche Zeitung) ; « massacre dans la boîte de nuit » (Bild) ; « USA : terreur dans un club gay » (tageszeitung). Die Welt titre pour sa part sur les violences des hooligans lors des matchs de l’Euro 2016 (« début brutal pour l’Euro : l’Angleterre et la Russie menacées d’exclusion »). Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une au déplacement de la Chancelière et de six ministres en Chine (« mission délicate »). Der Tagesspiegel indique qu’une « réunion de crises doit sauver les élections régionales à Berlin », alors que les retards s’accumulent dans la préparation du scrutin au point de menacer sa tenue à la date prévue.
- Allemagne
Menaces sur la sécurité de onze députés d’origine turque
Suite aux attaques du président Erdogan contre les députés allemands d’origine turque ayant approuvé la résolution du Bundestag reconnaissant le génocide arménien, ces députés sont la cible d’une vague d’injures haineuses et de menaces de mort de nationalistes turcs en Allemagne et désormais sous protection policière, rapportent les médias. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, l’Auswärtiges Amt a déconseillé aux députés du Bundestag d’origine turque de se rendre en Turquie actuellement, leur sécurité ne pouvant être garantie, et ces derniers prennent des mesures pour protéger leur famille. Initiateur de cette résolution, le président des Verts Cem Özdemir, a jugé exclu que la Turquie puisse devenir membre de l’UE aussi longtemps que Recep Tayyip Erdogan serait au pouvoir, tout en critiquant la politique turque menée depuis des années par la CDU/CSU, claquant d’abord la porte à une adhésion à l’UE pour ensuite courtiser le président turc pour endiguer l’afflux des réfugiés en Europe : « la CDU/CSU considère la Turquie uniquement sous un angle tactique et non stratégique », déplore-t-il dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Dans l’édition dominicale de Bild, la députée de Die Linke Sevim Dagdelen, dont la tête a été mise à prix par un habitant d’Istanbul, estime que « toute personne appelant en Turquie à des violences contre des députés allemands du Bundestag doit être interdite d’entrée en Allemagne, y compris le président Erdogan ». De son côté, la déléguée du gouvernement à l’intégration Aydan Özoguz, elle aussi députée, appelle les associations et fédérations turques en Allemagne à condamner clairement les menaces contre les parlementaires en soulignant qu’ « il est temps pour tous de comprendre que même en assumant notre origine, nous ne sommes pas le bras armé de la Turquie ». « Erdogan n’a rien à imposer au Bundestag, il n’est pas acceptable qu’il menace et fasse menacer des citoyens allemands », s’insurge la Berliner Zeitung en estimant que le gouvernement fédéral a commis de nombreuses erreurs dans les relations avec la Turquie, la dernière et la plus importante étant de s’être placé dans une position de dépendance vis-à-vis d’Ankara dans la crise migratoire.
- Europe
Brexit / interviews de Wolfgang Schäuble et Donald Tusk
Alors que le magazine Der Spiegel supplie les Britanniques de ne pas tourner le dos à l’Union européenne dans un dossier spécial de 23 pages intitulé « Please don’t go » entièrement en allemand et en anglais, le ministre des Finances allemand a adressé vendredi, lors d’une conférence d’investisseurs de la Deutsche Bank, et samedi dans les colonnes du Spiegel, un avertissement aux Britanniques : « dedans c’est dedans, dehors c’est dehors ». La FAZ souligne que Wolfgang Schäuble (CDU) a déclaré craindre l’effet d’entraînement d’un vote négatif des Britanniques sur d’autres populations eurosceptiques, et a, dans ce contexte, estimé que « la réponse à un Brexit ne pourrait pas être simplement ‘encore davantage d’intégration’ » et que même en cas de courte majorité pour le maintien dans l’UE, « on ne pourrait pas faire comme si de rien n’était » et qu’il faudrait s’attaquer aux excès de la bureaucratie bruxelloise.
Dans une interview accordée au tabloïd Bild, le président du Conseil européen, Donald Tusk, met en garde contre le processus de dislocation de la construction européenne et même de la « civilisation politique occidentale » que pourrait déclencher un « Brexit ». « Toutes les familles savent qu’un divorce est un traumatisme pour tout le monde. Tout le monde dans l’UE, mais surtout les Britanniques eux-mêmes, y perdraient sur le plan économique », insiste-t-il.
- International
« Mission délicate » (Handelsblatt) de la chancelière en déplacement en Chine
Les quotidiens rendent compte de la première étape du déplacement en Chine de la chancelière allemande, qui, lors de la remise d’un titre de docteur honoris caus à l’université de Nanjing, a appelé la Chine à respecter les principes de l’Etat de droit dans l’intérêt de bonnes relations économiques et commerciales, ainsi qu’à renoncer aux pratiques du dumping, assurant que l’Allemagne ne souhaitait pas une guerre commerciale de grande ampleur. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rapporte que pour sa neuvième visite en Chine, Angela Merkel se trouve confrontée à des dirigeants chinois de moins en moins disposés à tolérer les critiques de l’étranger. Le Handelsblatt rappelle que le déplacement de la chancelière, accompagnée d’une importante délégation de chefs d’entreprise allemands, se déroule dans le contexte d’une offensive sans précédent d’investisseurs chinois sur l’économie allemande, l’offre de reprise du constructeur allemand de robotique Kuka faisant débat en Allemagne et en Europe.
- France
« Paris cherche une stratégie contre les excès des hooligans » (Handelsblatt)
Le déchaînement de violence et les affrontements à Marseille entre hooligans dominent la couverture par les médias allemands de l’Euro 2016. « Les organisateurs de l’Euro ont sous-estimé le danger des hooligans », titre Die Welt en se faisant l’écho de la consternation des médias français. Tous les quotidiens publient de nombreux reportages et articles de fond sur le « terrorisme de jeunes casseurs » auquel la France « est étonnamment mal préparée », s’accordent à considérer les médias à l’instar du Handelsblatt. Dans le tabloïd Bild, l’ancien chef de la sécurité du Mondial 2006 en Allemagne, Helmut Spahn, réitère ses critiques envers les forces de sécurité françaises qu’il estime insuffisamment préparées à ce problème et pas assez soucieuses de coopération avec leurs partenaires étrangers. Dans l’édition dominicale de la Bild, le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière (CDU), rappelait que l’Allemagne et la France avaient travaillé ensemble sur ce dossier, les autorités allemandes ayant communiqué à leurs homologues français les données de quelque 2500 hooligans allemands et des fonctionnaires de police allemands venant en renfort de leurs collègues français pour les contrôles aux frontières. Pourtant, écrit la Süddeutsche Zeitung, les déclarations officielles au lendemain des violences urbaines « sonnent creux et distanciées face à la réalité de la violence ». Le Handelsblatt se fait l’écho des déclarations du ministre de l’Intérieur à l’issue de la réunion de crise samedi soir annonçant un durcissement des mesures visant à empêcher les hooligans d’accéder aux stades et aux fans-zones. « Mais on ne songe pas encore à des arrestations préventives comme on l’a déjà fait en Allemagne », note le quotidien. Dans un portrait au demeurant flatteur de Bernard Cazeneuve – « un ministre à l’esprit vif, aux arguments aiguisés, à l’expression claire et précise et d’une totale maîtrise de soi » – le Handelsblatt souligne que le ministre de l’Intérieur « aime les cas difficiles » et qu’il est à présent « sous la ligne de tir, obligé de durcir encore une fois son concept de sécurité pour l’Euro »./.