Synthèse de la presse quotidienne
14 juin 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Le débat américain sur l’attaque d’Orlando fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« le massacre d’Orlando devient un thème de la campagne électorale en Amérique ») et de la Süddeutsche Zeitung (« l’attentat d’Orlando, thème de campagne »). Die Welt note que le président « Obama parle d’acte de haine ». Der Tagesspiegel publie une interview du président Gauck sur les relations germano-polonaises (« M. Gauck juge que les idéaux européens vont triompher »). Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une à l’acquisition de LinkedIn par Microsoft (« Microsoft cherche des connexions »).
- Allemagne
« L’ancien patron de Bitkom bientôt à la tête du BDI » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
La FAZ signale que l’actuel patron de l’industrie allemande (BDI), Ulrich Grillo, dont le second mandat s’achève à la fin de l’année a proposé la candidature de Dieter Kempf, ancien président de Bitkom et actuellement pdg de la société informatique Datev. Le fait que le choix du BDI se porte sur D. Kempf témoigne d’un changement de priorité au sein du BDI, à savoir le passage pour l’industrie à l’ère numérique, souligne la FAZ.
- Allemagne/Europe
Relations germano-polonaises : « nous nous sommes étonnamment rapprochés » (président Gauck)
Dans un entretien à la revue polonaise Polityka partiellement repris par le Tagesspiegel, le président fédéral loue le chemin parcouru en 50 ans de réconciliation germano-polonaise, notamment depuis la disparition du rideau de fer. Selon lui, l’Allemagne et la Pologne se situent actuellement dans une « phase heureuse », les deux pays s’étant considérablement rapprochés sur les plans politique et économique. Le président allemand se déclare « convaincu que l’Europe saura résister à la tentation de la renationalisation politique » au motif que « les désavantages de celle-ci sautent aux yeux ».
La FAZ se fait de son côté l’écho d’une étude conjointe d’un institut polonais et des fondations allemandes Bertelsmann et Konrad Adenauer qui laisse apparaître un profond décalage dans la perception mutuelle. Alors que les Polonais désignent les Allemands comme leur « partenaire étranger préféré » et qualifient pour 67% d’entre eux les relations germano-polonaises de « bonnes » à « très bonnes », la sympathie des Allemands pour leur voisin polonais serait en net recul, seuls 43% d’entre eux se déclarant satisfaits des relations bilatérales (contre 70% en 2015). Les raisons de cette désaffection s’expliqueraient par la politique du gouvernement polonais en matière de crise des réfugiés et par l’attitude des autorités vis-à-vis du fonctionnement de la justice.
- Europe
Brexit : critique des propos alarmistes de Donald Tusk
Tant la Frankfurter Allgemeine Zeitung que la Süddeutsche Zeitung jugent que le président du Conseil européen a quelque peu « exagéré » en déclarant qu’une sortie du Royaume-Uni de l’UE marquerait le début de la destruction de la civilisation occidentale. « Aucune des bases de la civilisation démocratique ne serait remise en question par un Brexit », observe la FAZ, « attiser la panique, c’est faire le jeu des eurosceptiques et nuire aussi à l’UE, qui en cas de Brexit, aura surtout besoin d’un gestionnaire de crise gardant son sang-froid », renchérit la Süddeutsche Zeitung. Par contre, ajoute la FAZ, « Bruxelles doit se défaire de l’illusion qu’en cas de ‘oui’ le 23 juin, l’UE pourra continuer comme si de rien n’était. Bruxelles doit regagner tous les citoyens, et pas seulement les Britanniques, à la cause européenne ».
« Gabriel : pas de Ceta sans ratification par le Bundestag » (FAZ)
Le ministre allemand de l’Economie Sigmar Gabriel (SPD) affiche ses divergences avec la Commission européenne sur le dossier de l’accord de libre-échange UE-Canada (Ceta), relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung dans une brève. Dans un tweet diffusé lundi, S. Gabriel a souligné que le gouvernement fédéral s’accordait à considérer le Ceta comme un accord « mixte », devant être ratifié par le Bundestag et le Bundesrat pour être approuvé par l’Allemagne. La FAZ avait rapporté vendredi que la Commission avait l’intention de qualifier le Ceta d’accord purement européen, donc ne devant pas être approuvé par les parlements nationaux, rappelle l’article.
- International
« Fausses notes entre Berlin et Pékin » (Süddeutsche Zeitung)
Les tensions entre la chancelière allemande et le Premier ministre chinois étaient palpables lors de leur conférence de presse conjointe à l’issue d’une rencontre dominée par les difficiles relations commerciales entre l’Union européenne et la Chine, rapporte la presse. « La Chine a augmenté la pression sur Merkel » afin d’obtenir de l’UE qu’elle lui accorde d’ici la fin de l’année le statut d’économie de marché, titre Die Welt, Angela Merkel et Li Keqiang « se sont accrochés en public à ce sujet », s’étonne le tabloïd Bild en rapportant que devant les journalistes, la chancelière a interrompu son homologue chinois pour donner son point de vue sur ses déclarations : « il ne sert à rien de monter sur ses grands chevaux, il n’est pas bon d’émotionnaliser ce débat », intervention qui a incité le Premier ministre chinois, contrarié, à mettre fin sans préavis à la conférence de presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung retient néanmoins que sur le fond, la chancelière « a apporté son soutien à la Chine sur le statut d’économie de marché », en déclarant que l’Allemagne « se souvenait très bien des promesses faites en 2001 » et « ne les remettait pas en question ». « On ne peut qu’espérer qu’il s’agit des formules diplomatiques habituelles lors des visites d’Etat, car la Chine ne doit en aucun cas être reconnue comme économie de marché à la fin de l’année, même si cela gèle les relations politiques », s’alarme Die Welt, pour qui il manque l’essentiel pour reconnaître à la Chine ce statut : « la confiance » dans un pays qui ne respecte pas les droits de l’homme et entrave le travail des ONG et la liberté de la presse. « Pékin veut ce statut par tous les moyens, lobbyisme, pressions sur les diplomates et chefs d’Etat, menaces de guerre commerciale », déplore aussi la Süddeutsche Zeitung. La FAZ relève par ailleurs que la déclaration commune à l’issue des consultations gouvernementales germano-chinoises a, pour la première fois, évoqué de manière indirecte le conflit territorial en mer de Chine méridionale, se félicitant que « sur ce sujet aussi, la chancelière ne se soit visiblement pas laissé museler ».
« Le massacre d’Orlando devient un sujet de campagne aux Etats-Unis » (FAZ, Süddeutsche Zeitung)
Sous ce titre, les quotidiens reprennent les propos de Donald Trump qui a déclaré que les Etats-Unis se trouvent dans une « guerre totale » contre le terrorisme, reproché au président Obama son manque de dureté et jugé avoir raison de vouloir interdire l’entrée des musulmans sur le sol américain. Dans leurs commentaires, les journaux mettent en garde contre le risque de récupération politique du massacre d’Orlando par le candidat républicain à la Maison Blanche. « L’ennemi aide Trump », écrit la Süddeutsche Zeitung pour qui il faut s’attendre à voir grossir le camp des sympathisants de Donald Trump, même s’il est encore trop tôt pour conclure à un coup de pouce électoral en sa faveur. Pour la FAZ qui dresse le constat d’une Amérique profondément divisée, le massacre qui vient de se produire réunit à lui seul « trois grands facteurs de scission au sein de la société américaine : le statut de l’islam, les droits des minorités sexuelles et lé législation sur les armes à feu ».
- France
Coupe d’Europe de football/hooliganisme : « totalement dépassés » (Die Welt)
Soulignant qu’après les débordements violents qui se sont produits en marge du match Angleterre-Russie à Marseille, les forces de l’ordre sont « sous le feu des critiques », Die Welt reprend largement les points de vue exprimés dans la presse française sur « le manque de stratégie » dont aurait fait preuve la direction nationale de la lutte contre le hooliganisme à qui il est reproché de « mettre dans le même sac les fans, les ultras et les hooligans », tous privés de stade, au lieu de chercher à combattre la violence par une politique de prévention. Le quotidien qualifie en outre de « mesure désespérée » la décision d’interdire la vente d’alcool à emporter les veilles et jours de match, soulignant que la majorité des hooligans russes n’étaient pas alcoolisés.
Consacrant un article aux réactions du vice-président de la Douma, le député ultra-nationaliste Igor Lebedev, qui a tweeté « je ne vois pas ce qu’il y a de mal au fait que des supporteurs se battent. Bravo les gars. Continuez! », le tabloïd Bild s’insurge contre de graves fauteurs de troubles russes « qui courent toujours » et dénonce par ailleurs le manque de rigueur dans les contrôles effectués à l’entrée du stade à Lille, le soir du match Allemagne-Ukraine.
La Süddeutsche Zeitung consacre au ministre de l’intérieur un portrait dans lequel elle écrit que M. Cazeneuve est « l’un des peu nombreux ministres du gouvernement que les Français respectent » car il a fait ses preuves au lendemain des attentats qui ont frappé la France en 2015. « Le ministre de l’intérieur respire le calme, inspire la confiance et paraît incorruptible, quasi apolitique », écrit le correspondant parisien Christian Wernicke. Le quotidien de Munich fait par ailleurs état des plaintes exprimées par les chaînes publiques allemandes ARD et ZDF après la décision prise par l’UEFA de ne pas mettre à disposition certaines images jugées trop violentes des échauffourées dans l’enceinte des stades./.